La semaine de l'Économie Sociale et Solidaire a débuté mardi dernier et se déroule jusqu’à ce vendredi. Crédit photo : Thibault Segalard
Tahiti, le 18 novembre 2024 - Le gouvernement souhaite développer et structurer le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce modèle économique qui repose sur l'intérêt commun existe déjà au Fenua mais n'est pas encore optimisé comme le Pays le voudrait. À l’occasion de la Semaine de l’ESS, dont l'une des conférences s'est tenue ce lundi à présidence, les acteurs locaux et le Pays ont échangé pour bâtir une feuille de route ambitieuse, visant à structurer ce modèle localement.
Le gouvernement polynésien affiche sa volonté de développer l’économie sociale et solidaire (ESS), un modèle alternatif visant à concilier activité économique et utilité sociale. Axée sur des actions servant l’intérêt général, l’ESS regroupe un ensemble d’organisations – coopératives, mutuelles, associations ou fondations – dont le fonctionnement repose sur les principes de solidarité et d’impact social. Dans cette optique, la Semaine de l’économie sociale et solidaire, qui se déroule jusqu’à ce vendredi 22 novembre, est organisée par le Pays, en partenariat avec l’Agence de développement économique (ADE) et l’Agence française de développement (AFD), afin de structurer une vision à long terme de ce secteur au Fenua
Une semaine pour dessiner l’avenir de l’ESS
Ce lundi, l'évènement a rassemblé, de nombreux acteurs de l'ESS en Polynésie, à l'occasion d'ateliers participatifs. De nombreux représentants du gouvernement et de l'État étaient également présents comme le président du Pays Moetai Brotherson, le ministre des Finances, Warren Dexter, et le haut-commissaire Éric Spitz, qui ont réaffirmé leur engagement en faveur du développement de ce modèle.
Lors de son intervention, le représentant de l’État a ainsi insisté sur le caractère crucial de l’ESS pour répondre aux défis contemporains : “Bien plus qu’une simple tendance, l’économie sociale et solidaire est une réponse profonde et audacieuse aux grands défis qui façonnent notre monde : la précarité, la fracture sociale, la crise environnemental... Elle incarne une vision différente de l'économie, fondée sur l'humain.” Un message d’autant plus pertinent en Polynésie, que “20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté”, a-t-il également rappelé.
Structurer et amplifier un modèle déjà existant
Benoît Hamon, président de ESS France, a également pris part à cette matinée par visioconférence. Dans son intervention, il a souligné que l’ESS n’était pas une idée nouvelle en Polynésie, mais une réalité déjà présente à travers diverses initiatives locales, notamment dans les secteurs agricoles, de la transformation et des services à la personne.
Cependant, selon lui, l’enjeu majeur est de permettre un changement d’échelle : “L’économie sociale et solidaire existe déjà, mais elle doit être structurée pour se développer dans le temps et éviter que les richesses générées fuient le territoire. Il s’agit de construire une économie durable tournée vers l’intérêt général.” Benoît Hamon a également rappelé le rôle clé de l’ESS comme “coproductrice de l’intérêt général”, capable de combler les lacunes laissées par les secteurs public et privé : “Partout dans le monde, des initiatives citoyennes émergent pour répondre à des besoins que ni le service public, ni le secteur privé conventionnel ne jugent suffisamment rentables. C’est précisément dans cet intervalle que l’ESS trouve sa place la plupart du temps.”
Le gouvernement polynésien affiche sa volonté de développer l’économie sociale et solidaire (ESS), un modèle alternatif visant à concilier activité économique et utilité sociale. Axée sur des actions servant l’intérêt général, l’ESS regroupe un ensemble d’organisations – coopératives, mutuelles, associations ou fondations – dont le fonctionnement repose sur les principes de solidarité et d’impact social. Dans cette optique, la Semaine de l’économie sociale et solidaire, qui se déroule jusqu’à ce vendredi 22 novembre, est organisée par le Pays, en partenariat avec l’Agence de développement économique (ADE) et l’Agence française de développement (AFD), afin de structurer une vision à long terme de ce secteur au Fenua
Une semaine pour dessiner l’avenir de l’ESS
Ce lundi, l'évènement a rassemblé, de nombreux acteurs de l'ESS en Polynésie, à l'occasion d'ateliers participatifs. De nombreux représentants du gouvernement et de l'État étaient également présents comme le président du Pays Moetai Brotherson, le ministre des Finances, Warren Dexter, et le haut-commissaire Éric Spitz, qui ont réaffirmé leur engagement en faveur du développement de ce modèle.
Lors de son intervention, le représentant de l’État a ainsi insisté sur le caractère crucial de l’ESS pour répondre aux défis contemporains : “Bien plus qu’une simple tendance, l’économie sociale et solidaire est une réponse profonde et audacieuse aux grands défis qui façonnent notre monde : la précarité, la fracture sociale, la crise environnemental... Elle incarne une vision différente de l'économie, fondée sur l'humain.” Un message d’autant plus pertinent en Polynésie, que “20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté”, a-t-il également rappelé.
Structurer et amplifier un modèle déjà existant
Benoît Hamon, président de ESS France, a également pris part à cette matinée par visioconférence. Dans son intervention, il a souligné que l’ESS n’était pas une idée nouvelle en Polynésie, mais une réalité déjà présente à travers diverses initiatives locales, notamment dans les secteurs agricoles, de la transformation et des services à la personne.
Cependant, selon lui, l’enjeu majeur est de permettre un changement d’échelle : “L’économie sociale et solidaire existe déjà, mais elle doit être structurée pour se développer dans le temps et éviter que les richesses générées fuient le territoire. Il s’agit de construire une économie durable tournée vers l’intérêt général.” Benoît Hamon a également rappelé le rôle clé de l’ESS comme “coproductrice de l’intérêt général”, capable de combler les lacunes laissées par les secteurs public et privé : “Partout dans le monde, des initiatives citoyennes émergent pour répondre à des besoins que ni le service public, ni le secteur privé conventionnel ne jugent suffisamment rentables. C’est précisément dans cet intervalle que l’ESS trouve sa place la plupart du temps.”
Warren Dexter, ministre de l'Économie : “L'entrepreneuriat classique n'est toujours adapté aux Polynésiens”
L'ESS existe déjà sur le territoire. Avec l'organisation de cet événement, quel est l'objectif du gouvernement ?
“De fait l'ESS existe déjà sur le territoire, c'est ce qu'on appelle l'entrepreneuriat communautaire. Maintenant l'idée c'est de la structurer sur une feuille de route avec l'expérience de ESS France. L'idée c'est vraiment d'organiser la filière ; que les porteurs de projet puissent identifier les projets dans lesquels ils pourraient s'inscrire. Des niches inexploitées encore notamment. Après il y aura à structurer tout le volet des aides du Pays, car on sait que lorsqu'on lance de nouveaux produits, il est difficile d’avoir l'appui des banques. L'appui du Pays sera donc déterminant, en aides fiscales ou en soutien financier. J'espère que d'ici la fin de la semaine, on aura des éléments, des idées, une manière de règlementer, pour construire cette feuille de route. J'ai hâte de voir ce qui va en ressortir.”
Le Pays a donc une véritable volonté de développer l'ESS ?
“Oui complètement. Chaque année, il y a beaucoup d'entreprises qui ouvrent, mais aussi beaucoup qui se ferment. L'entrepreneuriat classique n'est toujours adapté aux Polynésiens. Il faut se battre pour dénicher des contrats, anticiper l'avenir, tout ça, ce n'est pas trop le truc des Polynésiens. L'ESS c'est différent : c'est de l'entrepreneuriat mais où l'intérêt du profit financier est moins là. Il y a moins de pression. Donc je suis à fond derrière ce dossier.”
“De fait l'ESS existe déjà sur le territoire, c'est ce qu'on appelle l'entrepreneuriat communautaire. Maintenant l'idée c'est de la structurer sur une feuille de route avec l'expérience de ESS France. L'idée c'est vraiment d'organiser la filière ; que les porteurs de projet puissent identifier les projets dans lesquels ils pourraient s'inscrire. Des niches inexploitées encore notamment. Après il y aura à structurer tout le volet des aides du Pays, car on sait que lorsqu'on lance de nouveaux produits, il est difficile d’avoir l'appui des banques. L'appui du Pays sera donc déterminant, en aides fiscales ou en soutien financier. J'espère que d'ici la fin de la semaine, on aura des éléments, des idées, une manière de règlementer, pour construire cette feuille de route. J'ai hâte de voir ce qui va en ressortir.”
Le Pays a donc une véritable volonté de développer l'ESS ?
“Oui complètement. Chaque année, il y a beaucoup d'entreprises qui ouvrent, mais aussi beaucoup qui se ferment. L'entrepreneuriat classique n'est toujours adapté aux Polynésiens. Il faut se battre pour dénicher des contrats, anticiper l'avenir, tout ça, ce n'est pas trop le truc des Polynésiens. L'ESS c'est différent : c'est de l'entrepreneuriat mais où l'intérêt du profit financier est moins là. Il y a moins de pression. Donc je suis à fond derrière ce dossier.”
Moea Pereyre, présidente de l'association Tia'i Fenua : “Répondre à un besoin commun, pour l'intérêt commun”
Vous participez, en tant qu'intervenante notamment, à cette première édition de la Semaine de l'économie sociale et solidaire. Quel projet allez-vous présenter ?
“Je suis en train de créer un réseau de ressourceries et de recycleries dans l'ensemble de la Polynésie française. Une recyclerie, c'est un espace dédié à la valorisation de tous les déchets que l'on produit au quotidien, notamment les déchets électriques et électroniques, mais aussi tout ce qui est issu du bois, comme l'ameublement, le bois de palette, et enfin le textile. L'objectif à terme, sur lequel nous travaillons depuis quatre ans, est de réduire les déchets. Aujourd'hui, ces derniers sont enfouis ou rapatriés sur Tahiti pour être enfouis ensuite. En milieu insulaire, cette problématique est cruciale, car les îles disposent de surfaces terrestres limitées.”
En quoi ce projet s'articule-t-il autour de l'économie sociale et solidaire ?
“Les actions que nous développons répondent à un besoin commun, pour l'intérêt commun, car nous sommes tous concernés par les déchets. Nous faisons également de l'insertion sociale et professionnelle grâce à l'agrément “Structure d'Insertion Sociale par l'Activité Économique” (SISAE), que nous attendons de voir arriver au niveau juridique. Cet agrément nous permettra de créer de vrais emplois. En parallèle, nous professionnalisons cette activité en créant un organisme de formation dédié à ces nouveaux métiers, ceux du réemploi, pour davantage de résilience dans le territoire insulaire. Tout cela vise à converger vers une autonomisation de la population.”
“Je suis en train de créer un réseau de ressourceries et de recycleries dans l'ensemble de la Polynésie française. Une recyclerie, c'est un espace dédié à la valorisation de tous les déchets que l'on produit au quotidien, notamment les déchets électriques et électroniques, mais aussi tout ce qui est issu du bois, comme l'ameublement, le bois de palette, et enfin le textile. L'objectif à terme, sur lequel nous travaillons depuis quatre ans, est de réduire les déchets. Aujourd'hui, ces derniers sont enfouis ou rapatriés sur Tahiti pour être enfouis ensuite. En milieu insulaire, cette problématique est cruciale, car les îles disposent de surfaces terrestres limitées.”
En quoi ce projet s'articule-t-il autour de l'économie sociale et solidaire ?
“Les actions que nous développons répondent à un besoin commun, pour l'intérêt commun, car nous sommes tous concernés par les déchets. Nous faisons également de l'insertion sociale et professionnelle grâce à l'agrément “Structure d'Insertion Sociale par l'Activité Économique” (SISAE), que nous attendons de voir arriver au niveau juridique. Cet agrément nous permettra de créer de vrais emplois. En parallèle, nous professionnalisons cette activité en créant un organisme de formation dédié à ces nouveaux métiers, ceux du réemploi, pour davantage de résilience dans le territoire insulaire. Tout cela vise à converger vers une autonomisation de la population.”