Mais alors, pourquoi l’Université de Polynésie Française prévoit-elle de fermer bientôt ses portes à la littérature anglophone ? Dans son prochain plan quadriennal, avec la disparition de la filière LLCE (Langue, Littérature et Civilisation Etrangère anglais), l’enseignement de la littérature du Pacifique sera rayé des programmes.
Comment l’Université de Polynésie Française peut-elle, d’une part, inviter un écrivain anglophone, et d’autre part, proscrire la littérature anglophone ? Où est l’erreur ?
J’ai fait part à Alan Duff de cette décision de l’UPF. Il a été atterré. « Un pays a besoin de littérature pour avancer », m’a-t-il dit, l’air grave. Les voix de nos écrivains sont belles, mais timides encore, elles ne retentissent pas par-delà nos frontières avec la vigueur de celles d’Alan Duff, Albert Wendt, Keri Hulme, Witi Ihimaera, Sia Figiel… Il faut que nos étudiants puissent entendre ces voix qui s’élèvent des îles sœurs. Fermer la licence d'anglais, c’est le leur interdire. C’est étouffer ce souffle vital. C’est leur refuser de se nourrir aux forces vives maori, samoanes et hawaïennes, et à celles, plus lointaines, d'Amérique et d'Europe (comme Alan Duff s'est inspiré de l'Américain William Faulkner.)
Maori de mère, Pakeha de père, élevé par ses grands-parents, Alan Duff a eu une jeunesse difficile, de violence et d’incarcérations. C’est grâce aux livres qu’il s’en est sorti. Aujourd’hui, l’association qu’il a fondée, « Books in Homes » , distribue gratuitement des millions de livres aux enfants défavorisés. A l’Université de Polynésie Française, les livres de littérature anglophone sont appelés à disparaître des salles de cours.
Sylvie Largeaud-Ortega
Professeur agrégé d'anglais à l'Université de Polynésie Française,
docteur en Lettres, Littérature et Civilisation Anglophones.
Comment l’Université de Polynésie Française peut-elle, d’une part, inviter un écrivain anglophone, et d’autre part, proscrire la littérature anglophone ? Où est l’erreur ?
J’ai fait part à Alan Duff de cette décision de l’UPF. Il a été atterré. « Un pays a besoin de littérature pour avancer », m’a-t-il dit, l’air grave. Les voix de nos écrivains sont belles, mais timides encore, elles ne retentissent pas par-delà nos frontières avec la vigueur de celles d’Alan Duff, Albert Wendt, Keri Hulme, Witi Ihimaera, Sia Figiel… Il faut que nos étudiants puissent entendre ces voix qui s’élèvent des îles sœurs. Fermer la licence d'anglais, c’est le leur interdire. C’est étouffer ce souffle vital. C’est leur refuser de se nourrir aux forces vives maori, samoanes et hawaïennes, et à celles, plus lointaines, d'Amérique et d'Europe (comme Alan Duff s'est inspiré de l'Américain William Faulkner.)
Maori de mère, Pakeha de père, élevé par ses grands-parents, Alan Duff a eu une jeunesse difficile, de violence et d’incarcérations. C’est grâce aux livres qu’il s’en est sorti. Aujourd’hui, l’association qu’il a fondée, « Books in Homes » , distribue gratuitement des millions de livres aux enfants défavorisés. A l’Université de Polynésie Française, les livres de littérature anglophone sont appelés à disparaître des salles de cours.
Sylvie Largeaud-Ortega
Professeur agrégé d'anglais à l'Université de Polynésie Française,
docteur en Lettres, Littérature et Civilisation Anglophones.