Le Tahoeraa remobilise ses troupes


"Nous avons échoué", dans son discours, Gaston Flosse a reconnu son échec lors des dernières territoriales. Le parti se prépare désormais pour les prochaines échéances électorales.
PAPEARI, le 2 février 2019 - Le parti orange a tenu son premier séminaire de l’année ce samedi matin, sur le Motu Ovini à Papeari. Plus de 200 personnes ont répondu à l’appel de leur président, Gaston Flosse. Présidents de fédérations, présidents de sections et les cadres, tous étaient venus pour voir quelle sera la ligne de conduite à suivre en 2019.

Huit mois et demi après les territoriales, le Tahoeraa Huiraatira s’est enfin retrouvé en séminaire, samedi, sur le Motu Ovini à Papeari. Une rencontre qui a rassemblé les cadres du parti, ainsi que les présidents des fédérations et des sections. Ils étaient en tout plus de 200 personnes à avoir répondu à l’appel de leur président, Gaston Flosse. Au centre des intérêts, le bilan des dernières territoriales, les derniers remous au sein du parti, les promesses non-tenues par le président du Pays, Edouard Fritch ou encore les prochaines échéances électorales. Et avant de commencer les débats, la séance a été ouverte avec le discours de Gaston Flosse, qui a duré un peu plus d’1h30.

Les résultats obtenus lors des territoriales ont laissé une trace indélébile dans la mémoire du vieux lion. "Nous avons échoué", a-t-il déclaré devant l’assemblée. Et comme à l’accoutumée, les critiques envers Edouard Fritch n’ont pas manqué. Le président du Tahoeraa Huiraatira mettait en avant quelques projets non aboutis, comme celui de Hao. Il est également revenu sur les chiffres de l’emploi au fenua. "On peut dire que depuis 2014-2015, seuls 389 emplois ont été créés, alors qu’ils annoncent 1 000 emplois par an. Et puis, vous avez 55 000 Polynésiens au chômage et 55 % des Polynésiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté, tout cela est caché. Ils ne parlent pas des 300 emplois, parce que ce serait ridicule, puisqu'ils disent que l’emploi a augmenté de 0,1 %. Le président Fritch avait déclaré qu’il mettra en place une politique transparente et ce n’est pas le cas. C’est l’opacité totale", indique Gaston Flosse.

PRÉPARER LES PROCHAINES ÉCHÉANCES ÉLECTORALES

Pour le vieux lion, il est temps de se relever et de se projeter sur les prochaines échéances électorales. À commencer par les européennes, prévues le 26 mai 2019. "Ces élections ne sont pas très importantes pour la Polynésie. Dernièrement, on votait par secteur, et la Polynésie faisait partie du Pacifique. C’était bien puisque nous pouvions, à ce moment-là, entrer à Bruxelles. Aujourd’hui, le mode de votation a changé, et il faut être à la remorque d’un parti important. Donc, aucune décision n’a été prise dans cette affaire", confie Gaston Flosse.

Par contre, pas question pour le parti orange de soutenir la candidature de Marine Le Pen, "parce que nous l’avions soutenue aux Présidentielles, donc, il était normal que son représentant local, Monsieur Minardi fasse voter pour le Tahoeraa Huiraatira en retour. Eh bien, non, il s’est présenté contre nous. Ça ne se fait pas." Gaston Flosse qui assure néanmoins que les instances du parti se réuniront, prochainement pour définir la ligne de conduite pour les européennes.

Autre élection en préparation, les municipales de 2020. Une échéance importante pour le parti orange et Gaston Flosse de rappeler samedi matin à ses membres : "Tous les maires du Tapura viennent du Tahoeraa". Le plus dur aujourd’hui, pour le vieux lion, sera de trouver les personnes qui ramèneront la confiance auprès des électeurs du parti.

Ce qui est sûr, après les derniers remous au sein du parti, avec le départ notamment d’Angelo Frébault, certains présidents de fédérations se disent perplexes sur les choix futurs du parti. "Comment savoir si ces personnes ne feront pas la même chose ?", expriment deux d’entre eux.

Pour l’heure, le plus important pour le noyau dur du Tahoeraa Huiraatira est de retrouver l’équilibre au sein du parti et de ses membres, "pour repartir encore plus fort. Nous travaillons pour notre population. Il y a près de 40 000 personnes qui nous ont accordés leurs confiances et on ne peut pas les décevoir à nouveau !" s’exclame une dame de Faa’a.

Etaient également présents à ce séminaire, quelques représentants du Ai’a Api et leur leader Emile Vernaudon, ainsi que Bruno Sandras.

La parole à

Gaston Flosse
Président du Tahoeraa Huiraatira

"La Polynésie devrait avoir son mot à dire sur le fonctionnement de cette justice"


"Il y a eu des rencontres entre Oscar Temaru et moi. Je lui ai proposé le projet de statut du Tahoeraa Huiraatira, celui de Pays de large autonomie associé à la France, le temps qu’il faut pour négocier avec la France. Ensuite, au bout d’une dizaine d’années, on passerait au stade suivant, après bien évidemment, un référendum avec l’assentiment de la population, à celui d’état souverain associé à la France. Encore une fois, ce pays ne peut pas vivre sans la France, nous n’avons pas d’armées, ni de marine, ni de justice… cela doit rester de la compétence de l’État. Mais, la Polynésie devrait avoir son mot à dire sur le fonctionnement de cette justice.

Au sujet de la Loi Morin, on n’entend plus Lana Tetuanui, alors qu’elle parlait beaucoup dernièrement. Maintenant, on nous dit que tous les acquis de Lana Tetuanui sont à la poubelle. Mais, elle a de la chance parce que son mari a été condamné à 2 ans d’inéligibilité, et tout a été nettoyé. J’aurai bien aimé qu’ils cassent aussi mon inéligibilité, mais ce n’est pas le cas. Benoit Kautai n’a pas d’inéligibilité non plus, et même mieux que ça, il doit payer des amendes qui lui sont remises. Pourquoi cette justice à deux vitesses ? On ne comprend pas."




Vai-Hing Cheng
De Faa’a

"Je crois en notre président"


"Le Tahoeraa Huiraatira se porte à merveille. Nous sommes toujours présents. Je suis dans ce parti politique depuis 1983. Edouard Fritch et ses amis parlent beaucoup pour rien au final. Prenons par exemple, le projet aquacole de Hao, où est-ce qu’on en est ? Ça ne marche pas, parce qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses. Je crois en notre président, lui seul peut relever notre Pays. Pour les prochaines élections, je pense que nous ferons un bon score."


Béatrice Legayic
Élue Tahoeraa à Papara

"Je suis satisfaite de ce séminaire"


"Ce séminaire est une très bonne chose pour démarrer l’année. Nous nous retrouvons sur Papeari, avec le bureau directeur, les présidents des fédérations, les présidents de sections, pour voir les nouvelles directives pour les prochaines élections.
Le parti se porte très bien, la preuve est que nous sommes plus de 200 membres aujourd’hui, pour travailler et voir les nouvelles orientations. Je suis satisfaite de ce séminaire. Pour les prochaines municipales dans ma commune, nous avons des plans d’actions pour améliorer le quotidien de la population de Papara, et nous développerons cela dans les prochains mois."



Yesta Heuea
Membre du Tahoeraa Huiraatira

"Le Tahoeraa va aller de l’avant parce qu’après un échec, il fera beau"


"On sait très bien l’échec que nous avons subi lors des dernières élections, c’était très douloureux pour notre parti. Mais, pour le président de ce parti, il n’était pas question de s’avouer vaincu. Donc, il fallait prendre le temps, parce que des élus, des anciens élus sont déçus… et ce n’était pas évident de retrouver un équilibre au niveau des émotions des uns et des autres, et les ramener. Tahoeraa Huiraatira veut dire union quoi qu’il arrive. Les situations ont fait que beaucoup sont partis et sont déçus. Donc, il a fallu tout réorganiser, comme la méthodologie de travail… Pour réussir, il faut travailler. Ce séminaire était très attendu parce qu’on voulait savoir ce que l’on devait faire et comment on devait agir avec la situation actuelle. Ce qui est très bien, parce que si nous étions partis trop tôt, sans connaitre les situations, que ce soit politiques ou autres, ça aurait été peut-être un peu plus difficile. Donc, il s’agit ici de consolider les fédérations, de retourner voir les personnes, parce qu’il y a quand même près de 40 000 personnes qui ont voté pour le Tahoeraa Huiraatira. Il faut qu’ils sachent qu’on ne les abandonne pas. C’est vrai qu’avec tous les coups que nous avons reçus, c’est très difficile de faire confiance et de se dire que telle ou telle personne va nous être fidèle ou pas. Mais, il faut avancer.
Le Tahoeraa est toujours debout, le Tahoeraa est toujours heureux de servir son peuple, le Tahoeraa va aller de l’avant parce qu’après un échec, il fera beau. D’ailleurs, pour notre séminaire sur Papeari, on nous a dit qu’il y aura de grosses averses, et ce n’est pas le cas. Donc, je pense qu’à un moment donné, il faut prendre toutes ces pensées qu’elles soient négatives ou pas, pour se relever et bâtir quelque chose de solide. Mais, rien ne garantit le fait qu’il puisse avoir encore des trahisons plus tard. Mais, chez nous, le plus important est de se lever et de s’unir avec toutes les compétences que nous avons, ensuite, nous avançons au nom du peuple."




Rédigé par Corinne Tehetia le Samedi 2 Février 2019 à 15:09 | Lu 3146 fois