Le Spip, au service de la lutte contre la récidive


Depuis 2015, les effectifs du Spip en Polynésie française sont passés de 18 à 51 agents, permettant au service de renforcer les actions de prévention de la récidive.
PAPEETE, 28 mars 2017 - Sous la direction de Lionel Lecomte, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation en Polynésie française se donne pour objectif principal de veiller à la prévention de la récidive chez les délinquants.

Incluant de nombreux domaines professionnels, le service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) est une structure qui a deux missions définies : suivre les détenus au sein de la prison mais également assurer l’exécution des peines alternatives à l’incarcération. Uniquement sur mandat puisque le magistrat est garant des libertés, les personnels de probation et d’insertion mettent en œuvre les décisions de l’autorité judiciaire. En l’espace d’un an et demi, les effectifs de ce service en Polynésie française ont considérablement augmenté en passant de 18 à 51 agents, permettant ainsi au passage de renforcer la démarche de prévention de la récidive.

En milieu ouvert, le Spip, sous le contrôle d’un juge d’application des peines, a pour mission de veiller à l’exécution de peines alternatives telles que des travaux d’intérêts généraux, des sursis avec mises à l’épreuve, des placements sous bracelets électroniques ou bien des ajournements. Il s’assure donc que les mesures pénales sont réellement effectuées. En milieu fermé, le Spip assure un suivi général de chaque détenu tout en préparant la réinsertion des prisonniers avec l’aide de psychologues et de personnels de santé. Dans l’aide à la décision judiciaire, ce service réalise des enquêtes, en amont des audiences pénales ou d’application des peines, sur la vie familiale et matérielle des auteurs d’infractions afin de déterminer leur situation et d’aider le juge à prendre une décision quant aux modalités et à l’application de la peine. Ce service a la particularité d’établir une coordination entre plusieurs professions afin de procéder au mieux sur la gestion de chaque cas individuel.

La loi Taubira

Promulguée le 15 août 2014, la loi Taubira a donné naissance à une nouvelle peine : la contrainte pénale. Celle-ci impose un ensemble d’interdictions et d’obligation aux condamnés ainsi qu’un suivi régulier mais introduit surtout la notion de prévention de la récidive en opposition à une peine systématiquement punitive. Ces modalités sont donc assumées par le service pénitentiaire d’insertion et de probation.

Trois question à Lionel Lecomte, directeur du Spip

Quels sont les objectifs du Spip concernant la prévention de la récidive ?
Notre objectif n’est pas celui d’un service social mais bien celui de lutter contre la récidive. Notre travail est de repérer quels sont les éléments qui amènent un individu à commettre une infraction et travailler avec lui afin qu’il intègre la loi et ne soit pas amené à récidiver. Nous souhaitons sortir les gens de la délinquance, ce que nous appelons la "désistance".

Quels sont les moyens mis en place ?
Dans un objectif de structuration, les personnels du Spip nécessitent des référentiels et suivent des formations obligatoires en métropole avec une approche spécifique à l’aide d’outils d’évaluation, de techniques d’entretien et de travail partenarial. Nous avons la capacité de mettre en place un travail éducatif, le programme de prévention de la récidive se traduit d’ailleurs à travers la mise en place de groupes de parole destinés aux délinquants incarcérés animés par les personnels du Spip. Dans la mesure où nous travaillons avec des criminels, il nous faut aussi, à l’aide de la criminologie et de la psychologie cognitive, avoir une connaissance spécifique de la mécanique de passage à l’acte. Nous travaillons également avec des assistantes sociales car, bien souvent, la délinquance a un lien direct avec la précarité.

Qu’en est-il de la contrainte pénale ?
C’est une mesure appliquée dans les pays anglo-saxons et nordiques dont nous nous sommes inspirés et qui utilise tous les mécanismes évoqués précédemment. Nous avons donc une vraie logique dans le déploiement de notre stratégie pour agir efficacement contre la récidive.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 28 Mars 2017 à 18:00 | Lu 2371 fois