Le Prairial est en arrêt technique jusqu'au 8 décembre


PAPEETE, le 17 août 2017 - La frégate de surveillance Le Prairial est sur le dock flottant depuis ce mercredi. Le navire est en arrêt technique majeur. Au programme : installation d'un nouveau bossoir, visite de la tourelle de 100 mm, mise en place d'un nouveau système de sécurité incendie… Le chantier, réalisé par Naval group (ex-DCNS), va employer entre 60 à 80 personnes au pic de son activité.

Ce mercredi matin le Prairial effectue des mouvements dans la rade de Papeete. L'équipage est à bord, mais il ne manœuvre pas. Le bâtiment est en poids mort, il ne peut plus se déplacer de lui-même. Il va entrer au dock, préalablement immergé pour l'opération. "À l'avant se trouve un bateau pousseur", décrit le commandant Joffrey Guerry en pointant son doigt vers un petit bateau fixé au Prairial. "Ce bateau pousseur tient le nez pour s'assurer que la frégate se mette dans l'axe. À L'arrière il y a un remorqueur."

"On est les yeux sous l'eau."


Le Prairial glisse sur l'eau. Non loin, des plongeurs se préparent pour une mise à l'eau. Ils sont cinq, trois d'entre eux assurent la sécurité des deux autres. Lesquels participent à la manœuvre du jour. C'est André Puairai et Daniel Teatiu, personnels civils. Ils vont passer près de deux heures sous l'eau, à 5 ou 6 mètres maximum de profondeur. "On est les yeux sous l'eau."

Le placement d'un navire sur un dock flottant s'effectue en plusieurs étapes. Après avoir été placé dans l'axe puis poussé à l'intérieur, le bateau doit être posé sur la ligne de tin avant que le dock ne sorte de l'eau pour la mise au sec. L’installation sur la ligne doit être parfaite, sans quoi le navire risque de se briser.

C'est à ce moment précis qu'André Puarai et Daniel Teatiu interviennent. Sous l'eau ils peuvent voir la position précise du bateau et envoyer des indications en surface pour ajuster son positionnement. Ils communiquent avec l’équipe du dock grâce à un bout. Ils ont des codes. "On fait trembler le bout, on le fait se décaler à bâbord ou tribord puis, quand il est bien placé, on tire fort."

Plusieurs milliards de Fcfp de travaux

Le Prairial sera en arrêt technique (ATM) jusqu'au 8 décembre officiellement. Des essais en mer seront réalisés en novembre. La maitrise d'œuvre est donnée à Naval Group (ex-DCNS) pour "plusieurs millions d'euros", rapporte Pierre Copeaux directeur de l'antenne du service de soutien de la flotte de Polynésie française sans préciser toutefois le montant total des travaux.

Il poursuit : "l'arrêt technique en cours est un arrêt technique majeur. Il a lieu en général tous les trois ans pour le Prairial. Nous profitons de cette occasion pour concentrer tous les travaux de modernisation." Pour cet arrêt 2017, un nouveau bossoir (dispositif de levage utilisé sur les navires pour hisser ou mettre à l'eau une annexe, embarcation de sauvetage…) va être installé, ce qui n'est pas en soi une opération technique mais du gros œuvre.

"Nous allons aussi mettre en place un nouveau système de détection incendie (en 2014 un incendie s'était déclaré sur la frégate de surveillance Nivôse affectée à l'île de la Réunion entraînant un renouvellement des systèmes de détection incendies sur les six navires basés en outremer, ndlr), faire la visite de la tourelle de 100 mm (le canon, ndlr), travailler sur les radars et antennes, refaire les peintures,…", indique Yaouen Lecoublet, chef de chantier pour Naval group.

Un ATM particulier

Le capitaine de frégate Luc Phol précise que l’arrêt technique en cours est particulier. "En 2014, il a été décidé de prolonger la durée de vie du Prairial. Nous allons donc effectuer des travaux qui vont permettre le maintien en vie du navire et notamment la remise à niveau de l’osmoseur, le changement des circuit d’eau à consommation humaine."

Au total, deux mille lignes de travaux sont prévues, c'est-à-dire 2000 opérations. L'équipage du Prairial en réalisera une partie, le reste sera assuré par Naval group et ses sous-traitants. Au pic des travaux 60 à 80 personnes travailleront sur le chantier. Le Bougainville (qui est lui aussi en arrêt depuis mercredi pour 10 jours) et l'Arago vont assurer les missions de surveillance en attendant le retour du Prairial.

À la fin de l’ATM, "nous devront relever le défi de la reprise de navigation et donc se remettre aux entrainements individuels pour que les hommes soient opérationnels le plus rapidement possible. En quatre mois à terre on va rouiller", plaisante le capitaine de frégate Luc Phol. Le prochain ATM est prévu en 2021 ou 2022.


Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 17 Aout 2017 à 20:04 | Lu 2307 fois