Le Pays a deux mois pour présenter un plan de réformes à l’Etat


L’horloge tourne à toute vitesse pour la Polynésie, qui s’est engagée ce week-end à soumettre avant le 30 juin un plan de redressement de ses finances à son assemblée. Samedi, le vice-président Tony Géros a signé avec le Haut-commissaire de la République un protocole d’accord : le pays promet de faire des économies drastiques de fonctionnement, dès cette année. Les travaux sur ce plan d’action, qui doit être achevé dans le délai record de deux mois, seront pilotés par un comité interministériel.

Mis au pied du mur par la situation financière catastrophique de la Polynésie, le gouvernement d’Oscar Temaru ne parle plus d’ingérence de l’Etat. Il doit accepter toutes ses exigences, à commencer par la vente de l’immeuble du boulevard Saint-Germain. « Nous avions proposé de transformer la vente en valorisation, par la location par exemple. Mais cela a été refusé au motif que cette modification du contrat de prêt nécessitait de reconvoquer le conseil d’administration de l’AFD, et donc de repousser encore l’obtention du prêt… » explique Antony Géros. Sur ce point, comme sur tous les autres, le Pays a donc dû céder face aux desiderata de l’Etat.


Suppression de SEM, non-remplacement des départs à la retraite...

A. Geros brandit le protocole signé entre le Pays et l'Etat
Conséquence immédiate de cet accord sur la vente du 28, bvd Saint-Germain : la première partie du prêt, soit 2 milliards, va être prochainement débloquée (d’ici la fin du mois selon le ministère de l’Outre-mer). Pour le reste, (soit 3 milliards), l’AFD attend la présentation de ce fameux plan de redressement. Il s’agit d’un emprunt à un taux de 4,59%, sur 18 ans, dont les premières échéances ne tomberont qu’en 2013. Malgré cet emprunt avantageux, le pays aura encore besoin de plusieurs milliards pour couvrir ses besoins en trésorerie au titre du budget 2011 : pour cela il pourrait se tourner vers les autres bailleurs de fonds, que l’accord entre l’AFD et le Pays aura rassuré sur les perspectives financières de la Polynésie.

« Je ne peux encore donner aucun chiffre quant aux économies que nous allons réaliser », a toutefois annoncé le vice-président lundi matin. Avant de prendre des décisions, le Pays entend « réunir le maximum d’informations sur le fonctionnement des services ». Mais le vice-président prévient d’ores et déjà que des établissements publics devront fusionner ou fermer, et que les fonctionnaires partant à la retraite ne seront pas remplacés. Et ce n’est pas tout. Réduction du nombre de ministères, réduction du nombre de collaborateurs dans les cabinets… Toutes ces exigences de l’Etat figureront bien dans le plan de redressement du Pays.. « Nous devons réorienter notre économie » a également annoncé Antony Geros, qui travaille en étroite collaboration avec le ministre de l’économie Pierre Frebault. Une « réonrientation » qui devrait être conforme aux objectifs déjà fixés par le président Oscar Temaru, c’est-à-dire le développement du secteur primaire (agriculture, aquaculture, élevage). « Nous n’avons plus la capacité à soutenir l’économie via le secteur du BTP comme cela a été fait ces dernières années avec l’hôpital », reconnaît Antony Geros, qui espère donc le soutien de l’Etat pour le développement d’autres secteurs, comme celui des énergies renouvelables. Le vice-président travaille enfin à la mise en place d’un « terrain réglementaire » pour l’ouverture à la concurrence, et à la réforme de la fiscalité.

« Nous n’avons pas beaucoup de temps », rappelle Antony Geros. Si l’Assemblée doit se réunir avant le 30 juin pour un avis sur son plan de réformes, le texte doit quant à lui avoir été déposé avant le 15 juin, délai réglementaire oblige.

Rédigé par F K le Lundi 2 Mai 2011 à 12:11 | Lu 884 fois