PARIS, 22 septembre 2011 (AFP) - Comment distinguer cancers dus à une irradiation et cancers spontanés ? Une équipe de chercheurs du CEA a découvert de premières signatures moléculaires qui pourraient permettre de savoir si un cancer de la thyroïde est lié ou non à l'accident de Tchernobyl.
Actuellement, une fois le cancer déclaré, "il n'est pas possible de distinguer tumeurs radio-induites et tumeurs sporadiques", explique Sylvie Chevillard, chef du service de radiobiologie expérimentale de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).
Mais en recherchant les gènes s'exprimant dans différentes tumeurs, c'est-à-dire ceux "qui fonctionnent" en leur sein, précise la chercheuse, des signatures ont pu être caractérisées sur de petits échantillons.
Les études ont porté sur des tumeurs de la thyroïde post-Tchernobyl chez des enfants et sur des cancers de la thyroïde chez des patients ayant subi une radiothérapie. Ce type de cancer dit "secondaire" survient dans de très rares cas après un traitement.
Une première signature de 325 gènes s'exprimant différemment dans les tumeurs de la thyroïde sporadiques et les tumeurs post-radiothérapie a été découverte en comparant 14 cancers de chaque catégorie.
Les chercheurs ont ensuite utilisé ces marqueurs pour classer 29 tumeurs "en aveugle", c'est-à-dire après avoir masqué leur origine. Le classement s'est avéré exact dans 26 cas. Les marqueurs se trouvaient ainsi validés sur ce petit échantillon.
Lors d'une radiothérapie, les patients sont exposés à de fortes doses de rayonnement.
Les enfants de Tchernobyl ont été exposés à des doses plus faibles mais sur une durée plus longue en cas de contamination interne à l'iode radioactif.
En partant de données concernant 26 tumeurs de la thyroïde chez des enfants vivant en Ukraine ou en Biélorussie lors de l'accident de Tchernobyl, les chercheurs ont aussi appris à faire la distinction entre cancers dus à l'accident et cancers sporadiques. 106 gènes marqueurs ont été identifiés.
Avant de concevoir un test utilisable, ces premiers résultats doivent être validés plus largement.
"Pour faire une étude sur des fragments de tumeurs congelés, il faut 300.000 à 400.000 euros", a relevé devant des journalistes Mme Chevillard dont l'équipe a déjà reçu l'accord des autorités européennes pour obtenir de tels échantillons. Il est aussi possible de recourir à des modèles animaux.
La méthode utilisée pourrait-elle permettre d'attester que certains cancers de la thyroïde rencensés en France sont dus à l'accident de Tchernobyl ?
Voici deux semaines, l'enquête ouverte en 2001 après une plainte de l'Association française des malades de la thyroïde s'est achevée par un non lieu, faute de conséquence sanitaire mesurable.
"Actuellement en épidémiologie, on n'a aucun moyen d'avoir des informations sur les très faibles doses", celles inférieures à 100 milligray (ou millisievert), souligne Mme Chevillard. "On fait des extrapolations à partir des doses plus fortes, sans seuil".
En France, l'irradiation au niveau de la thyroïde suite à l'accident de Tchernobyl a été de 16 milligray au maximum pour les enfants, selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Pour des tumeurs liées "à de très très faibles doses", comme celles-là, la validité de l'outil découvert reste difficile à confirmer.
D'après des calculs, huit cancers de la thyroïde sur 10.000 pourraient avoir été causés par l'accident. "Soit 2,5 des quelque 3.700 nouveaux cas annuels en France", sans qu'on sache "lesquels sont radio-induits", résume Mme Chevillard.
Dans un tel échantillon, comment trouver des cas avérés pour valider des marqueurs ?
Actuellement, une fois le cancer déclaré, "il n'est pas possible de distinguer tumeurs radio-induites et tumeurs sporadiques", explique Sylvie Chevillard, chef du service de radiobiologie expérimentale de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).
Mais en recherchant les gènes s'exprimant dans différentes tumeurs, c'est-à-dire ceux "qui fonctionnent" en leur sein, précise la chercheuse, des signatures ont pu être caractérisées sur de petits échantillons.
Les études ont porté sur des tumeurs de la thyroïde post-Tchernobyl chez des enfants et sur des cancers de la thyroïde chez des patients ayant subi une radiothérapie. Ce type de cancer dit "secondaire" survient dans de très rares cas après un traitement.
Une première signature de 325 gènes s'exprimant différemment dans les tumeurs de la thyroïde sporadiques et les tumeurs post-radiothérapie a été découverte en comparant 14 cancers de chaque catégorie.
Les chercheurs ont ensuite utilisé ces marqueurs pour classer 29 tumeurs "en aveugle", c'est-à-dire après avoir masqué leur origine. Le classement s'est avéré exact dans 26 cas. Les marqueurs se trouvaient ainsi validés sur ce petit échantillon.
Lors d'une radiothérapie, les patients sont exposés à de fortes doses de rayonnement.
Les enfants de Tchernobyl ont été exposés à des doses plus faibles mais sur une durée plus longue en cas de contamination interne à l'iode radioactif.
En partant de données concernant 26 tumeurs de la thyroïde chez des enfants vivant en Ukraine ou en Biélorussie lors de l'accident de Tchernobyl, les chercheurs ont aussi appris à faire la distinction entre cancers dus à l'accident et cancers sporadiques. 106 gènes marqueurs ont été identifiés.
Avant de concevoir un test utilisable, ces premiers résultats doivent être validés plus largement.
"Pour faire une étude sur des fragments de tumeurs congelés, il faut 300.000 à 400.000 euros", a relevé devant des journalistes Mme Chevillard dont l'équipe a déjà reçu l'accord des autorités européennes pour obtenir de tels échantillons. Il est aussi possible de recourir à des modèles animaux.
La méthode utilisée pourrait-elle permettre d'attester que certains cancers de la thyroïde rencensés en France sont dus à l'accident de Tchernobyl ?
Voici deux semaines, l'enquête ouverte en 2001 après une plainte de l'Association française des malades de la thyroïde s'est achevée par un non lieu, faute de conséquence sanitaire mesurable.
"Actuellement en épidémiologie, on n'a aucun moyen d'avoir des informations sur les très faibles doses", celles inférieures à 100 milligray (ou millisievert), souligne Mme Chevillard. "On fait des extrapolations à partir des doses plus fortes, sans seuil".
En France, l'irradiation au niveau de la thyroïde suite à l'accident de Tchernobyl a été de 16 milligray au maximum pour les enfants, selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Pour des tumeurs liées "à de très très faibles doses", comme celles-là, la validité de l'outil découvert reste difficile à confirmer.
D'après des calculs, huit cancers de la thyroïde sur 10.000 pourraient avoir été causés par l'accident. "Soit 2,5 des quelque 3.700 nouveaux cas annuels en France", sans qu'on sache "lesquels sont radio-induits", résume Mme Chevillard.
Dans un tel échantillon, comment trouver des cas avérés pour valider des marqueurs ?