LONDRES, 15 nov 2012 (AFP) - Véritable "révolution" selon l'industrie pétrolière, le boom des hydrocarbures non conventionnels, dont le fameux gaz de schiste, bouleverse les marchés de l'énergie en redessinant les équilibres mondiaux et risque de peser à terme sur les cours du brut.
La prévision choc lundi de l'Agence internationale de l’Énergie (AIE), indiquant que les États-Unis allaient devenir dès 2017 le premier producteur mondial de brut grâce à l'explosion depuis cinq ans de ses hydrocarbures non conventionnels, a dominé cette semaine la conférence Oil & Money réunissant à Londres représentants des compagnies pétrolières et des pays producteurs.
"Nous sommes confrontés à une révolution, et elle vient d'Amérique du nord", a résumé Christophe de Margerie, PDG de Total, pour qui le danger n'est plus un déclin des réserves mais plutôt les limites technologiques pour exploiter des ressources qui pourraient durer "des décennies et des décennies".
Signe d'optimisme, "le secteur de l'énergie dépense 90 milliards de dollars au total par an dans l'exploration", quatre fois plus qu'il y a cinq ans, "dont 50 milliards dévolus à la recherche d'hydrocarbures non conventionnels", a renchéri Mike Daly, vice-président de BP.
Parmi ceux-ci, le gaz de schiste concentre l'attention: alors que la demande mondiale de gaz devrait bondir de 50% d'ici à 2035, la moitié de cette hausse sera couverte par des gaz non conventionnels, produits principalement aux États-Unis, en Australie et en Chine, prédit l'AIE.
Pour autant, la consommation pétrolière mondiale devrait de son côté grimper de 10% d'ici à 2035, dopée par les transports et propulsant le prix du baril à 125 dollars contre 107 dollars actuellement, a estimé l'AIE.
Mais certains analystes prévoient le scénario inverse. La montée en puissance du schiste aux Etats-Unis "est susceptible non seulement de freiner la hausse des prix du pétrole, mais carrément de les tirer vers le bas dans les années à venir", a souligné Torbjorn Kjus de DNB Bank, voyant le baril à 90 dollars en 2020.
Les cours pâtiront en effet de la baisse des importations énergétiques des Etats-Unis, qui pourraient devenir autosuffisants grâce au schiste, a-t-il expliqué.
L'essor des hydrocarbures non conventionnels devrait par ailleurs redessiner les équilibres mondiaux sur le marché du brut.
"La position de l'Arabie saoudite (premier exportateur de brut, ndlr) va probablement s'affaiblir, dans un monde inondé de ces sources d'énergies alternatives", a jugé Julian Jessop, expert de Capital Economics, selon qui le baril pourrait même baisser jusqu'à 70 dollars à la fin de cette décennie.
Un recul des cours pourrait entraîner une limitation des investissements par les groupes pétroliers, alors que les défis technologiques à relever, des gisements en eaux profondes jusqu'à l'Arctique, sont toujours plus coûteux.
De son côté, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) Abdallah el-Badri ne croit pas "que le gaz de schiste se taillera la part du lion" au détriment de l'or noir et que l'autosuffisance des Etats-Unis sera "durable" mais redoute tout de même un ralentissement de la production de pétrole conventionnel.
"Si on continue à répandre ces idées, il n'y aura plus d'investissements" dans le pétrole, notamment de la part des pays de l'Opep qui n'y trouveront plus leur compte, a-t-il mis en garde mardi.
A contrario, le Qatar, membre de l'Opep mais aussi eldorado gazier, ne se sent pas menacé et se dit "bien placé" pour approvisionner l'Asie mais aussi pour se développer dans le gaz... en Amérique du Nord, a indiqué Nasser al-Jaidah, directeur du bras international de la compagnie publique du pays.
jug/mg/abl
La prévision choc lundi de l'Agence internationale de l’Énergie (AIE), indiquant que les États-Unis allaient devenir dès 2017 le premier producteur mondial de brut grâce à l'explosion depuis cinq ans de ses hydrocarbures non conventionnels, a dominé cette semaine la conférence Oil & Money réunissant à Londres représentants des compagnies pétrolières et des pays producteurs.
"Nous sommes confrontés à une révolution, et elle vient d'Amérique du nord", a résumé Christophe de Margerie, PDG de Total, pour qui le danger n'est plus un déclin des réserves mais plutôt les limites technologiques pour exploiter des ressources qui pourraient durer "des décennies et des décennies".
Signe d'optimisme, "le secteur de l'énergie dépense 90 milliards de dollars au total par an dans l'exploration", quatre fois plus qu'il y a cinq ans, "dont 50 milliards dévolus à la recherche d'hydrocarbures non conventionnels", a renchéri Mike Daly, vice-président de BP.
Parmi ceux-ci, le gaz de schiste concentre l'attention: alors que la demande mondiale de gaz devrait bondir de 50% d'ici à 2035, la moitié de cette hausse sera couverte par des gaz non conventionnels, produits principalement aux États-Unis, en Australie et en Chine, prédit l'AIE.
Pour autant, la consommation pétrolière mondiale devrait de son côté grimper de 10% d'ici à 2035, dopée par les transports et propulsant le prix du baril à 125 dollars contre 107 dollars actuellement, a estimé l'AIE.
Mais certains analystes prévoient le scénario inverse. La montée en puissance du schiste aux Etats-Unis "est susceptible non seulement de freiner la hausse des prix du pétrole, mais carrément de les tirer vers le bas dans les années à venir", a souligné Torbjorn Kjus de DNB Bank, voyant le baril à 90 dollars en 2020.
Les cours pâtiront en effet de la baisse des importations énergétiques des Etats-Unis, qui pourraient devenir autosuffisants grâce au schiste, a-t-il expliqué.
L'essor des hydrocarbures non conventionnels devrait par ailleurs redessiner les équilibres mondiaux sur le marché du brut.
"La position de l'Arabie saoudite (premier exportateur de brut, ndlr) va probablement s'affaiblir, dans un monde inondé de ces sources d'énergies alternatives", a jugé Julian Jessop, expert de Capital Economics, selon qui le baril pourrait même baisser jusqu'à 70 dollars à la fin de cette décennie.
Un recul des cours pourrait entraîner une limitation des investissements par les groupes pétroliers, alors que les défis technologiques à relever, des gisements en eaux profondes jusqu'à l'Arctique, sont toujours plus coûteux.
De son côté, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) Abdallah el-Badri ne croit pas "que le gaz de schiste se taillera la part du lion" au détriment de l'or noir et que l'autosuffisance des Etats-Unis sera "durable" mais redoute tout de même un ralentissement de la production de pétrole conventionnel.
"Si on continue à répandre ces idées, il n'y aura plus d'investissements" dans le pétrole, notamment de la part des pays de l'Opep qui n'y trouveront plus leur compte, a-t-il mis en garde mardi.
A contrario, le Qatar, membre de l'Opep mais aussi eldorado gazier, ne se sent pas menacé et se dit "bien placé" pour approvisionner l'Asie mais aussi pour se développer dans le gaz... en Amérique du Nord, a indiqué Nasser al-Jaidah, directeur du bras international de la compagnie publique du pays.
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