Le câble vers les Marquises opérationnel en novembre 2018


Le plan de Natitua, avec les îles reliées au câble en jaune et les îles reliées par faisceau hertzien en rose.
PAPEETE, le 16 juin 2017 - C'est parti pour Natitua. L'appel d'offres pour la construction de ce nouveau câble sous-marin polynésien a été remporté par Alcatel. Un marché de 6,5 milliards de francs permettra de relier les Marquises et les Tuamotu au reste du monde en très haut débit dès la fin de l'année prochaine.

Si tout se passe comme prévu, le câble sous-marin Natitua sera inauguré en novembre ou décembre 2018. Il reliera 10 îles des Marquises et des Tuamotu à Tahiti par fibre optique, tandis qu'un système complémentaire de faisceaux hertziens connectera dix îles supplémentaires à ce réseau. Toutes les îles concernées profiteront également d'une restauration de leurs réseaux téléphoniques, et certaines îles passeront même en 100% fibre optique comme Rangiroa ou les principaux villages des Marquises.

La première étape de ce projet a été franchie avec succès, comme l'ont annoncé l'Office des postes et télécommunications (OPT) et le président Édouard Fritch ce vendredi 16 juin. L'appel d'offres pour la pose de Natitua a été attribué à Alcatel. Sur les quatre dossiers présentés, deux ont été retenus, et c'est donc finalement Alcatel Submarine Networks (ASN, groupe Nokia) qui a remporté le marché grâce à deux avantages : il était le plus crédible pour respecter les délais et avait l'offre la moins chère. "Comme c'est eux qui vont construire le câble Tui pour les Samoa à la même période, ils pourront probablement utiliser le même bateau pour poser Natitua juste après, ce qui explique leur offre" explique Jean-François Martin, président de l'OPT.

6,5 MILLIARDS FINANCÉS PAR L'OPT ET LA FRANCE

Les cadres de l'OPT avec le président Edouard Fritch ont présenté les derniers détails du câble sous-marin Natitua qui reliera Tahiti aux Marquises et aux Tuamotu (photo présidence)
L'opération devrait coûter 6,5 milliards de francs tout compris, soit un peu moins que les 7 milliards budgétés au départ. Ce coût inclut la pose des câbles (les trois-quarts du total), le réseau hertzien et la rénovation des réseaux sur les îles. Cette somme sera financée en grande partie sur fonds propres de l'OPT, avec le Pays et la métropole (492 millions de francs viendront du Fonds exceptionnel d'investissement ; l'OPT espère obtenir un milliard de francs en défiscalisation, plus une aide encore indéterminée au nom de la continuité territoriale et de la stratégie numérique nationale). Malgré ces aides l'office souligne qu'il n'attend aucune rentabilité économique de ces investissements.

Le président Fritch a tout de même rappelé que ces investissements sont capitaux pour le développement économique de ces îles : "les gens réclament plus de confort pour leurs échanges électroniques. Mais ces investissements sont aussi essentiels pour le développement économique, par exemple pour le tourisme il faut avoir un site internet et prendre des réservations en ligne, et les visiteurs s'attendent à avoir une connexion comme chez eux. À Rangiroa par exemple ou plusieurs gros projets sont en train de murir… Mais nous en reparleront."

Ce chantier devrait également avoir plus de retombées locales : "Par rapport à Honotua où ASN avait tout livré clé en main, cette fois nous essayons de donner le plus de travail possible à des entreprises locales. Depuis janvier un certain nombre d'études ont déjà été confiées à des sociétés locales" assure Jean-François Martin, qui souligne que ce projet est d'une complexité inédite : "Il faut étudier les courants et les passes pour chaque île, les nouvelles technologies, le génie civil avec les stations d'accueil, les pilonnes, il faut étudier la situation foncière, faire un audit des point hauts pour le réseau hertzien, établir la documentation de l'appel d'offre avec deux entreprises de conseil pour bien verrouiller le processus…"

Bref, un gros travail en perspective pendant les 18 mois qui viennent. D'autant qu'un autre projet d'envergure se profile déjà : Manatua, un câble international qui reliera la Polynésie aux Samoa.


Le satellite coûte 600 millions de francs par an

Natitua permettra de libérer les trois-quarts des capacités satellite utilisées pour relier nos îles à internet. Pour l'instant, ce sont 450 Mb/s qui sont loués à PolySat par l'OPT pour la couverture des archipels, pour 500 millions de francs par an. Jean-François Martin a annoncé ce vendredi que 150 Mb/s supplémentaires seront ajoutés dans les mois qui viennent, pour 100 millions de francs annuels supplémentaires. "Les abonnés des îles devraient pouvoir obtenir du 1 ou 2 Mb/s d'ici à la fin de l'année grâce à ces nouvelles capacités" assure le président de l'OPT.

La mise en place de Natitua ne fera cependant pas économiser beaucoup d'argent à l'Office : les capacités satellite devront être maintenues en secours et l'OPT prévoit déjà d'augmenter significativement les débits des derniers abonnés qui ne seront pas reliés aux câbles sous-marins…


Natitua atterrira à Hitia'a

Une nouvelle station d'atterrage sera construite à Hitia'a pour accueillir ce nouveau câble domestique. Elle sera située côte Est, dans la commune de Hitia'a, sur la terre Panoo Aruru juste en face de la mairie.

Le futur câble international qui nous reliera aux Samoa, Manatua, arrivera de son côté à Taravao. Donc avec la station de Papenoo qui gère déjà Honotua, il y aura bientôt trois stations d'atterrage à Tahiti.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 16 Juin 2017 à 15:53 | Lu 4817 fois