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Le Robinson internaute d'Indonésie retrouve la civilisation


PARIS, 20 novembre 2013 (AFP) - Gauthier Toulemonde voulait prouver que le télétravail est possible partout, et y est parvenu après 40 jours sur une île déserte d'Indonésie. Mais il a aussi appris qu'une bonne connexion ne protège pas de la solitude.

Depuis le 11 octobre, le directeur de la maison d'édition Timbropresse, rédacteur en chef de deux magazines, l'un philatélique, l'autre traitant de l'immobilier, s'est infligé une "robinsonade" spartiate et militante pour témoigner de l'abolition des distances. Accompagné, tout de même, d'un chien, d'une ribambelle de chats, d'un coq et d'une poule.

Il a été récupéré par bateau, mardi à l'aube, sur son îlot de 700 m de long sur 500 de large, couronné de sable blanc et à l'épaisse végétation tropicale.

Equipé d'un ordinateur et de téléphones satellites alimentés par des panneaux solaires, il est parvenu à mener à bien son travail quotidien de rédacteur en chef. Il a ainsi assuré le bouclage, avec son équipe en France, de trois numéros des magazines qu'il dirige.

"Le bilan est positif d'un point de vue professionnel, a déclaré à l'AFP par téléphone cet aventurier de 54 ans, la veille de son retour au monde moderne. A des milliers de kilomètres de distance, on peut s'en sortir avec les nouvelles technologies de la communication".

Voilà pour le message. Reste le réel, qui confirme qu'un citadin ne s'improvise pas du jour au lendemain ermite des tropiques, fût-il des temps modernes.

Le chien et deux chats rescapés

"C'est une tout autre histoire que de vivre comme Robinson, sous des pluies de mousson diluviennes, parmi les varans, les serpents ou des nuées d'insectes qui se lèvent après les orages dans la moiteur tropicale", raconte-t-il.

"Mon principal problème fut l'alimentation. J'avais apporté un stock de riz et de pâtes, pensant améliorer mon quotidien en pêchant. Mais je ne suis parvenu qu'à attraper quelques misérables poissons au prix d'heures efforts. Du coup, j'ai maigri de plus de dix kilos".

La "robinsonade" a été dévastatrice pour les animaux. Seuls le chien Gecko, nourri avec des boulettes, et deux chats adultes ont survécu, sur les quatre qu'il avait emmenés sur l'île.

Le coq, la poule, les deux autres chats et onze chatons venus au monde sur place ont trépassé, pour certains engloutis par des varans, en nombre sur ce morceau de terre émergée.

Gauthier Toulemonde, hormis son amaigrissement et, en début de séjour, une profonde entaille à la main vite soignée, n'a pas eu d'autre problème de santé.

L'isolement pénible et envahissant

"Mais je suis de toute évidence très affaibli, a-t-il confié. Mon emploi du temps me contraignait à me lever, compte tenu des tâches à accomplir d'ordre professionnel ou de survie, vers 4h30 du matin, une heure et demie avant l'aube, et à me coucher dans mon hamac, souvent aux alentours de minuit".

Le Robinson internaute a consacré ses derniers efforts à effacer toute trace de son passage sur cet îlot sauvage dont il n'a jamais révélé la localisation exacte, de crainte de recevoir la visite inopportune des pirates qui écument la région.

"Je n'ai jamais souffert de la solitude, grâce à la compagnie de Gecko, mon ami et gardien, mais la sensation d'isolement a été pénible, constante et envahissante", a-t-il ajouté, à la fois heureux et inquiet de retrouver le quotidien du XXIe siècle.

Quant à son fidèle compagnon à quatre pattes, emprunté au départ à son propriétaire, un Indonésien d'origine chinoise, s'en séparer serait un déchirement.

"Je vais proposer à son ancien maître de l'adopter", a-t-il expliqué. Prouvant, malgré lui, que rien ne vaut le vrai contact de proximité.

Rédigé par Par Patrick FILLEUX le Mercredi 20 Novembre 2013 à 04:58 | Lu 720 fois