Olivier Kressmann, président du Medef et P-dg d'Informatique de Tahiti
PAPEETE, le 15 juillet 2015 - Olivier Kressmann, le patron des patrons polynésiens, semble plutôt satisfait des annonces de Teva Rohfritsch, avec une simplification des démarches administratives, un appel aux investisseurs locaux et une gestion prudente des projets Mahana Beach et de ferme aquacole à Hao. Mais il critique le manque de stabilité du gouvernement et l'étrange disparition des radars de la mission Kahn.
Teva Rohftisch a annoncé vouloir relancer les projets locaux qui étaient dans les cartons depuis plusieurs années. Qu'en savez-vous et qu'en pensez-vous ?
"Ce que j'en sais c'est qu'il y a aujourd'hui des investisseurs locaux qui sont prêts à mettre de nouveau la main au portefeuille et à s'investir dans des développements structurants dans le Pays. Le SWAC de l'hôpital en fait partie. Il était ficelé, même financièrement, en 2012. Il avait subi un coup de frein malheureux ces dernières années, avec des problèmes administratifs. Un autre projet est le bouclage de l'île au Nord, au niveau électrique avec la TEP, qui lui aussi était dans une souffrance clairement administrative puisqu'il manquait un CA pour entériner les décisions. C'est un dossier qui devrait maintenant aboutir assez vite et il y a beaucoup d'entreprises polynésiennes dans le domaine des travaux publics qui sont concernées. Après, je ne suis pas au courant de tous les projets d'investissements, mais bien sûr qu'il y en a.
Tout ça ce sont des bonnes nouvelles. On entend une vision de la relance économique qui ne soit pas uniquement à base d'investisseurs étrangers et de projets très conséquents comme le Mahana Beach, qui globalement sont des projets qui, selon les professionnels, mettront cinq à six ans à aboutir. Mais là on a besoin de projets pour tout de suite.
C'est d'ailleurs pour ça que j'étais le mois dernier à Paris remettre encore sur la table le dossier de la défiscalisation, qui n'est toujours pas prorogé. Cela fait que des projets privés, qui sont dans un manque de fonds propres pour être lancés, n'arrivent pas à rassurer leurs banquiers et obtenir les prêts bancaires pour boucler leurs dossiers."
Teva Rohfritsch a annoncé une réflexion sur des aménagements fiscaux pour succéder à la défiscalisation locale, qui coûtait trop cher. De quelles mesures nos entreprises ont-elles besoin ?
"Plus que des moyens financiers, ce que les entreprises veulent c'est de la visibilité. Au sens d'une stabilité de développement économique. Ne nous voilons pas la face, nous sommes toujours dans une instabilité politique, on le voit à chaque fois qu'il y a un débat à l'Assemblée. Et cette instabilité donne une manque de visibilité, et donc de l'inquiétude. Des projets qui auraient pu se lancer, même petits à 100 millions, sont sous le coude. Car les investisseurs ont des craintes et les banque aussi se demandent si le projet ira à terme. Et puis il y a des lourdeurs administratives."
Quels types de lourdeurs ?
"Depuis 10 ans nous avons une administration qui a été amenée à presque s'autogérer, avec des changements de gouvernements en permanence, donc l'administration s'est cloisonnée par activité. Quand vous arrivez avec un projet qui a des besoins transversaux dans différents services c'est un vrai casse-tête et vous perdez un temps fou.
Par exemple pour construire un immeuble, ceux qui ont de la chance et sont connus auront peut-être un délai de traitement de 12 mois. Pour les autres, ce sera 18 mois, voire plus. C'est complètement aberrant dans une région comme la nôtre."
Le gouvernement Fritch a annoncé une grande loi de simplification administrative pour le deuxième semestre. Le Président a demandé à tous les services de faire remonter les documents ou procédures inutiles ou trop complexes. Est-ce un pas dans la bonne direction ou vaudrait-il mieux chercher d'autres solutions, comme des guichets uniques pour les entreprises ?
"Les guichets uniques sont une bonne solution à condition que derrière les choses se déroulent. Donc le point de départ c'est d'aller remettre de l'ordre aux endroits où le travail se fait et où les décisions sont prises. Une expression que j'utilise souvent est "quand on veut nettoyer un escalier, on commence par le haut." Et bien c'est la même logique, il faut commencer par le bon endroit. Et le bon endroit c'est de simplifier les processus, alléger les arrêtés ou façons de procéder trop lourdes ou trop différentes de ce que les autres services ont besoin à côté. Mais ce n'est pas une question d'homme, c'est une histoire de 10 années de visions contradictoires dans l'administration.
Je pense que ce qu'ils sont en train de faire dans l'administration va dans la bonne direction. Il nous faut une administration beaucoup plus percutante, et il y a des choses qui sont faites qui sont remarquables. Si on prend la direction des impôts, elle a su faire un changement important dans son organisation. Ça doit pouvoir se faire partout, et ça fait partie des grands principes énoncés par Édouard Fritch dans son discours d'inauguration."
Faites-vous des propositions sur des procédures à réformer ?
"On le sera quand ces principes seront mis en route. Je rappelle que depuis le début de l'année nous participons de façon importante à la mission Kahn, qui avait été décidée par le gouvernement pour avoir une vision stratégique à horizon 2020, avec des orientations importantes qui touchent l'organisation de l'administration, des rouages dans de nombreux secteurs d'activité…
Mais la mission Kahn semble avoir du mal à être entendue par le gouvernement, peut-être à cause du mauvais timing des sénatoriales. Mais je reste persuadé qu'il y a des choses importantes à mettre en place, et on attend avec impatience cette conférence économique qui nous avait été promise…"
Le public trouve que les gros investissements Chinois, Mexicains et autres prennent du retard. Qu'en pensez-vous ?
"Il ne faut certainement pas aborder ces sujets avec légèreté. Le Mahana Beach en particulier aura un impact sur le pays aussi important, peut-être, que le CEP à son époque. Donc à partir du moment où l'on sait que ces projets vont tirer tout le développement du Pays, il faut qu'ils soient sacrément réfléchis sur comment et où on les veut. C'est bien beau de dire qu'on veut 500 000 touristes, mais comment on va les accueillir ? Comment on va les traiter ? Comment on va leur donner de l'eau, de l'électricité et traiter leurs déchets ? Tout ça ne se décide pas sur un coin de table. Donc je crois que le gouvernement a adopté une bonne démarche. Nous participons, via l'organisation patronale du bâtiment, au comité de pilotage du Mahana Beach et nous sommes satisfaits et même impressionnés de voir que le dossier est bien cadré."
Teva Rohftisch a annoncé vouloir relancer les projets locaux qui étaient dans les cartons depuis plusieurs années. Qu'en savez-vous et qu'en pensez-vous ?
"Ce que j'en sais c'est qu'il y a aujourd'hui des investisseurs locaux qui sont prêts à mettre de nouveau la main au portefeuille et à s'investir dans des développements structurants dans le Pays. Le SWAC de l'hôpital en fait partie. Il était ficelé, même financièrement, en 2012. Il avait subi un coup de frein malheureux ces dernières années, avec des problèmes administratifs. Un autre projet est le bouclage de l'île au Nord, au niveau électrique avec la TEP, qui lui aussi était dans une souffrance clairement administrative puisqu'il manquait un CA pour entériner les décisions. C'est un dossier qui devrait maintenant aboutir assez vite et il y a beaucoup d'entreprises polynésiennes dans le domaine des travaux publics qui sont concernées. Après, je ne suis pas au courant de tous les projets d'investissements, mais bien sûr qu'il y en a.
Tout ça ce sont des bonnes nouvelles. On entend une vision de la relance économique qui ne soit pas uniquement à base d'investisseurs étrangers et de projets très conséquents comme le Mahana Beach, qui globalement sont des projets qui, selon les professionnels, mettront cinq à six ans à aboutir. Mais là on a besoin de projets pour tout de suite.
C'est d'ailleurs pour ça que j'étais le mois dernier à Paris remettre encore sur la table le dossier de la défiscalisation, qui n'est toujours pas prorogé. Cela fait que des projets privés, qui sont dans un manque de fonds propres pour être lancés, n'arrivent pas à rassurer leurs banquiers et obtenir les prêts bancaires pour boucler leurs dossiers."
Teva Rohfritsch a annoncé une réflexion sur des aménagements fiscaux pour succéder à la défiscalisation locale, qui coûtait trop cher. De quelles mesures nos entreprises ont-elles besoin ?
"Plus que des moyens financiers, ce que les entreprises veulent c'est de la visibilité. Au sens d'une stabilité de développement économique. Ne nous voilons pas la face, nous sommes toujours dans une instabilité politique, on le voit à chaque fois qu'il y a un débat à l'Assemblée. Et cette instabilité donne une manque de visibilité, et donc de l'inquiétude. Des projets qui auraient pu se lancer, même petits à 100 millions, sont sous le coude. Car les investisseurs ont des craintes et les banque aussi se demandent si le projet ira à terme. Et puis il y a des lourdeurs administratives."
Quels types de lourdeurs ?
"Depuis 10 ans nous avons une administration qui a été amenée à presque s'autogérer, avec des changements de gouvernements en permanence, donc l'administration s'est cloisonnée par activité. Quand vous arrivez avec un projet qui a des besoins transversaux dans différents services c'est un vrai casse-tête et vous perdez un temps fou.
Par exemple pour construire un immeuble, ceux qui ont de la chance et sont connus auront peut-être un délai de traitement de 12 mois. Pour les autres, ce sera 18 mois, voire plus. C'est complètement aberrant dans une région comme la nôtre."
Le gouvernement Fritch a annoncé une grande loi de simplification administrative pour le deuxième semestre. Le Président a demandé à tous les services de faire remonter les documents ou procédures inutiles ou trop complexes. Est-ce un pas dans la bonne direction ou vaudrait-il mieux chercher d'autres solutions, comme des guichets uniques pour les entreprises ?
"Les guichets uniques sont une bonne solution à condition que derrière les choses se déroulent. Donc le point de départ c'est d'aller remettre de l'ordre aux endroits où le travail se fait et où les décisions sont prises. Une expression que j'utilise souvent est "quand on veut nettoyer un escalier, on commence par le haut." Et bien c'est la même logique, il faut commencer par le bon endroit. Et le bon endroit c'est de simplifier les processus, alléger les arrêtés ou façons de procéder trop lourdes ou trop différentes de ce que les autres services ont besoin à côté. Mais ce n'est pas une question d'homme, c'est une histoire de 10 années de visions contradictoires dans l'administration.
Je pense que ce qu'ils sont en train de faire dans l'administration va dans la bonne direction. Il nous faut une administration beaucoup plus percutante, et il y a des choses qui sont faites qui sont remarquables. Si on prend la direction des impôts, elle a su faire un changement important dans son organisation. Ça doit pouvoir se faire partout, et ça fait partie des grands principes énoncés par Édouard Fritch dans son discours d'inauguration."
Faites-vous des propositions sur des procédures à réformer ?
"On le sera quand ces principes seront mis en route. Je rappelle que depuis le début de l'année nous participons de façon importante à la mission Kahn, qui avait été décidée par le gouvernement pour avoir une vision stratégique à horizon 2020, avec des orientations importantes qui touchent l'organisation de l'administration, des rouages dans de nombreux secteurs d'activité…
Mais la mission Kahn semble avoir du mal à être entendue par le gouvernement, peut-être à cause du mauvais timing des sénatoriales. Mais je reste persuadé qu'il y a des choses importantes à mettre en place, et on attend avec impatience cette conférence économique qui nous avait été promise…"
Le public trouve que les gros investissements Chinois, Mexicains et autres prennent du retard. Qu'en pensez-vous ?
"Il ne faut certainement pas aborder ces sujets avec légèreté. Le Mahana Beach en particulier aura un impact sur le pays aussi important, peut-être, que le CEP à son époque. Donc à partir du moment où l'on sait que ces projets vont tirer tout le développement du Pays, il faut qu'ils soient sacrément réfléchis sur comment et où on les veut. C'est bien beau de dire qu'on veut 500 000 touristes, mais comment on va les accueillir ? Comment on va les traiter ? Comment on va leur donner de l'eau, de l'électricité et traiter leurs déchets ? Tout ça ne se décide pas sur un coin de table. Donc je crois que le gouvernement a adopté une bonne démarche. Nous participons, via l'organisation patronale du bâtiment, au comité de pilotage du Mahana Beach et nous sommes satisfaits et même impressionnés de voir que le dossier est bien cadré."