Les concerts acoustiques du mardi de Tihi et Ariipaia sont annulés, répercussion d'une lettre envoyée au procureur par un gendarme retraité octogénaire
PUNAAUIA, le 21 décembre 2015 - Le bar-restaurant Pink Coconut organisait jusqu'à présent un concert live chaque soir. Un programme presque divisé par deux désormais après l'ouverture d'une enquête pour tapage par la gendarmerie de Punaauia, après que le procureur a reçu une lettre de plainte d'un gendarme retraité.
La vie de musicien professionnel n'est pas de tout repos en Polynésie. Aucun statut adapté, peu de protection sociale, un revenu entièrement dépendant des concerts et animations disponibles depuis la mort du CD… Et de moins en moins de tolérance pour le bruit causé par leur art.
C'est ainsi que nous apprenons que le Pink Coconut, bar-restaurant basé à la Marina Taina de Punaauia connu dans le milieu pour proposer un concert en live tous les soirs de la semaine, a décidé de décommander la moitié de ses soirées suite à une plainte pour tapage.
Teiva LC, chanteur et propriétaire du restaurant, a imposé sa patte de musicien dans l'établissement en le spécialisant dans la musique live, une recette qui a le mérite de ramener du monde malgré la crise et qui permet de faire travailler régulièrement une demi-douzaine de groupes locaux. Il reste abasourdi par la situation : "c'est toujours la même chose avec ces soi-disant problèmes de nuisances sonores. Pour la dernière en date on a reçu les gendarmes la semaine dernière. Ils ont demandé à mon directeur de les accompagner à la gendarmerie, où il a appris que le procureur a reçu une lettre d'un gendarme retraité qui vit dans les environs. Le procureur a demandé à la gendarmerie d'ouvrir une enquête, et on nous a bien fait comprendre qu'il fallait qu'on arrête les concerts." L'artiste/entrepreneur souligne que cette fois-ci il ne s'agit pas d'un différent avec un plaisancier mais avec un voisin.
LES GENDARMES POURRAIENT SAISIR LE MATÉRIEL ET FERMER LE PINK
Selon le patron du Pink Coconut ces accusations sont sans fondement. Il prendrait ainsi toutes les précautions nécessaires : "on n'a pas installé de retour exprès et les enceintes sont dirigées vers la mer, donc le son ne va pas vers les habitations, qui sont de toute façon assez loin (NDA à 150 mètres minimum). On essaye au maximum d'arrêter la musique à 22h et on joue sans batteries et sans grosses basses pour éviter les sons qui portent…" Il est d'ailleurs très fier de raconter une anecdote où des policiers municipaux convoqués pour tapage nocturne par un voisin très regardant l'auraient rembarré en lui expliquant que même eux, de l'entrée du parking, n'entendaient rien…
Mais sous la menace d'un procès pour tapage qui pourrait déboucher sur une confiscation du matériel et une fermeture du restaurant, le musicien s'assure obligé d'annuler une partie des concerts de la semaine pour calmer le jeu auprès du procureur. Il essaie de préserver les soirées du mercredi au samedi, sans lesquels "on met la clé sous la porte" explique-t-il… Mais les concerts acoustiques de Silvio Cicero le lundi et de Tihi et Ariipaia le mardi ainsi que la scène ouverte du dimanche animée par Taloo & Mato sont annulés jusqu'à nouvel ordre. Une perte de revenus importante pour ces artistes qui touchaient 10 000 Fcfp de cachet par soir et par personne, alors que les opportunités pour se produire se font rares…
C'est aussi un coup dur pour les artistes amateurs de Tahiti puisque la scène ouverte du dimanche, mise en place en juillet dernier, était rapidement devenue un rendez-vous incontournable pour les musiciens voulant goûter à la scène avec du matériel professionnel mis à disposition. L'occasion de faire leurs premières armes en public dans un lieu convivial et très tolérant envers les jeunes talents.
LA GENDARMERIE ENQUÊTE
Le procureur de la République étant parti en vacances la semaine dernière et ses adjoints n'étant pas briefés sur le sujet, nous n'avons pas pu le faire réagir à cet article. Par contre la cellule communication de la gendarmerie nationale confirme qu'une enquête a été ouverte contre le Pink pour tapage "suite à des plaintes d'un ou plusieurs voisins". L'enquête durera le temps qu'il faut pour interroger les plaignants et les employés du restaurant, et les sanctions peuvent aller de l'amende à la fermeture administrative de l'établissement.
Concernant le fait que ce soit un gendarme à la retraite qui ait enclenché l'affaire (ce qui attire des soupçons de favoritisme), l'officier de communication de la gendarmerie balaie l'argument : "il y a bien un gendarme à la retraite, octogénaire, qui a écrit au procureur. C'est le ministère public qui a ordonné l'enquête. Le gendarme retraité connait la procédure et n'a donc pas écrit à la gendarmerie, qui n'aurait rien pu faire de cette lettre." Donc aucun traitement de faveur possible. Malgré tout l'officier reconnait que les gendarmes ont pu "sermonner le Pink pour des faits récurrents," mais insiste sur le fait que "la gendarmerie n'a pas l'autorité pour faire annuler des concerts" et que les annulations de soirées sont uniquement la décision de Teiva LC.
La vie de musicien professionnel n'est pas de tout repos en Polynésie. Aucun statut adapté, peu de protection sociale, un revenu entièrement dépendant des concerts et animations disponibles depuis la mort du CD… Et de moins en moins de tolérance pour le bruit causé par leur art.
C'est ainsi que nous apprenons que le Pink Coconut, bar-restaurant basé à la Marina Taina de Punaauia connu dans le milieu pour proposer un concert en live tous les soirs de la semaine, a décidé de décommander la moitié de ses soirées suite à une plainte pour tapage.
Teiva LC, chanteur et propriétaire du restaurant, a imposé sa patte de musicien dans l'établissement en le spécialisant dans la musique live, une recette qui a le mérite de ramener du monde malgré la crise et qui permet de faire travailler régulièrement une demi-douzaine de groupes locaux. Il reste abasourdi par la situation : "c'est toujours la même chose avec ces soi-disant problèmes de nuisances sonores. Pour la dernière en date on a reçu les gendarmes la semaine dernière. Ils ont demandé à mon directeur de les accompagner à la gendarmerie, où il a appris que le procureur a reçu une lettre d'un gendarme retraité qui vit dans les environs. Le procureur a demandé à la gendarmerie d'ouvrir une enquête, et on nous a bien fait comprendre qu'il fallait qu'on arrête les concerts." L'artiste/entrepreneur souligne que cette fois-ci il ne s'agit pas d'un différent avec un plaisancier mais avec un voisin.
LES GENDARMES POURRAIENT SAISIR LE MATÉRIEL ET FERMER LE PINK
Selon le patron du Pink Coconut ces accusations sont sans fondement. Il prendrait ainsi toutes les précautions nécessaires : "on n'a pas installé de retour exprès et les enceintes sont dirigées vers la mer, donc le son ne va pas vers les habitations, qui sont de toute façon assez loin (NDA à 150 mètres minimum). On essaye au maximum d'arrêter la musique à 22h et on joue sans batteries et sans grosses basses pour éviter les sons qui portent…" Il est d'ailleurs très fier de raconter une anecdote où des policiers municipaux convoqués pour tapage nocturne par un voisin très regardant l'auraient rembarré en lui expliquant que même eux, de l'entrée du parking, n'entendaient rien…
Mais sous la menace d'un procès pour tapage qui pourrait déboucher sur une confiscation du matériel et une fermeture du restaurant, le musicien s'assure obligé d'annuler une partie des concerts de la semaine pour calmer le jeu auprès du procureur. Il essaie de préserver les soirées du mercredi au samedi, sans lesquels "on met la clé sous la porte" explique-t-il… Mais les concerts acoustiques de Silvio Cicero le lundi et de Tihi et Ariipaia le mardi ainsi que la scène ouverte du dimanche animée par Taloo & Mato sont annulés jusqu'à nouvel ordre. Une perte de revenus importante pour ces artistes qui touchaient 10 000 Fcfp de cachet par soir et par personne, alors que les opportunités pour se produire se font rares…
C'est aussi un coup dur pour les artistes amateurs de Tahiti puisque la scène ouverte du dimanche, mise en place en juillet dernier, était rapidement devenue un rendez-vous incontournable pour les musiciens voulant goûter à la scène avec du matériel professionnel mis à disposition. L'occasion de faire leurs premières armes en public dans un lieu convivial et très tolérant envers les jeunes talents.
LA GENDARMERIE ENQUÊTE
Le procureur de la République étant parti en vacances la semaine dernière et ses adjoints n'étant pas briefés sur le sujet, nous n'avons pas pu le faire réagir à cet article. Par contre la cellule communication de la gendarmerie nationale confirme qu'une enquête a été ouverte contre le Pink pour tapage "suite à des plaintes d'un ou plusieurs voisins". L'enquête durera le temps qu'il faut pour interroger les plaignants et les employés du restaurant, et les sanctions peuvent aller de l'amende à la fermeture administrative de l'établissement.
Concernant le fait que ce soit un gendarme à la retraite qui ait enclenché l'affaire (ce qui attire des soupçons de favoritisme), l'officier de communication de la gendarmerie balaie l'argument : "il y a bien un gendarme à la retraite, octogénaire, qui a écrit au procureur. C'est le ministère public qui a ordonné l'enquête. Le gendarme retraité connait la procédure et n'a donc pas écrit à la gendarmerie, qui n'aurait rien pu faire de cette lettre." Donc aucun traitement de faveur possible. Malgré tout l'officier reconnait que les gendarmes ont pu "sermonner le Pink pour des faits récurrents," mais insiste sur le fait que "la gendarmerie n'a pas l'autorité pour faire annuler des concerts" et que les annulations de soirées sont uniquement la décision de Teiva LC.
"Si il est vraiment exposé au bruit non-stop, je peux comprendre"
Le bassiste/guitariste du duo Taloo&Mato, le groupe qui animait la scène ouverte du dimanche, ne semble pas en vouloir au voisin à l'origine de la plainte : "Honnêtement, si je me mets à la place de celui qui a porté plainte, ce qui peut choquer c'est l'exposition au bruit du lundi au dimanche. Après je ne sais pas où il habite, normalement si il habite derrière le Pink, nous on envoie le son vers la mer et je trouve qu'on était les moins bruyants de la semaine. Mais si il est exposé au bruit non-stop, je peux comprendre."
Il regrette pourtant l'annulation de la scène ouverte : "Je trouvais qu'il y avait vraiment du potentiel, beaucoup de gens qui font de la musique et ne pouvaient pas s'exprimer. Il n'y a rien pour les musiciens amateurs, à part les jeunes de 18 à 25 ans. Ces musiciens jouent entre eux à l'apéro mais ne sortaient pas. Le dimanche ils pouvaient venir sans avoir l'impression d'être à une fête de garderie au Morrisson's ou au Mango… sans être méchant. Et chaque semaine on avait de sacrées surprises, des gars super talentueux qu'on ne voit jamais, ou des instruments improbables. On a vu un accordéon, une flute traversière, un saxo… On avait aussi beaucoup de jeunes artistes qu'on ne connait pas encore, par exemple beaucoup des chanteurs qui ont enregistré au Studio Live Session venaient s'essayer à la scène au Pink le dimanche."
Le bassiste/guitariste du duo Taloo&Mato, le groupe qui animait la scène ouverte du dimanche, ne semble pas en vouloir au voisin à l'origine de la plainte : "Honnêtement, si je me mets à la place de celui qui a porté plainte, ce qui peut choquer c'est l'exposition au bruit du lundi au dimanche. Après je ne sais pas où il habite, normalement si il habite derrière le Pink, nous on envoie le son vers la mer et je trouve qu'on était les moins bruyants de la semaine. Mais si il est exposé au bruit non-stop, je peux comprendre."
Il regrette pourtant l'annulation de la scène ouverte : "Je trouvais qu'il y avait vraiment du potentiel, beaucoup de gens qui font de la musique et ne pouvaient pas s'exprimer. Il n'y a rien pour les musiciens amateurs, à part les jeunes de 18 à 25 ans. Ces musiciens jouent entre eux à l'apéro mais ne sortaient pas. Le dimanche ils pouvaient venir sans avoir l'impression d'être à une fête de garderie au Morrisson's ou au Mango… sans être méchant. Et chaque semaine on avait de sacrées surprises, des gars super talentueux qu'on ne voit jamais, ou des instruments improbables. On a vu un accordéon, une flute traversière, un saxo… On avait aussi beaucoup de jeunes artistes qu'on ne connait pas encore, par exemple beaucoup des chanteurs qui ont enregistré au Studio Live Session venaient s'essayer à la scène au Pink le dimanche."