Le Tavini justifie son entente avec le GIB


Papeete le 7 mai 2024. Echaudés par les commentaires dubitatifs concernant la signature d’un mémorandum avec la nouvelle ONG azerbaidjanaise GIB, les membres du Tavini huiraatira ont organisé une conférence de presse mardi matin dans ses locaux pour préciser les dessous de cette nouvelle coopération.
 

Une conférence en mode équilibriste pour Vito Maaamaatuaiahutapu, Richard Tuheiava et Oscar Temaru qui ont tenté de justifier cette signature de partenariat avec le GIB, Groupe d’initiative de Bakou alors que tous les voyants clignotent au rouge quant à la manipulation mise en place par le gouvernement d’Ilham Aliyev. « Pourquoi faire tout un plat parce que le Tavini se déplace pour voir une ONG », s’offusquait Vito Maaamaatuaiahutapu lors de sa prise de parole. « Il s’agit d’un travail mené par le parti », précisait pour sa part Richard Tuheiava. « Ce n’est ni une initiative du gouvernement, ni celle de l’assemblée de la Polynésie française. »

Créée en 2023, concomitamment à la prise de position de l’Etat français contre les exactions et les privations de liberté menées en Azerbaïdjan, le GIB milite principalement pour l’indépendance des territoires ultramarins français. L’ONG, qui attend toujours son officialisation par l’ONU, a fait les yeux doux aux indépendantistes polynésiens et kanaks, et ça marche.

Choisir ses ONG

« Parce qu’on est réinscrit sur la liste des territoires non-autonomes à l’ONU, on a le droit de choisir les ONG avec lesquelles on veut travailler », justifie Richard Tuheiava. « Ce n’est pas la seule ONG avec laquelle nous allons travailler. »

Et quand la question est posée de quelles autres ONG le Tavini est-il en train de se rapprocher pour prêcher sa parole au sein des Nations Unies, les réponses restent évasives avant de revenir sur le GIB. « Cette ONG lutte contre les pratiques colonialistes », poursuit Richard Tuheiava. « Et puisque la puissance administrante (la France, ndr.) refuse de discuter avec nous, alors on tisse un réseau avec d’autres ONG. »

Peu importe l’odeur de manipulation qui enrobe cette ONG finalement, pourvu qu’elle serve les intérêts du Tavini. « On s’occupe de nos affaires, à nous », explique calmement Richard Tuheiava. « Le Tavini ne fonctionne pas avec Paris. On continue sur un processus de décolonisation. On avance intelligemment. On a l’idée de rentrer dans la sphère internationale par la grande porte. » Et peu importe finalement que la clef de cette porte soit marquée du sceau du pied de nez diplomatique de l’Azerbaïdjan à la France.

Alors qu’un déplacement de représentants de l’assemblée de la Polynésie française du 14 au 16 mai, Tony Géros en tête, est attendu à Caracas, capitale du Venezuela, pour participer à un séminaire régional de l’ONU afin de peaufiner les éléments de langage du parti dans le cadre de la rédaction de la résolution qui devrait être présentée dans les mois qui viennent, le Tavini a annoncé un autre déplacement, à Baku une fois de plus, pour rencontrer les dirigeants du GIB en fin de mois.

Les objectifs des accords entre le Tavini et le GIB
Instituer une coopération globale mutuelle afin de tirer partie de l’expérience de chacun et partager les pratiques efficaces concourant à la réussite des objectifs communs. Consolider la pratique d’échanges et de visites régulières et réciproques des délégations de parties, pour participer aux différents événements concourant à la réussite des objectifs communs. Promouvoir l’organisation conjointe d’événements, de conférences, tables rondes, etc. concourant à la réussite des objectifs communs. Renforcer la coopération pratique et diffuser les informations relatives à l’activité de chacune des parties lors de la participation aux événement internationaux. Soutenir le rapprochement et la coordination des positions des parties dans le cadre de conférences internationales et organisations internationales. Fournir une assistance mutuelle dans la création des liens avec les partis et mouvements indépendantistes, ONG et autres organisations partageant des intérêts communs.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 7 Mai 2024 à 13:05 | Lu 5276 fois