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Le Tapura rassemble 5 000 militants à Mamao


Tahiti, le 11 mars 2023 – Le Tapura Huiraatira d'Édouard Fritch a tenu samedi son congrès au parc expo de Mamao devant près de 5 000 militants. Avec le soutien de 42 des 48 tāvana de Polynésie, le président du parti et du Pays a dressé le bilan de sa mandature, présenté son programme et fait monter sur scène ses futurs colistiers.
 
Quatre chapiteaux, quatre écrans géants et pas moins de 4 800 chaises annoncées… Le congrès du Tapura Huiraatira organisé samedi matin au parc expo de Mamao a confirmé la démonstration de force voulue par son leader, Édouard Fritch. Les fédérations venues de toutes les îles du Vent et de certaines îles Sous-le-vent, les délégations d'associations comme le Conseil des femmes ou encore le Taatira no te Hau, ont rempli la totalité de l'espace loué pour accueillir la grand-messe du parti majoritaire. Orchestre, concert du chanteur Angélo et sketch d'un trio de Moorea ont ensuite émaillé les discours des cadres du Tapura Huiraatira pendant près de quatre heures.
 

Autonomie contre indépendance
 
"Le Tapura n'est pas un mouvement du passé", a voulu insister Édouard Fritch samedi matin, "il porte une dynamique nouvelle". Le discours du président du parti et du Pays s'est articulé en deux temps. D'abord présenter un bilan de la mandature 2018-2023 qui sera porté "dans les quartier" par les militants, puis faire avaliser le programme pour la campagne 2023 construit sur "cinq piliers" : l'équité pour tous, le soutien aux forces vives, le mieux vivre ensemble, le renforcement de nos autonomies et la protection de l'environnement, et enfin le développement de nos archipels. Un programme construit autour des principales préoccupations recueillies lors des "consultations" menées sur le terrain : cherté de la vie, emploi et logement. "Le statut vous vous en foutez tous", balaye Édouard Fritch.
 
D'un point de vue très politique, le discours du président du Tapura s'est d'ailleurs longuement attardé sur une revendication cette fois-ci très assumée de l'attachement à la France. Mais attention, comme un "partenaire privilégié". L'occasion surtout d'appuyer sur le clivage autonomie-indépendance, pour dénoncer la "voie sans issue" prônée par le Tavini avec l'autodétermination et appeler le parti indépendantiste à assumer son discours d'émancipation. "Pauvreté", "instabilité politique" et même spectres de "l'obscurantisme" et de "l'illettrisme"… Édouard Fritch n'a pas ménagé ses propos pour tenter de placer la campagne qui s'annonce sur le seul dualisme : Tapura = autonomie / Tavini = indépendance. Façon de faire ressortir les deux blocs politiques, historiquement favorables aux autonomistes au fenua.
 

Des maires, des maires, des maires
 
Particulièrement attendue, la présentation de la liste du parti majoritaire n'a pas totalement eu lieu. En tous cas, pas dans sa version définitive. Édouard Fritch a appelé à le rejoindre sur scène les candidats pressentis parmi les maires, les élus de l'assemblée et du gouvernement ou encore les personnalités "proposées par le communes". Fierté du président du parti rouge et blanc, pas moins de 42 maires des 48 communes polynésiennes soutiennent le Tapura Huiraatira. Parmi eux, seuls 30 figureront sur la liste lors du premier tour des territoriales le 16 avril prochain. La faute à la parité et à la taille des sections. On notera au passage la présence Narii Tuaneinei, tāvana au soutien pourtant historique de Gaston Flosse à Rapa.
 
Difficile de compter les présents sur la liste, vue la profusion d'élus samedi matin à Mamao. On notera tout de même l'absence au congrès du ministre de la Santé, Jacques Raynal. La non-présence parmi les candidats potentiels du maire de Tubuai Fernand Tahiata, de l'ancienne ministre Isabelle Sachet, du jeune ministre Naea Bennett ou encore du Grand argentier Yvonnick Raffin, bien présents en revanche au soutien de leur président samedi à Mamao. Pour l'anecdote, la plus jeune candidate est originaire de Fatu Hiva et se nomme Leilani Maraetaata. Et si le conseil politique de jeudi prochain devra entériner l'ordre et parfois le choix des colistiers, ce sera aussi "en fonction des ministres" qui pourront monter au gouvernement et laisser leur place à l'assemblée, a déjà anticipé Édouard Fritch.
 
Reste à savoir si cette stratégie des maires, qui avait porté le Tapura aux territoriales de 2018 mais qui n'avait pu éviter la défaite des législatives de 2022, sera la bonne. Pour Édouard Fritch, c'est une certitude. Selon le président du Tapura, la présence des "édiles" face à "leurs populations" va même doper la participation. "Je ne dis pas que c'est ce qui va nous faire gagner. Mais je pense que ce sera un élément essentiel dans la victoire demain."
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Samedi 11 Mars 2023 à 17:30 | Lu 3802 fois