Le Pays veut encourager l’utilisation des plantes médicinales


Le gouvernement consacrait déjà une partie des orientations stratégiques 2015-2014 à la médecine traditionnelle. Photo d'illustration : AFP
PAPEETE, le 21 février 2019. La Direction de l’agriculture a lancé mi-février un appel pour trouver un spécialiste qui réalisera une "étude juridique de la réglementation" et qui fera des "propositions » pour « favoriser le développement des plantes à usage aromatique, médicinal et cosmétique ».

Le Pays s'intéresse sérieusement à l'utilisation des plantes du fenua à usage médicinal, mais aussi aromatique ou cosmétique. Le 12 février dernier, la Direction de l'agriculture a lancé un appel pour trouver un spécialiste capable de réaliser une "étude juridique de la réglementation polynésienne" et d'émettre des "propositions d’adaptation en vue de favoriser le développement des plantes à usage aromatique, médicinal et cosmétique et quelques autres plantes à usages non directement alimentaires".

La Direction de l'agriculture précise que le prestataire réalisera un "rapport sur le statut juridique des plantes et des professions liées à leurs usages. Il présentera la situation actuelle, les points faibles et manques constatés et la nature des améliorations à apporter ».

Cette étude devra dresser un panorama large et aborder les plantes médicinales, les plantes aromatiques, à parfum et cosmétiques et les compléments alimentaires.

Un zoom sur le kava
La direction de l'agriculture souhaite que cette étude précise pour chaque" catégorie de plantes, les réglementations applicables en Polynésie française, en France, en Europe et relatives à leur importation et exportation, leur production, leur commercialisation et leur utilisation". La Direction de l'agriculture demande que le "cas du kava, Piper methysticum, (soit) plus particulièrement exposé". "Le prestataire proposera des amendements aux textes existants ou la mise en place d’outils réglementaires complémentaires pour favoriser leur culture, leur transformation sur le territoire, leur usage et leur commercialisation sur le marché local et international", ajoute la Direction de l'agriculture.

Un statut pour les professionnels
La Direction de l'agriculture souhaite aussi travailler sur le "statut professionnel des différents intervenants utilisateurs de ces plantes" et attend donc "des propositions pour conforter ou créer des statuts professionnels adaptés à ces filières".
Une autre partie de l'étude portera sur les améliorations à apporter à la loi du Pays de 2012 relative aux ressources biologiques et au partage des avantages résultant de leur valorisation pour que les savoirs traditionnels polynésiens soient bien protégés.
Cette loi du Pays n'a jamais été suivie par un arrêté d'application. Il devient donc urgent de trouver comment agir et réglementer à moyen et long termes pour protéger nos savoirs traditionnels mais aussi les vertus encore inconnues de notre biodiversité.

"Notre administration et notre réglementation ne sont pas aboutis par rapport au standard que l'on voit dans les outre-mer ou dans les pays anglo-saxons qui nous entourent", reconnaissait en novembre Tearii Alpha, ministre de l'Economie verte. "Nous devons avancer vers une meilleure réglementation qui protège les accès, les partages et les avantages de ce domaine. Ne perdons pas de temps à avancer seul. Il faut qu'on s'inscrive dans un standard européen. L'exemple français européen pourrait nous rendre relativement leader dans la région Pacifique. Avançons vite, cela fait 10 ans que nous attendons que la réglementation évolue."
Le ministre ajoutait : "Ce sujet est très important car on voit des pays qui ont été pillés par les grandes firmes internationales. Il ne faut pas que cela nous arrive".

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 21 Février 2019 à 11:28 | Lu 3309 fois