Tahiti Infos

Le bateau électrique cumule les atouts mais peine à décoller


Arzon, France | AFP | vendredi 16/05/2019 - Il glisse sur l'eau sans un bruit, sans la moindre odeur de gasoil et sans polluer malgré son moteur: le bateau électrique cumule les atouts, mais peine à décoller en raison d'un prix encore élevé et de contraintes techniques limitant son usage.

"Il pourrait y avoir dix fois plus de bateaux électriques, mais le frein c'est le prix, comme pour la voiture électrique", explique à l'AFP Xavier de Montgros, président de l'Association française du bateau électrique (AFBE), pour qui le marché ne représente que 1 à 2% du secteur maritime.
Sur un parc de 300.000 bateaux de plaisance, 6.000 disposent d'un moteur électrique. Ils sont 70 sur 7.000 navires à passagers et 2.000 sur une flotte de 200.000 petits bateaux de service. 
Si l'achat d'une voiture électrique bénéficie d'aides du gouvernement depuis plusieurs années déjà, ce n'est le cas pour le bateau électrique que depuis le début de l'année, et uniquement pour l'achat d'un navire de transport de marchandises ou de passagers. 
Ainsi, l'agglomération de Lorient, qui s'est dotée en 2013 d'un transbordeur électrique, le premier au monde non doté de batteries --une réelle avancée alors que le recyclage des batteries au lithium pose problème-- devrait bénéficier de cette aide pour son deuxième navire propre attendu pour 2021.
Un bateau électrique coûte de 30 à 50% plus cher qu'un bateau à moteur thermique.
L'association française du bateau électrique planche ainsi sur deux dispositifs censés inciter les particuliers à se tourner vers l'électrique: le premier consisterait à réserver des places de port aux bateaux électriques, le second à réserver certaines zones à une navigation propre, notamment dans les aires marines protégées.
Mais le marché de la plaisance se heurte également à des contraintes techniques. 
"Le marché de la plaisance n'est pas encore très mûr parce que les besoins énergétiques sont vraiment très élevés sur de courtes périodes", explique Bérenger Laurent, développeur commercial du chantier breton Naviwatt, qui mise sur les bateaux électriques professionnels, notamment à destination des ports. 
 

- une croissance rapide - 

 
Un litre de diesel équivaut à 25 kg de batterie au lithium, assure l'entreprise d'Arzon (Morbihan). De ce fait, le bateau électrique se développe plus facilement, notamment via la location, dans le fluvial, où il est généralement plus facile de trouver des bornes électriques et où la navigation est plus douce, donc moins énergivore.
Reste que le bateau électrique cumule les atouts. "Il ne pollue ni l'air ni l'eau et ne produit ni vibration ni bruit", souligne Xavier de Montgros, qui redoute la concurrence des pionniers du secteur, les pays scandinaves et les Pays-Bas. 
"La France est numéro trois du secteur aujourd'hui et je m'en désole car on a tout ce qu'il faut au niveau recherche, ingénierie, chantiers navals ou architectes pour être les premiers", note celui qui est également directeur associé du chantier ODC Marine, spécialisé dans les bateaux en aluminium.
Le tout jeune chantier suédois X Shore n'a ainsi pas du tout l'intention de rester confiné aux frontières de son pays, et compte présenter dès cette année ses bateaux à Monaco et Palma (Espagne), puis à Dubaï et aux  Etats-Unis en 2020 et en Asie du Sud-Est l'année suivante.
"Les coûts en énergie d'un bateau X Shore sont jusqu'à 10 fois moins élevés que ceux des bateaux à essence traditionnels", plaide Konrad Bergtröm, à la tête du chantier et fondateur de Zound industries (casques et enceintes Marshall et Urbanears notamment). Il estime en outre que les moteurs électriques nécessitent "beaucoup moins d'entretien". Avec ses bateaux, aux lignes épurées et sobres, il vise le marché des bateaux électriques de luxe.
"Le marché des bateaux tout électriques ou hybrides croît rapidement", assure dans une étude le cabinet de conseil IDTechEx, expliquant notamment cette tendance par "la pléthore de restrictions" en matière d'émissions d'oxydes de soufre (SOx), d'oxydes d'azote (NOx) et de gaz à effet de serre auxquelles sont de plus en plus soumis les exploitants de navires.

le Vendredi 17 Mai 2019 à 05:11 | Lu 484 fois