Tahiti Infos

Le Tahiti Pearl Consortium (TPC) en suspens


Temauri Foster à l’assemblée de Polynésie le 8 février dernier au moment du vote de la délibération sur la création du TPC.
Temauri Foster à l’assemblée de Polynésie le 8 février dernier au moment du vote de la délibération sur la création du TPC.
Créée le 8 février dernier par une délibération des élus de l’assemblée de Polynésie, la société d’économie mixte TPC sensée rebooster le secteur de la perliculture a toutes les peines du monde à réunir les 15% d’actionnaires privés nécessaires à l’ouverture de son capital. D’ici la fin de la semaine on devrait être fixé sur le sort de cette nouvelle SEM. De son côté le Syndicat des professionnels des producteurs de perle prépare un recours au tribunal administratif.


Le Tahiti Pearl Consortium ne restera-t-il finalement qu’un projet non finalisé ? La société d’économie mixte, dont 85% du capital appartient au pays, a bien du mal à réunir les 15% d’actionnariat privé. Dans un premier temps, les partenaires privés, essentiellement des producteurs de perle, devaient mettre sur la table au moins 45 millions de Fcfp (soit la moitié de leur apport d’argent frais) pour montrer leur volonté de participation. Mais jusqu’ici cette somme n’a pas été réunie. Entre les intentions affichées et les actes sonnants et trébuchants, le projet présenté par le ministre des ressources marines Temauri Foster a donc du mal à se réaliser et une décision, ou au moins une communication officielle du ministre, est attendue dans le courant de cette semaine à ce sujet. Il faut dire que le TPC n’a jamais créé le consensus des professionnels de la perle, bien avant même que la délibération ne soit approuvée à une très courte majorité par les élus de l’assemblée de Polynésie 28 voix pour, 24 voix contre. La création d’une nième SEM polynésienne en a fait tiquer plus d’un au moment où les satellites publics du Pays sont priés de réduire la voilure ou de se saborder. Quant à l’objet social du TPC -long comme une liste à la Prévert- et se mêlant de toutes les étapes de la perliculture, il n’a pas du tout satisfait les professionnels du secteur, même ceux qui envisageaient initialement la création du TPC avec intérêt ou au moins avec bienveillance. Pourtant après quelques rencontres tendues en février et en mars dernier entre les responsables du ministère des ressources marines et les producteurs locaux, les 15% de capitaux privés semblaient être réunis et des lettres d’intention ont été dûment remplies. C’est au moment de présenter l’argent sur la table pour entériner cette prise de participation devant notaire que les choses se sont de nouveau compliquées. Les 45 millions de Fcfp nécessaires à l’allumage du TPC ? «On n’y est pas» admet une source proche du ministre en dépit des affirmations du vice-président Antony Geros à Tahiti Infos le 3 avril dernier qui déclarait : «La part de 15% d’actionnariat privé est réalisée aujourd’hui. La société peut être mise en place». Le TPC sera-t-il finalement foudroyé par une mort subite faute d’avoir réuni les capitaux nécessaires ?


Le coup de grâce ?


Une situation qui n’étonne guère le Syndicat professionnel des producteurs de perles (SPPP) : «les producteurs de perles n’ont pas 90 millions de Fcfp à dépenser dans cet outil» explique sa vice présidente Aline Baldassari-Bernard. Effectivement, les professionnels de la perle qui ont signé les lettres d’intention pour participer au TPC sont de petits ou des moyens producteurs dont les capacités financières sont limitées. Un seul producteur d’importance, Franck Tehaamatai s’était déclaré prêt à acquérir 900 des 3600 actions privées, voire même la moitié (pour un montant de 22,5 millions de Fcfp), si certaines de ses inquiétudes sur les missions du TPC étaient levées. Mais, depuis vendredi dernier, le chef d’entreprise est incarcéré à Nuutania pour ne pas avoir versé dans les délais prévus les 30 millions de Fcfp de sa caution judiciaire dans le cadre d’une affaire de fraude à la défiscalisation. Même si ce volet n’a rien à voir avec son engagement dans le TPC, cette nouvelle situation interroge. Bref, les mauvaises fées semblent conjuguer leurs pouvoirs maléfiques autour du berceau du TPC. Et si cela n’était pas suffisant pour étouffer le TPC dans son nucleus, le SPPP qui a toujours été un farouche opposant de ce projet prépare une riposte juridique à la création de la société d’économie mixte TPC en date du 8 février 2013. «Nous avons trois mois pour déposer un recours devant le tribunal administratif à compter de l’adoption de la délibération. Et nous y travaillons» précise Aline Baldassari-Bernard. Il s’agirait pour ces professionnels de la perle de dénoncer la concurrence déloyale créée par la SEM à l’encontre des producteurs de perles et de leurs propres organisations pour en commercialiser le produit. «Les sociétés d’économie mixte sont habituellement créées en France pour développer ou encadrer un secteur inexistant. Ici, les structures pour la vente des perles existent depuis plus de 30 ans» détaille encore la vice présidente du SPPP qui annonce même que d’une façon ou d’une autre «le TPC, il ne se fera pas».

M.L




Mauvais timing pour le calendrier du TPC

Si, si, si… le TPC existerait déjà aujourd’hui entend-t-on ici ou là. Il faut dire que les embûches n’ont pas manqué au cours des derniers mois autour de ce Tahiti Pearl Consortium. A l’origine le TPC ne devait pas être une SEM à part entière. Le premier projet du Pays, suivant les conseils du consultant international en joaillerie Gaetano Cavalieri pour la création d’un nouveau modèle de commercialisation de la perle de Tahiti, se réalisait via un autre établissement public du Pays, la Maison de la Perle. Mais le 12 décembre 2012, le tribunal administratif de Papeete annule la procédure de passation de la convention de prestation de services pour la mise en place du Tahiti Pearl Consortium par la Maison de la perle. La solution imaginée est alors de fonder une SEM au nom du TPC dont le capital est détenu à 85% par le Pays et 15% par des partenaires privés. Le Pays engage 500 millions de Fcfp sur le budget 2013 pour le capital de cette nouvelle SEM qui est créée le 8 février dernier. Le gouvernement se retrouve ainsi en pleine campagne électorale pour les prochaines élections territoriales à devoir convaincre des producteurs de perles de participer à ce montage financier alors que nombreux sont ceux qui préfèrent attendre le résultat du scrutin du 5 mai 2013. Car il se pourrait que même si le TPC rassemble finalement son capital, la SEM soit vouée à disparaître en cas de changement de majorité.




Rédigé par ML le Mardi 9 Avril 2013 à 07:41 | Lu 2330 fois