Tahiti, le 23 avril 2023 – Présidente du groupe Tapura à l'assemblée et candidate en tête de la section 2, Tepuaraurii Teriitahi répond aux questions de Tahiti Infos sur le programme du parti rouge et blanc pour les territoriales : géopolitique, environnement, coût de la vie… Le Tapura mise sur son bilan, pas toujours facile à faire entendre.
Édouard Fritch a annoncé l'abaissement du taux de TVA sociale de 1% à 0,5% à la suite de l'alliance conclue avec le Amuitahira'a de Gaston Flosse. Y'a-t-il d'autres éléments de votre programme que vous avez dû négocier avec cette fusion ?
“Non. Le point principal, c'était la TVA sociale. Le président Flosse considérait que c'était une source de colère qui habitait la population. Donc, comme le président Fritch l'a dit, on est prêt à faire une concession, mais on reste toujours très prudents. Parce qu'on n'a pas arrêté de la dire, ces 1% nous permettent de combler un trou qui est structurel et annuel. Trouver une solution temporaire aujourd'hui pour combler ce trou en diminuant cette TVA sociale, ça veut dire trouver de l'argent, aller chercher dans les réserves qu'on a pu constituer. On a 21 milliards en réserve. Mais ce sont des moyens qu'on a en prévision d'un cyclone, du Covid… On va donc aller chercher dans ces réserves-là. Mais on compte aussi sur la reprise de l'emploi pour réellement remplir les caisses du Pays. À côté de ça, il nous faut poursuivre les discussions avec Paris qui nous permettre d'avoir 5 milliards par an tous les ans [pendant 3 ans, NDLR]. Comme je l'ai dit, ce n'est pas un trou unique qu'il faut remplir. C'est un trou de 9 milliards tous les ans. On fait en sorte qu'il diminue avec la prévention, la maîtrise des dépenses publiques…”
Un thème est absent des débats pendant cette campagne, c'est celui de la géopolitique du Pacifique qui est pourtant omniprésent au quotidien dans les débats internationaux autour de nous. Pourquoi est-ce que ce sujet ne semble pas intéresser en Polynésie ?
“C'est un sujet qui doit intéresser la Polynésie, mais qui, je pense, n'intéresse pas les Polynésiens. Dans le sens où on ne se rend pas forcément compte des dangers qui nous entourent. On a toujours tendance à croire en Polynésie qu'on est à l'abri de tout. Qu'on est protégés de tous les conflits internationaux. Alors qu'aujourd'hui, ces conflits internationaux sont clairement aux portes de la Polynésie. C'est d'ailleurs pour ça que c'est d'autant plus important pour nous de rester au côté de la France. Parce qu'on a une force chinoise qui s'est construite dans le Pacifique, années après années. Quand on parle du Vanuatu, c'est clairement établi que lorsque le Vanuatu n'a plus pu s'en sortir, la Chine est devenue son principal créancier en échange du Port autonome, de l'aéroport… Aujourd'hui, on en est presque à ce que les Chinois paient les élus vanuatais. Je prends l'exemple du Vanuatu, mais il y en a d'autres. Pourquoi ? Parce que la Chine voulait avoir des positions stratégiques dans le Pacifique. À côté de ça, la Polynésie a les Chinois d'un côté et les États-Unis de l'autre, qui eux-aussi ont des bases de l'autre côté. On sait que ces deux grandes forces sont en conflit ouvert. Conflit qui s'accentue à cause de Taïwan. Donc la France devra se positionner au milieu de tout ça pour protéger ses îles.”
Si ce n'est pas un sujet qui intéresse les Polynésiens, on a quand même vu que c'était un sujet qui avait des conséquences concrètes en Polynésie sur le coût de l'importation et sur les prix notamment. Est-ce que ce n'est pas le rôle du politique que de s'approprier ces sujets pour le bien de la population ?
“C'est ce que nous tentons de faire au Tapura. À chaque fois par exemple que nous annonçons les chiffres de ce que la France nous donne chaque année. Tout ce qui est protection et militaire, c'est quasiment 30 milliards par an. Si demain, on n'a plus l'appui de la France, comment va-t-on financer tout ça et protéger la Polynésie ? Si demain, comme je l'entends au Tavini, on va signer des accords avec la Chine et qu'un nouveau gouvernement veut faire marche arrière, ce ne sera pas possible. La Chine va revenir, non pas avec des gentils bateaux et des gentils messieurs, mais avec leur armée pour nous dire que nous avons des comptes à rendre. Et avec eux, on ne rigole pas. On sait la place des droits de l'homme là-bas. C'est pour cela que c'est un réel enjeu de rester aux côtés de la France. Maintenant, pourquoi est-ce qu'on n'en parle pas assez ? Parce qu'on voit bien où nous emmènent nos adversaires. On nous parle de l'obligation vaccinale, de l'inflation… (…)”
Le Tapura n'a pas toujours eu cette posture, on l'a vu avec le projet aquacole de Hao et le tapis rouge fiscal déroulé à des investisseurs chinois ?
“Avec des verrous nécessaires ! Dans le fond, on est d'accord avec Emmanuel Macron et la France, dans le sens où il ne faut pas faire n'importe quoi avec la Chine. Maintenant, on peut signer des choses avec des investisseurs étrangers, mais à nos conditions. Pour le projet aquacole de Hao, l'essentiel était de garder le contrôle sur la main-d'œuvre. Ça a été un des points bloquants. Lorsque les Chinois ont voulu commencer à investir ici, il y avait une condition sine qua non. C'était certes d'exploiter Hao au niveau du parc aquacole, mais aussi d'avoir l'autorisation dont ils rêvent : celle de pouvoir pêcher dans nos eaux. Et cette autorisation est bloquée depuis 1995. À l'époque, Édouard Fritch était ministre de la mer et il avait mis en place l'interdiction à tout navire qui n'est pas polynésien – même pas un navire français donc – de pêcher dans les eaux territoriales polynésiennes. Donc, évidemment que l'on veut des investisseurs, que l'on fait des incitations fiscales, mais de là à venir les autoriser à venir piller nos océans, non ! Édouard Fritch avait également fixé une deuxième règle – que d'ailleurs les Chinois imposent chez eux – c'est de s'associer obligatoirement à un local. Ici, on a imposé qu'ils s'associent avec quelqu'un qui est de Polynésie. De façon à ce qu'on garde le contrôle sur ce qui se passe ici. Ce qui n'a pas été le cas du Tavini, qui n'a pas hésité à signer des autorisations de pêche.”
Un autre sujet est absent de la campagne malgré son urgence absolue, c'est celui de la lutte contre la crise climatique qui menace particulièrement les îles de la Polynésie ?
“Il y a deux choses. Si on parle de la problématique de la montée des eaux, ce n'est pas en Polynésie qu'il faut travailler en premier. C'est dans les grands pays industriels. Maintenant, on peut faire en sorte localement de réduire nos consommations. On a notre pierre à apporter. On peut agir sur les importations, sur les transports… Localement, on va déjà vers l'électrique pour ce qui est des transports locaux. On a renouvelé notre flotte de bus. (…) Ensuite, dans notre programme, on incite au déploiement des énergies renouvelables. On incite à aller vers l'énergie solaire. On fait des aménagements fiscaux. On favorise les champs solaires pour aller davantage vers le solaire que l'énergie fossile. En outre, il y a dans notre programme la volonté d'aller développer les centrales hybrides dans les îles. On veut doter 13 atolls au moins de centrales hybrides. Ensuite, il y a l'utilisation du fonds Macron : 7 milliards qu'il va falloir utiliser au mieux. (…)”
Un sujet à l'inverse semble focaliser l'attention dans cette campagne, c'est celui de la lutte contre la vie chère. Concrètement quelles solutions apporte le Tapura ?
“C'est le plus grand axe. Ce qui préoccupe le plus les Polynésiens. Pas seulement pendant la campagne, mais au quotidien. Quand on va au magasin, on le voit tous. Les gens sont en colère et quand on leur explique que la cause est externe, ils ne le comprennent pas forcément. Mais on sait que c'est la cause du problème. Donc on essaie de trouver des solutions pour contenir une explosion qui pourrait être plus grande. On a beaucoup travaillé sur les PPN et il faut croire qu'on est précurseur parce qu'en France ils sont en train de se lancer là-dedans. Une des solutions qu'on a rapidement mise en place, c'est l'élargissement de la liste des PPN, de façon que ce que les Polynésiens mangent le plus au quotidien soit le plus réglementé sans TVA sociale, sans TVA tout court et avec des marges encadrées qui permettent à ces prix de rester contants. De façon qu'on n'ait pas des yoyos dans les prix des produits qui sont en libre concurrence. Ensuite, on n'a pas le droit d'encadrer les marges pour ces autres produits. Mais néanmoins, on peut assurer un certain nombre de contrôle pour mettre une forme de contrôle sur les magasins. Ceci pour que les magasins jouent le jeu. Alors beaucoup jouent le jeu et certains en profitent. Il y a parfois 1 000 Fcfp de différence entre deux magasins sur certains produits. Nous comptions beaucoup sur le jeu de la concurrence, sauf qu'il y a une vraie réalité. Quand on n'a pas de voiture et que le prix le moins cher se situe à 30 km de là où on habite, on est un peu pris en otage. D'où les contrôles. Le président a annoncé qu'on mettrait les moyens. Ensuite, il y a de nombreux produits sur lesquels on a enlevé les taxes : les vêtements, les matériaux de construction… On a augmenté le pouvoir d'achat avec l'augmentation des salaires, mais on ne peut pas le faire indéfiniment. (…)”
On l'entend depuis le début de la campagne, le programme du Tapura c'est aussi son bilan. Est-ce que ce bilan est difficile à défendre ou en tous cas à faire entendre ?
“Lorsqu'on pose la question aux gens en face de nous : Que retenez-vous du Tapura ces cinq dernières années ? C'est récurrent, il y a l'obligation vaccinale, le mariage et la cherté de la vie. Je suis sans langue de bois, je pense que ça parlera aux gens qui nous écoutent. Et je ne minimise pas ces trois points. Sauf qu'à un moment donné, le Tapura, ce n'est pas que ça. C'est aussi un bilan qui est l'un des meilleurs que l'on ait vu depuis les 30 dernières années. C'est énormément d'actions qui ont été menées et c'est surtout un gouvernement qui a su faire face au Covid et à toutes ses conséquences, sanitaires et économiques. (…) Quand on voit la fréquentation touristique, quand on voit le retour du niveau d'emploi, les offres d'emploi… Si on a pu si vite rebondir, c'est parce qu'à un moment on a fait les choses qu'il fallait. Sauf que, dans la tête des gens, ce n'est pas ce qui est resté. Ce qui est resté ce sont les trois points négatifs dont j'ai parlé et qui aujourd'hui nous pourrissent la vie. Ils font oublier tout notre bilan. On fustige les élus non vaccinés. C'est vrai, il y en avait deux. Mais on oublie que tous les autres, eux, ont respecté.”
Édouard Fritch a annoncé l'abaissement du taux de TVA sociale de 1% à 0,5% à la suite de l'alliance conclue avec le Amuitahira'a de Gaston Flosse. Y'a-t-il d'autres éléments de votre programme que vous avez dû négocier avec cette fusion ?
“Non. Le point principal, c'était la TVA sociale. Le président Flosse considérait que c'était une source de colère qui habitait la population. Donc, comme le président Fritch l'a dit, on est prêt à faire une concession, mais on reste toujours très prudents. Parce qu'on n'a pas arrêté de la dire, ces 1% nous permettent de combler un trou qui est structurel et annuel. Trouver une solution temporaire aujourd'hui pour combler ce trou en diminuant cette TVA sociale, ça veut dire trouver de l'argent, aller chercher dans les réserves qu'on a pu constituer. On a 21 milliards en réserve. Mais ce sont des moyens qu'on a en prévision d'un cyclone, du Covid… On va donc aller chercher dans ces réserves-là. Mais on compte aussi sur la reprise de l'emploi pour réellement remplir les caisses du Pays. À côté de ça, il nous faut poursuivre les discussions avec Paris qui nous permettre d'avoir 5 milliards par an tous les ans [pendant 3 ans, NDLR]. Comme je l'ai dit, ce n'est pas un trou unique qu'il faut remplir. C'est un trou de 9 milliards tous les ans. On fait en sorte qu'il diminue avec la prévention, la maîtrise des dépenses publiques…”
Un thème est absent des débats pendant cette campagne, c'est celui de la géopolitique du Pacifique qui est pourtant omniprésent au quotidien dans les débats internationaux autour de nous. Pourquoi est-ce que ce sujet ne semble pas intéresser en Polynésie ?
“C'est un sujet qui doit intéresser la Polynésie, mais qui, je pense, n'intéresse pas les Polynésiens. Dans le sens où on ne se rend pas forcément compte des dangers qui nous entourent. On a toujours tendance à croire en Polynésie qu'on est à l'abri de tout. Qu'on est protégés de tous les conflits internationaux. Alors qu'aujourd'hui, ces conflits internationaux sont clairement aux portes de la Polynésie. C'est d'ailleurs pour ça que c'est d'autant plus important pour nous de rester au côté de la France. Parce qu'on a une force chinoise qui s'est construite dans le Pacifique, années après années. Quand on parle du Vanuatu, c'est clairement établi que lorsque le Vanuatu n'a plus pu s'en sortir, la Chine est devenue son principal créancier en échange du Port autonome, de l'aéroport… Aujourd'hui, on en est presque à ce que les Chinois paient les élus vanuatais. Je prends l'exemple du Vanuatu, mais il y en a d'autres. Pourquoi ? Parce que la Chine voulait avoir des positions stratégiques dans le Pacifique. À côté de ça, la Polynésie a les Chinois d'un côté et les États-Unis de l'autre, qui eux-aussi ont des bases de l'autre côté. On sait que ces deux grandes forces sont en conflit ouvert. Conflit qui s'accentue à cause de Taïwan. Donc la France devra se positionner au milieu de tout ça pour protéger ses îles.”
Si ce n'est pas un sujet qui intéresse les Polynésiens, on a quand même vu que c'était un sujet qui avait des conséquences concrètes en Polynésie sur le coût de l'importation et sur les prix notamment. Est-ce que ce n'est pas le rôle du politique que de s'approprier ces sujets pour le bien de la population ?
“C'est ce que nous tentons de faire au Tapura. À chaque fois par exemple que nous annonçons les chiffres de ce que la France nous donne chaque année. Tout ce qui est protection et militaire, c'est quasiment 30 milliards par an. Si demain, on n'a plus l'appui de la France, comment va-t-on financer tout ça et protéger la Polynésie ? Si demain, comme je l'entends au Tavini, on va signer des accords avec la Chine et qu'un nouveau gouvernement veut faire marche arrière, ce ne sera pas possible. La Chine va revenir, non pas avec des gentils bateaux et des gentils messieurs, mais avec leur armée pour nous dire que nous avons des comptes à rendre. Et avec eux, on ne rigole pas. On sait la place des droits de l'homme là-bas. C'est pour cela que c'est un réel enjeu de rester aux côtés de la France. Maintenant, pourquoi est-ce qu'on n'en parle pas assez ? Parce qu'on voit bien où nous emmènent nos adversaires. On nous parle de l'obligation vaccinale, de l'inflation… (…)”
Le Tapura n'a pas toujours eu cette posture, on l'a vu avec le projet aquacole de Hao et le tapis rouge fiscal déroulé à des investisseurs chinois ?
“Avec des verrous nécessaires ! Dans le fond, on est d'accord avec Emmanuel Macron et la France, dans le sens où il ne faut pas faire n'importe quoi avec la Chine. Maintenant, on peut signer des choses avec des investisseurs étrangers, mais à nos conditions. Pour le projet aquacole de Hao, l'essentiel était de garder le contrôle sur la main-d'œuvre. Ça a été un des points bloquants. Lorsque les Chinois ont voulu commencer à investir ici, il y avait une condition sine qua non. C'était certes d'exploiter Hao au niveau du parc aquacole, mais aussi d'avoir l'autorisation dont ils rêvent : celle de pouvoir pêcher dans nos eaux. Et cette autorisation est bloquée depuis 1995. À l'époque, Édouard Fritch était ministre de la mer et il avait mis en place l'interdiction à tout navire qui n'est pas polynésien – même pas un navire français donc – de pêcher dans les eaux territoriales polynésiennes. Donc, évidemment que l'on veut des investisseurs, que l'on fait des incitations fiscales, mais de là à venir les autoriser à venir piller nos océans, non ! Édouard Fritch avait également fixé une deuxième règle – que d'ailleurs les Chinois imposent chez eux – c'est de s'associer obligatoirement à un local. Ici, on a imposé qu'ils s'associent avec quelqu'un qui est de Polynésie. De façon à ce qu'on garde le contrôle sur ce qui se passe ici. Ce qui n'a pas été le cas du Tavini, qui n'a pas hésité à signer des autorisations de pêche.”
Un autre sujet est absent de la campagne malgré son urgence absolue, c'est celui de la lutte contre la crise climatique qui menace particulièrement les îles de la Polynésie ?
“Il y a deux choses. Si on parle de la problématique de la montée des eaux, ce n'est pas en Polynésie qu'il faut travailler en premier. C'est dans les grands pays industriels. Maintenant, on peut faire en sorte localement de réduire nos consommations. On a notre pierre à apporter. On peut agir sur les importations, sur les transports… Localement, on va déjà vers l'électrique pour ce qui est des transports locaux. On a renouvelé notre flotte de bus. (…) Ensuite, dans notre programme, on incite au déploiement des énergies renouvelables. On incite à aller vers l'énergie solaire. On fait des aménagements fiscaux. On favorise les champs solaires pour aller davantage vers le solaire que l'énergie fossile. En outre, il y a dans notre programme la volonté d'aller développer les centrales hybrides dans les îles. On veut doter 13 atolls au moins de centrales hybrides. Ensuite, il y a l'utilisation du fonds Macron : 7 milliards qu'il va falloir utiliser au mieux. (…)”
Un sujet à l'inverse semble focaliser l'attention dans cette campagne, c'est celui de la lutte contre la vie chère. Concrètement quelles solutions apporte le Tapura ?
“C'est le plus grand axe. Ce qui préoccupe le plus les Polynésiens. Pas seulement pendant la campagne, mais au quotidien. Quand on va au magasin, on le voit tous. Les gens sont en colère et quand on leur explique que la cause est externe, ils ne le comprennent pas forcément. Mais on sait que c'est la cause du problème. Donc on essaie de trouver des solutions pour contenir une explosion qui pourrait être plus grande. On a beaucoup travaillé sur les PPN et il faut croire qu'on est précurseur parce qu'en France ils sont en train de se lancer là-dedans. Une des solutions qu'on a rapidement mise en place, c'est l'élargissement de la liste des PPN, de façon que ce que les Polynésiens mangent le plus au quotidien soit le plus réglementé sans TVA sociale, sans TVA tout court et avec des marges encadrées qui permettent à ces prix de rester contants. De façon qu'on n'ait pas des yoyos dans les prix des produits qui sont en libre concurrence. Ensuite, on n'a pas le droit d'encadrer les marges pour ces autres produits. Mais néanmoins, on peut assurer un certain nombre de contrôle pour mettre une forme de contrôle sur les magasins. Ceci pour que les magasins jouent le jeu. Alors beaucoup jouent le jeu et certains en profitent. Il y a parfois 1 000 Fcfp de différence entre deux magasins sur certains produits. Nous comptions beaucoup sur le jeu de la concurrence, sauf qu'il y a une vraie réalité. Quand on n'a pas de voiture et que le prix le moins cher se situe à 30 km de là où on habite, on est un peu pris en otage. D'où les contrôles. Le président a annoncé qu'on mettrait les moyens. Ensuite, il y a de nombreux produits sur lesquels on a enlevé les taxes : les vêtements, les matériaux de construction… On a augmenté le pouvoir d'achat avec l'augmentation des salaires, mais on ne peut pas le faire indéfiniment. (…)”
On l'entend depuis le début de la campagne, le programme du Tapura c'est aussi son bilan. Est-ce que ce bilan est difficile à défendre ou en tous cas à faire entendre ?
“Lorsqu'on pose la question aux gens en face de nous : Que retenez-vous du Tapura ces cinq dernières années ? C'est récurrent, il y a l'obligation vaccinale, le mariage et la cherté de la vie. Je suis sans langue de bois, je pense que ça parlera aux gens qui nous écoutent. Et je ne minimise pas ces trois points. Sauf qu'à un moment donné, le Tapura, ce n'est pas que ça. C'est aussi un bilan qui est l'un des meilleurs que l'on ait vu depuis les 30 dernières années. C'est énormément d'actions qui ont été menées et c'est surtout un gouvernement qui a su faire face au Covid et à toutes ses conséquences, sanitaires et économiques. (…) Quand on voit la fréquentation touristique, quand on voit le retour du niveau d'emploi, les offres d'emploi… Si on a pu si vite rebondir, c'est parce qu'à un moment on a fait les choses qu'il fallait. Sauf que, dans la tête des gens, ce n'est pas ce qui est resté. Ce qui est resté ce sont les trois points négatifs dont j'ai parlé et qui aujourd'hui nous pourrissent la vie. Ils font oublier tout notre bilan. On fustige les élus non vaccinés. C'est vrai, il y en avait deux. Mais on oublie que tous les autres, eux, ont respecté.”
Les “5 piliers” du Tapura
Pour son programme, la majorité sortante a établi une hiérarchie en cinq “piliers”. Le premier promet la construction d'une “société équitable” et annonce des mesures pour freiner la hausse des prix, permettre l'accession au logement et au foncier, rendre leur dignité aux personnes fragiles, redistribuer les richesses et faciliter l'accès à l'emploi. Le second insiste sur le soutien aux “forces vives et aux entreprises” avec un accent sur la réussite de la jeunesse et des acteurs économiques, la mise en avant de l'économie sociale, solidaire et durable, la valorisation des cultures polynésiennes et le soutien aux associations. Troisièmement, le Tapura veut améliorer le “vivre ensemble” en promettant l'évolution de l'offre de santé, une administration simplifiée, l'accès au sport pour tous ou encore l'insertion des handicapés. Le quatrième pilier promeut le renforcement de “nos autonomies et la protection de notre environnement” en focalisant sur le soutien aux métiers de la terre et de la mer, sur le renforcement de l'autonomie alimentaire et énergétique, la sécurisation de la Polynésie grâce à l'État ou encore la préservation de l'environnement. Enfin, le cinquième pilier concerne le développement “équitable des archipels en impliquant les communes” en maîtrisant le tourisme dans les cinq archipels, en permettant l'accès à tous au numérique, en misant sur de nouvelles infrastructures majeures, en adaptant l'offre de transport touristique et en mettant en avant le rôle des maires pour leurs administrés.