Le "Robin des bois" cleptomane dort à Nuutania


PAPEETE, le 2 juillet 2015 - Il volait aux travailleurs pour donner aux sans-abris… Et surtout pour assouvir son besoin irrépressible de dérober des objets dès qu'il a bu.

Varoa M. a un casier judiciaire long comme l'ancien Testament. Depuis 1997 (il n'avait que 18 ou 19 ans) il a été condamné à 24 reprises… Et ce matin il est à nouveau sorti du tribunal les menottes aux poignets, direction Nuutania.

En un peu plus d'un mois, il avait volé pour plus d'un demi-million de francs entre Pirae et Mahina, dans des maisons et des sacs à mains dérobés dans des commerces. Il avait ainsi récupéré un ordinateur à Mahina le 30 juin, la recette d'un snack laissée dans un sac pas assez surveillé le 20, et même une grosse somme en liquide avec des chèques dans un portefeuille à Pirae le mois précédent.

Mais devant les juges, cet habitué des tribunaux ne montre aucune crainte ni même une légère inquiétude. Habitué à vagabonder quand il est libre, il semblait presque content de retourner en prison. Même s'il aurait aimé pouvoir passer quelques jours avec sa sœur avant… D'ailleurs, les juges noteront plusieurs fois lors de l'audience qu'avec son visage tatoué très reconnaissable et son grave manque de discrétion lors de ses méfaits, on ne peut pas dire qu'il cherche à éviter de se faire arrêter.

"LES 100 000 FRANCS J'AI DONNÉ POUR LES PAUVRES"

A la présidente de la cour lors de sa comparution immédiate, qui lui demande pourquoi il vole alors que son travail de jardinier au noir le fait vivre confortablement, il répond : "C'est quand je bois trop, ça me chatouille les mains de prendre des trucs." Il assure tout de même ne presque rien garder pour lui et redistribuer largement le fruit de ses larcins aux sans-emplois. Lorsque la cour abordait le cas de la centaine de milliers de francs dérobés à un snack de Arue tenu par une dirigeante de la fédération de voile, une conversation étrange a eu lieu avec la juge.

"Les 100 000 Fcfp j'ai donné pour les pauvres, ceux qui ne travaillent pas" commente-t-il.
"Vous voulez dire que vous volez aux travailleurs, pour donner à ceux qui ne travaillent pas ?" l'interpelle la juge.
"C'est ça. Ils n'ont pas d'argent mais c'est pas de leur faute, c'est parce qu'on ne leur donne pas de travail. Mais je vais rembourser tout ce que j'ai pris !"

Si personne n'a cru qu'il rendrait le moindre franc, sa générosité avec l'argent des autres semble authentique. Sa sœur le confirmera après la fin du procès : "oui c'est vrai, je le vois souvent en ville quand il a de l'argent, il donne tout aux sans-abris qui dorment par terre."

Mais les juges n'ont aucune sympathie pour les Robins des bois modernes. Devant son attitude déconnectée de la gravité de ses actes, ses petits sourires et son numéro de charme avec le procureur, les gendarmes qui l'entourent et ses victimes, même son avocate a renoncé à demander la clémence des juges. Elle se contentera de réclamer un suivi psychologique en prison, ce qui n'a jamais été fait.

Mais les juges ne suivront pas, et condamnent Varoa à 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt, et un message : "essayer de suivre une formation cette fois." Toujours souriant, il promet : "oui madame le juge, je voulais retourner à l'école!"

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 2 Juillet 2015 à 18:44 | Lu 1702 fois