Patrice Colombani entouré d'une partie de l'équipage du Tuhaa Pae 4.
PAPEETE, le 04/08/2017 - Le président directeur général de la SNA Tuhaa Pae sort de son silence suite aux propos tenus la semaine dernière par les maires des Australes, quant à la mise en place d'un deuxième bateau sur cette ligne. Pour Patrice Colombani, la mise en place d'une nouvelle ligne assurera leur mort. Si cela se concrétise, le Tuhaa Pae 4 ira aux Raromatai et quant aux Australes, un vieux bateau fera le même travail que leur concurrent.
La semaine dernière, nous vous annoncions la mise en place d'un deuxième bateau pour les Australes. Un dossier qui est actuellement en discussion au sein de la commission consultative de la navigation maritime inter-insulaire, composée d'armateurs, des agents de la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) et du gouvernement.
Et ce qui chagrine le Président directeur général (Pdg) de la SNA Tuhaa Pae, c'est l'engouement qui est mis autour de ce dossier : "C'est un projet qui est apparu fin juin, et il a été déposé à la commission consultative de la navigation maritime, début juillet. C'est un délai record d'instruction, nous n'avions jamais vu ça. Il y a le projet de Monsieur Degage pour remplacer le Aremiti 5 par le Aremiti 6, ça fait un an que ça dure. Et lors de la dernière commission, l'administration a enfin approuvé son dossier, ainsi que l'ensemble des armateurs sauf le Terevau", raconte Patrice Colombani.
Si le Pdg de Tuhaa Pae est conscient de la volonté de la population des Australes, il tient cependant à remettre les pendules à l'heure.
COÛT DU FRET
Dans notre édition du 2 août, les maires étaient unanimes sur le fait que le fret soit cher. Et Patrice Colombani tient à préciser que "c'est le gouvernement qui fixe les tarifs et nous ne faisons qu'appliquer cela. On ne peut pas faire de remise parce que la DPAM nous le reproche, et on profite de ne pas augmenter les tarifs sinon toutes les charges vont augmenter."
La solution, selon le Pdg de la SNA Tuhaa Pae serait que "le gouvernement nous donne le carburant au même prix que les pêcheurs. Les pêcheurs paient 35 francs le gasoil, nous nous payons 76 francs. Pourquoi ? On ne sait pas."
Autre argument, l'emploi local. "Si je pouvais recruter des philippins, je pourrai avoir 10 équipages pour ce que je paie pour un équipage local. Mais, nous n'allons pas prendre des gens de l'extérieur puisque nous avons des personnes qualifiées sur place." Il y a ensuite les procédures que les armateurs ne peuvent pas outrepasser, surtout qu'ils sont soumis à l'Établissement national des invalides de la marine (Enim), qui est un établissement public national en charge du régime spécial de sécurité sociale des marins du commerce, de la pêche et de la plaisance.
Et Patrice Colombani de poursuivre : "Il est clairement précisé dans le dossier que Mareva Nui a présenté à la commission, qu'il n'allait pas se battre sur les tarifs, et qu'il allait appliquer les tarifs pleins fixés par le gouvernement. Donc, il n'y aura pas de baisses de tarifs. Si, bien sûr, on se fie à leur dossier et à ce qu'ils ont écrit. "
Selon le Pdg de la SNA Tuhaa Pae, "depuis 10 ans, le fret ne dépasse pas les 20 000 tonnes par an."
CROISIÈRE TOURISTIQUE EN PROJET
Autre interrogation des tāvana des Australes, le développement touristique de leur archipel. Un projet d'ailleurs sur lequel travaille la SNA Tuhaa Pae. "Nous sommes en train de lancer la croisière sur la base de 20-25 personnes. Il y a eu beaucoup de problèmes parce qu'il fallait que l'on maitrise le bateau et la desserte." En termes de "calendrier régulier". "Maintenant, nous n'avons plus de problèmes au niveau de la maintenance, donc tout est réglé de ce côté-là. Nous pensons l'appliquer à la fin de l'année."
"Si le gouvernement et les maires faisaient en sorte de régler les stockages d'essence, on pourrait prendre plus de touristes." Actuellement, le bateau Tuhaa Pae accueille "quatre à cinq touristes par voyage."
TUHAA PAE 4 POURRAIT SE RETROUVER AUX RAROMATAI
Actuellement, la SNA Tuhaa Pae a le monopole sur l'archipel des Australes. Et, avec ce nouveau bateau qui devrait arriver d'ici quelques temps, cela compliquerait fortement la position du Tuhaa Pae 4.
"Notre bateau fait 1 200 tonnes de capacité de charges. Nous transportons 20 000 tonnes par an avec 28 voyages", décrit Patrice Colombani. "On peut prendre 25 passagers quand il y a de l'essence et du gaz. Si non, on peut prendre jusqu'à 76 passagers. Mais c'est rare parce qu'il y a toujours une demande d'essence et de gaz."
En clair, si les maires veulent que Tuhaa Pae 4 transporte plus de passagers, il faut "régler le problème de stockage de l'essence et du gaz, comme à Rapa, alors que c'est une petite commune de 500 habitants."
Un stock qui pourrait durer au moins "45 jours".
Mais il ne faut pas se leurrer, c'est bien le fret qui "fait vivre la société". Donc, mettre en place une deuxième flottille amènerait la faillite pour l'une des deux sociétés.
Cependant, le Pdg de la SNA Tuhaa Pae tient aussi à préciser que "le projet de Mareva Nui est de faire 15 rotations dans l'année, en se concentrant sur les trois îles principales (Rurutu, Tubuai et Raivavae). Il laisse tomber Rimatara et Rapa, il ira quand il pourra. Et ils ne travailleront, d'après ce que j'ai compris, qu'en période pleine. Pas au début de l'année, où c'est vide. "
Autre point défavorable envers son concurrent : l'âge du Mareva Nui 2, jugé trop vieux. "Si Mareva Nui obtient sa licence, ça sera en contradiction avec le schéma directeur des transports interinsulaires maritimes et aériens qui a été voté en juillet 2015. Ce schéma dit que si la flotte est ancienne, elle doit être renouvelée ou modernisée. Donc, présenter un dossier pour un bateau de 30 ans, ça ne colle pas", se défend Patrice Colombani.
L'armateur va encore plus loin. "Si le Mareva Nui ou un autre, dans les mêmes conditions, vient se mettre sur notre ligne, on se retire. Et, nous nous mettrons sur une ligne qui sera bientôt libre à tous les armateurs sur les Raromatai. Donc, on va remplacer le 4 sur la ligne des Australes par un vieux bateau comme le Mareva Nui 2. Et, il n'y aura plus beaucoup de passagers à bord. Le Tuhaa Pae 4 va s'appeler Raromatai 1", prévient Patrice Colombani.
Le Tuhaa Pae 4 effectue les rotations aux Australes depuis 5 ans. Il a coûté 1,6 milliard de francs à la SNA Tuhaa Pae. On compte aujourd'hui 23 membres d'équipage.
La semaine dernière, nous vous annoncions la mise en place d'un deuxième bateau pour les Australes. Un dossier qui est actuellement en discussion au sein de la commission consultative de la navigation maritime inter-insulaire, composée d'armateurs, des agents de la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) et du gouvernement.
Et ce qui chagrine le Président directeur général (Pdg) de la SNA Tuhaa Pae, c'est l'engouement qui est mis autour de ce dossier : "C'est un projet qui est apparu fin juin, et il a été déposé à la commission consultative de la navigation maritime, début juillet. C'est un délai record d'instruction, nous n'avions jamais vu ça. Il y a le projet de Monsieur Degage pour remplacer le Aremiti 5 par le Aremiti 6, ça fait un an que ça dure. Et lors de la dernière commission, l'administration a enfin approuvé son dossier, ainsi que l'ensemble des armateurs sauf le Terevau", raconte Patrice Colombani.
Si le Pdg de Tuhaa Pae est conscient de la volonté de la population des Australes, il tient cependant à remettre les pendules à l'heure.
COÛT DU FRET
Dans notre édition du 2 août, les maires étaient unanimes sur le fait que le fret soit cher. Et Patrice Colombani tient à préciser que "c'est le gouvernement qui fixe les tarifs et nous ne faisons qu'appliquer cela. On ne peut pas faire de remise parce que la DPAM nous le reproche, et on profite de ne pas augmenter les tarifs sinon toutes les charges vont augmenter."
La solution, selon le Pdg de la SNA Tuhaa Pae serait que "le gouvernement nous donne le carburant au même prix que les pêcheurs. Les pêcheurs paient 35 francs le gasoil, nous nous payons 76 francs. Pourquoi ? On ne sait pas."
Autre argument, l'emploi local. "Si je pouvais recruter des philippins, je pourrai avoir 10 équipages pour ce que je paie pour un équipage local. Mais, nous n'allons pas prendre des gens de l'extérieur puisque nous avons des personnes qualifiées sur place." Il y a ensuite les procédures que les armateurs ne peuvent pas outrepasser, surtout qu'ils sont soumis à l'Établissement national des invalides de la marine (Enim), qui est un établissement public national en charge du régime spécial de sécurité sociale des marins du commerce, de la pêche et de la plaisance.
Et Patrice Colombani de poursuivre : "Il est clairement précisé dans le dossier que Mareva Nui a présenté à la commission, qu'il n'allait pas se battre sur les tarifs, et qu'il allait appliquer les tarifs pleins fixés par le gouvernement. Donc, il n'y aura pas de baisses de tarifs. Si, bien sûr, on se fie à leur dossier et à ce qu'ils ont écrit. "
Selon le Pdg de la SNA Tuhaa Pae, "depuis 10 ans, le fret ne dépasse pas les 20 000 tonnes par an."
CROISIÈRE TOURISTIQUE EN PROJET
Autre interrogation des tāvana des Australes, le développement touristique de leur archipel. Un projet d'ailleurs sur lequel travaille la SNA Tuhaa Pae. "Nous sommes en train de lancer la croisière sur la base de 20-25 personnes. Il y a eu beaucoup de problèmes parce qu'il fallait que l'on maitrise le bateau et la desserte." En termes de "calendrier régulier". "Maintenant, nous n'avons plus de problèmes au niveau de la maintenance, donc tout est réglé de ce côté-là. Nous pensons l'appliquer à la fin de l'année."
"Si le gouvernement et les maires faisaient en sorte de régler les stockages d'essence, on pourrait prendre plus de touristes." Actuellement, le bateau Tuhaa Pae accueille "quatre à cinq touristes par voyage."
TUHAA PAE 4 POURRAIT SE RETROUVER AUX RAROMATAI
Actuellement, la SNA Tuhaa Pae a le monopole sur l'archipel des Australes. Et, avec ce nouveau bateau qui devrait arriver d'ici quelques temps, cela compliquerait fortement la position du Tuhaa Pae 4.
"Notre bateau fait 1 200 tonnes de capacité de charges. Nous transportons 20 000 tonnes par an avec 28 voyages", décrit Patrice Colombani. "On peut prendre 25 passagers quand il y a de l'essence et du gaz. Si non, on peut prendre jusqu'à 76 passagers. Mais c'est rare parce qu'il y a toujours une demande d'essence et de gaz."
En clair, si les maires veulent que Tuhaa Pae 4 transporte plus de passagers, il faut "régler le problème de stockage de l'essence et du gaz, comme à Rapa, alors que c'est une petite commune de 500 habitants."
Un stock qui pourrait durer au moins "45 jours".
Mais il ne faut pas se leurrer, c'est bien le fret qui "fait vivre la société". Donc, mettre en place une deuxième flottille amènerait la faillite pour l'une des deux sociétés.
Cependant, le Pdg de la SNA Tuhaa Pae tient aussi à préciser que "le projet de Mareva Nui est de faire 15 rotations dans l'année, en se concentrant sur les trois îles principales (Rurutu, Tubuai et Raivavae). Il laisse tomber Rimatara et Rapa, il ira quand il pourra. Et ils ne travailleront, d'après ce que j'ai compris, qu'en période pleine. Pas au début de l'année, où c'est vide. "
Autre point défavorable envers son concurrent : l'âge du Mareva Nui 2, jugé trop vieux. "Si Mareva Nui obtient sa licence, ça sera en contradiction avec le schéma directeur des transports interinsulaires maritimes et aériens qui a été voté en juillet 2015. Ce schéma dit que si la flotte est ancienne, elle doit être renouvelée ou modernisée. Donc, présenter un dossier pour un bateau de 30 ans, ça ne colle pas", se défend Patrice Colombani.
L'armateur va encore plus loin. "Si le Mareva Nui ou un autre, dans les mêmes conditions, vient se mettre sur notre ligne, on se retire. Et, nous nous mettrons sur une ligne qui sera bientôt libre à tous les armateurs sur les Raromatai. Donc, on va remplacer le 4 sur la ligne des Australes par un vieux bateau comme le Mareva Nui 2. Et, il n'y aura plus beaucoup de passagers à bord. Le Tuhaa Pae 4 va s'appeler Raromatai 1", prévient Patrice Colombani.
Le Tuhaa Pae 4 effectue les rotations aux Australes depuis 5 ans. Il a coûté 1,6 milliard de francs à la SNA Tuhaa Pae. On compte aujourd'hui 23 membres d'équipage.
Patrice Colombani
Pdg de la SNA Tuhaa Pae
"Il y aura le Tuhaa Pae 5 qui ressemblera à Mareva Nui et il y aura Mareva Nui"
"J'ai demandé aux maires et au Pays de faire le nécessaire pour qu'il y ait des stocks suffisant d'au moins 45 jours par île. Rapa l'a déjà fait, parce que c'est l'île la plus éloignée et avec les difficultés qu'elle rencontre, le maire a mis en place un système avec l'aide de l'Etat, où ils ont suffisamment de stock entre deux bateaux. Auparavant, on faisait Rapa, six fois par an, maintenant, on fait Rapa dix à douze fois par an. Donc, ils peuvent réduire leur stock.
J'ai de très bonnes relations avec les maires. Mais là, ils ont émis un avis politique. C'est normal qu'ils veuillent un deuxième bateau. Mais, il faut quand même qu'ils réfléchissent avant. Il y aura deux bateaux c'est sûr ! Il y aura le Tuhaa Pae 5 qui ressemblera à Mareva Nui et il y aura Mareva Nui."
Pdg de la SNA Tuhaa Pae
"Il y aura le Tuhaa Pae 5 qui ressemblera à Mareva Nui et il y aura Mareva Nui"
"J'ai demandé aux maires et au Pays de faire le nécessaire pour qu'il y ait des stocks suffisant d'au moins 45 jours par île. Rapa l'a déjà fait, parce que c'est l'île la plus éloignée et avec les difficultés qu'elle rencontre, le maire a mis en place un système avec l'aide de l'Etat, où ils ont suffisamment de stock entre deux bateaux. Auparavant, on faisait Rapa, six fois par an, maintenant, on fait Rapa dix à douze fois par an. Donc, ils peuvent réduire leur stock.
J'ai de très bonnes relations avec les maires. Mais là, ils ont émis un avis politique. C'est normal qu'ils veuillent un deuxième bateau. Mais, il faut quand même qu'ils réfléchissent avant. Il y aura deux bateaux c'est sûr ! Il y aura le Tuhaa Pae 5 qui ressemblera à Mareva Nui et il y aura Mareva Nui."