Le bénitier, "bizarre" et "fascinant"


TAHITI, le 1er juillet 2020 - Nabila Gaertner-Mazouni et Jean-Claude Gaertner qui ont dirigé la réalisation de l’ouvrage Les Bénitiers, l’autre perle du Pacifique viennent de faire don des premiers exemplaires. Ces chercheurs veulent partager leurs connaissances sur un organisme aussi riche que méconnu.

Mardi dernier, les premiers exemplaires de l’ouvrage Les Bénitiers, l’autre perle du Pacifique ont été offerts au collège de Punaauia, en présence de la ministre de l’Éducation, Christelle Lehartel, et du directeur général de l’éducation et des enseignements, Thierry Delmas.

Au total, 2 000 exemplaires ont été imprimés. Ils vont être offerts au pays, à la Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE) pour une mise à disposition dans tous les établissements publics et privés de Polynésie française. Ils seront également donnés aux bibliothèques et aux musées locaux et nationaux qui ont fourni de précieux documents.

Nabila Gaertner-Mazouni et Jean-Claude Gaertner, qui ont dirigé la rédaction de cet ouvrage, ont souhaité diffuser au plus grand nombre les connaissances acquises sur un organisme, "bizarre", "biologiquement fascinant".

"Loin d’être exhaustif, ce livre appelle avant tout au partage : partage de différents types de ‘savoirs’, mais aussi partage de notre passion pour ce groupe d’espèces aussi fragiles que convoité", disent Nabila Gaertner-Mazouni et Jean-Claude Gaertner.

L’ouvrage a été rédigé de manière à s’adresser à un public non scientifique, mais se base sur des connaissances pointues les plus actuelles.

Nabila Gaertner-Mazouni et Jean-Claude Gaertner travaillent, avec le collectif d’auteurs associé (voir encadré), depuis une dizaine d’année sur les bénitiers, leur écophysiologie, leurs liens avec l’environnement naturel et humain, leurs capacités de résistance, leur vulnérabilité…

Originaire du... bassin parisien

Saviez-vous que le bénitier était à la fois animal et végétal ? Mâle et femelle ? Il peut mesurer entre 35 centimètres et 1,40 m. Il ne vit que dans les océans Pacifiques et Indiens, au niveau de la ceinture subtropicale.

Il ne vit donc pas, ou pour être vraiment précis, plus dans l’océan Atlantique. En effet, le bénitier est originaire du… bassin parisien ! "Plus on avançait sur le sujet, plus on déroulait le fil de l’histoire et plus c’était passionnant", répète Nabila Gaertner-Mazouni.

Le livre, en plus de fourmiller d’informations précieuses et intrigantes, est un régal pour les yeux car il regorge de photographies colorées et lumineuses, de plans larges et de détails, de cartes et de portraits d’antan éclairants.

Toutes les informations réunies dans l’ouvrage sont d’autant plus importantes que le bénitier tient une place particulière en Polynésie française. Il occupe une place centrale dans la culture locale. Il symbolise "l’écrin des mondes originel, actuel et céleste dans la cosmogonie polynésienne".

Par ailleurs, il affiche, dans certains atolls des Tuamotu une densité "hors du commun", assurent les scientifiques qui ont collaboré au projet.

Sensibiliser la jeunesse à la vulnérabilité des écosystèmes

Mais, cette singularité pourrait disparaître car, "malgré un réel souci de conservation de la part des autorités locales, les bénitiers (…) apparaissent de plus en plus vulnérables aux conséquences du changement global ainsi qu’à d’autres perturbations qui se manifestent à des échelles plus locales".

Le livre a donc, au-delà du partage des connaissance, un objectif de sensibilisation. Il vise à "sensibiliser la jeunesse à la vulnérabilité des ressources naturelles et des écosystèmes insulaires".

Le ou les bénitier(s) ?

Le coquillage fait partie de la classe des bivalves car sa coquille est composée de deux valves protectrices solides. Plutôt que "du" bénitier, il serait plus juste de parler "des" bénitiers dans la mesure où plusieurs espèces, toutes de la famille des Cardiidae, et essentiellement du genre Tridacna, appartiennent à ce groupe.


Un collectif d’auteurs

Les Bénitiers, l'autre perle du Pacifique, a été dirigé par Nabila Gaertner-Mazouni, professeur des universités à l’université de la Polynésie française (UPF) et Jean-Claude Gaertner, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Ont participé à sa rédaction : Chloé Brahmi, maître de conférence en biologie des organismes à l’UPF, Éric Conte, professeur des universités à l’UPF, Vaimiti Dubousquet, chargée de l’innovation scientifique et technologique à la délégation à la recherche, Georges Remoissenet, chargé des programmes aquaculture à la Direction des ressources marines de Polynésie française et Frédéric Torrente, chercheur en anthropologie à la Maison des sciences de l’homme du Pacifique.



Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 1 Juillet 2020 à 12:56 | Lu 2836 fois