Le Port de Papeete en passe de devenir un "green" port


Un générateur photovoltaïque, réparti sur les toitures des parkings et du bâtiment pour une puissance crête de 99.7 kWc a été installé. Crédit PAP
Papeete, le 28 septembre 2018 - Le Port autonome de Papeete se met au vert. Panneaux photovoltaïques sur les toits, voitures électriques pour le personnel, travaux d'isolation du bâtiment… Ces différentes mesures mises en place à partir de 2014, ont permis de faire baisser la consommation énergétique de l'établissement de moitié.

"La politique du Port est volontariste dans sa démarche de transition énergétique. Nous voulons afficher notre ambition et notre image pour tendre vers le 'green' port. Cela est important car notre environnement est notre capital, que ce soit pour l'économie, le tourisme et bien sûr pour notre population locale", notait vendredi 28 septembre le directeur du port autonome, George Puchon.
A quelques heures de la fin de ses fonctions -puisqu'il passera la direction de l'établissement lundi 1er octobre à Jean-Paul Le Caill- George Puchon a souhaité souligner son attachement à la cause environnementale en montrant les efforts qui ont été réalisés pour transformer le "vieux" siège du Port autonome en un bâtiment propre.
"Ce bâtiment a été construit en 1972, soit pendant les pires années d'un point de vie écologique. Les travaux entrepris ont fait diminuer la consommation énergétique de 51%", explique Bran Quinquis, chargé de l'environnement au Port de Papeete.
Et pour apporter au bâtiment le côté écolo et économe, il a fallu faire des travaux, qui sont loin d'être anodins. Menés à partir de 2014 par le renouvellement des huisseries d’origine, puis en 2015, par l'isolation de la toiture permettant de diminuer l'usage de la climatisation, ils ont été suivis en 2016 par l'installation de lampes LED, nettement moins énergivores et dont la durée de vie est beaucoup plus longue.

UN GENERATEUR PHOTOVOLTAÏQUE

Bran Quinquis et George Puchon.
Mais surtout en 2018, le Port autonome de Papeete a installé "un générateur photovoltaïque réparti sur les toitures des parkings et du bâtiment pour une puissance crête de 99.7 kWc. Cette dernière vient s’ajouter à des dispositifs similaires de moindre envergure au port de Vaiare (4.9 kWc), à la cale de halage : 9.9 kWc, à l’immeuble " Petropole " (G6) de Papeava : 30 kWc et au terminal de commerce international : 83 KWc. L’objectif poursuivi est d’auto-consommer l’électricité produite sur place et de compléter les besoins en consommation en se connectant aux installations du réseau public", indique le Port.
Ce dispositif a fait baisser de 44,5% du montant de la facture EDT, entre juin et septembre 2018. D’un point de vue économique, l’investissement initial à hauteur de 39 millions francs devrait être amorti entre 9 et 10 ans.
Dans la même logique de réduction des dépenses énergétiques, le Port s'est doté de trois véhicules hybrides et de neuf véhicules électriques pour le personnel permettant de diviser par 4 les factures en carburant par an.
A terme, toutes ces mesures devraient permettre en 2019, une baisse de 45% par rapport à 2017 et surtout de 51% à l’aune de 2013, l’année antérieure à la transition énergétique.

George Puchon, directeur du Port autonome
" Le niveau de pollution d'un paquebot de croisière "

" Dans le cadre de la nouvelle organisation du Port autonome, nous avons souhaité qu'il y ait une personne chargée de l'environnement afin de définir une feuille de route, un schéma directeur pour les cinq prochaines années et à même de conduire les travaux déjà commencés (…).
Nous souhaitons également mener de grands dossiers qui relèvent d'accords internationaux avec les ports du Pacifique sud, notamment en matière d'émissions de soufre, de carbone, d'azote… Tout ce qui peut polluer l'atmosphère comme les cargos, les paquebots, les tankers. Cela fait partie des gros sujets. Selon des études en France, le niveau de pollution d'un paquebot de croisière, qui laisse ses groupes électrogènes tournés à quai, correspondrait à plusieurs milliers, si ce n'est de millions de véhicules en marche (…).
Les gouvernements central et polynésien mènent aussi des sujets importants sur les investissements nécessaires qui peuvent être coûteux dans le domaine de l'environnement".

Bran Quinquis, responsable du suivi et de la protection de l'environnement du Port de Papeete
"Mettre l'écologie au cœur même du Port"

"Mon travail regroupe toutes les thématiques environnementales qui touchent à la vie, à l'activité du Port. Cela va de la gestion de déchets en tout genre, des déchets sur site, des déchets embarqués, des déchets flottants dans la rade, des déchets du parc à poissons, au suivi de la biodiversité, des eaux du port, de la rade… Cela concerne également l'étude de la courantologie du Port, l'intégration des thématiques environnementales dans tous les projets du Port, la création d'une politique d'entreprise environnementale dans le Port. En résumé de mettre l'écologie au cœur même du Port !
On est un pays maritime de 5 millions de km2, on se doit d'être à la pointe dans cette thématique-là, c'est devenu un besoin mondial. Le transport maritime représente 3.5% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, c'est un gros poste. Les ports européens et américains ont une politique énergétique de plus en plus propre.
Concrètement, j'ai actuellement une quinzaine de dossiers comme la gestion des huiles usagées, le rappel du tri sélectif sur place, la synthèse bibliographique de toutes les études sur la courantologie dans le port…. Je travaille également sur le bilan carbone de ce bâtiment.
Enfin, il y a une prise de conscience du Port sur les gros bateaux de croisière. A moyen et long terme, on souhaite que ces gros navires ne tournent plus à quai avec des groupes électrogènes, mais sur des énergies plus renouvelables. Cela n'est pas encore très développé dans le Pacifique".

Rédigé par Pauline Stasi le Vendredi 28 Septembre 2018 à 15:09 | Lu 10747 fois