"Le Medef Polynésie n'est pas au bord du quai à regarder passer le train"


Olivier Kressmann annonce qu'il se représente pour un nouveau mandat à la tête du MEDEF
PAPEETE, le mercredi 16 mars 2016 - Le MEDEF renouvelle son bureau jeudi après-midi. A cette occasion Olivier Kressmann actuel président du MEDEF qui vise un nouveau mandat a accepté de revenir sur ses deux ans à la tête du syndicat des patrons et de nous en dresser un bilan.

Question : Rapidement que retenez-vous de ce premier mandat ?
Olivier Kressmann : Aujourd'hui, le dialogue, l'aide et l'entre-aide sont vraiment essentiels pour pouvoir avancer. Nous sommes aujourd'hui dans des problématiques tellement complexes qu'on a besoin les uns des autres et que cette dimension de dialogue social avec les partenaires est vraiment incontournable.
Par ailleurs, nous sommes passés de 16 organisations sectorielles à 20 organisations sectorielles en deux ans, soit au global environ 150 sociétés adhérentes de plus. C'est bien la réponse à ce travail que j'ai souhaité, d'affirmer plus que jamais le MEDEF comme un partenaire de défense des intérêts des entreprises en général, par là j'entends l'entité entreprise et non le seul patron. Cette croissance d'adhérents est bien la démonstration que les chefs d'entreprise ont compris l'importance d'une représentation.

Q : Quels sont les principaux dossiers que vous avez mené à terme ces deux dernières années ?
En priorité le dossier le plus lourd à conduire, c'est l'obtention en fin de l'année dernière de la prorogation à 2025 du dispositif de défiscalisation qui était prévu en terme à 2017. C'est quand même dix ans de visibilité de plus, c'est un élément extrêmement important pour les investisseurs. Un combat important, dont la réussite est due à l'association du monde économique avec le monde politique.
L'autre dossier important est la mise en place de la Haute Autorité à la concurrence qui était un sujet attendu par les chefs d'entreprises. C'est une réalité aujourd'hui, il reste maintenant à la laisser travailler et à avoir confiance en son indépendance et en sa volonté d'optimiser notre modèle économique et donc à ne pas laisser de situations monopolistiques excessives ou des situations abusives perdurer. C'est un plus mais c'est aussi un moins car ça crée des inquiétudes.
En attente de mise en œuvre, il reste également le dossier sur la réforme de l'impôt sur la transaction. C'est un sujet délicat qui forcément ne peux pas plaire à tout le monde, mais qui se fait dans un souci d'équité fiscale. C'est un travail mené en commun avec la direction des impôts et le ministère de la relance économique qui devrait être mis en place prochainement. Les bases sont là, elles sont saines, reste maintenant à ce qu'elles se développent.

Q : Quels sont les chantiers qu'il reste à finaliser ?
Il reste à finaliser un dossier important: la réforme de la protection sociale généralisée (PSG). La réforme des retraites est un sujet urgent à valider dans cette réforme.
La partie maladie a elle aussi besoin d'être réformée tant sur l'organisation de l'autorité la gouvernance de la caisse de prévoyance sociale que sur les principes de cotisation. C'est aujourd'hui en train de se concrétiser puisque c'est le thème des rencontres de la présidence et des représentants sociaux. C'est un dossier prioritaire.
Un autre sujet important à venir se concentre sur la problématique de création de l'emploi. Créer de l'emploi tout comme investir ne se décrète pas. Ces mécanismes répondent à une visibilité donnée par les orientations économiques du pays. Ils passent aussi par une relance économique qui dépend de la commande publique. Or tout cela ne peut pas passer autrement que par une réforme du code du travail. Il en va de la responsabilité pour les générations future des partenaires sociaux et du courage politique.

Q : Les principales difficultés rencontrées dans cette mandature ?
Le changement de gouvernement parce qu'il a été accompagné d'une pollution des guerres politiques. Elles ont malheureusement détourné le gouvernement de la priorité économique qu'il devait avoir.

Q: Vous représentez-vous pour un nouveau mandat ?
Oui, mais ce sera je pense la dernière parce que 4 ans à la présidence du MEDEF ça prend beaucoup de temps, j'ai quand même une société à faire tourner dans un monde qui évolue très vite. Je pense que le MEDEF Polynésie doit changer de tête, de discours et quatre ans c'est bien et je pense même que c'est assez.

Q : Quels sont vos objectifs pour la nouvelle mandature ?
Poursuivre ce travail de cohésion, d'échange et de travail constructif avec les partenaires économiques et sociaux.
Faire aboutir tout ça, rendre les clefs du camion avec une économie relancée et surtout ma réussite sera vraiment quand j'aurais le sentiment d'être dans un vrai partage avec les partenaires sociaux et le gouvernement d'un travail d'optimisation de notre vie économique avec des développements dans des domaines où nous sommes resté très timorés comme bien sur le numérique mais encore plus toute l'économie de l'eau sans oublier le tourisme où la aussi nous devons nous montrer inventif.

Q : La stratégie économique du gouvernement vous semble-elle adaptée à la conjoncture économique de la Polynésie Française ?
L'esprit et les intentions sont adaptés, maintenant il faut que les actes suivent. Nous pouvons comprendre qu'on ne rectifie par le tir de dix ans d'errance en quelques mois. Nous avons été patients en 2015 mais il faut que maintenant les choses se mettent en marche et je compte sur le gouvernement pour les mettre en œuvre. Dans tous les cas nous y veillerons. Le MEDEF Polynésie n'est pas au bord du quai à regarder passer le train.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mercredi 16 Mars 2016 à 17:35 | Lu 1816 fois