Crédit Kirill ZYKOV / POOL / AFP
Moscou, Russie | AFP | vendredi 02/08/2024 - Le Kremlin a levé vendredi un coin du voile sur les Russes libérés dans le cadre d'un échange de prisonniers historique avec les Occidentaux, reconnaissant que certains d'entre eux étaient des agents des services de renseignement russes.
Des pays occidentaux et la Russie ont procédé jeudi au plus grand échange de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide. Parmi eux figurent le journaliste américain Evan Gershkovich et l'ancien Marine Paul Whelan, libérés par Moscou et accueillis dans la soirée par le président américain Joe Biden près de Washington.
MM. Whelan et Gershkovich, ainsi que la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, sont arrivés vendredi à San Antonio, au Texas, pour effectuer des examens médicaux dans un hôpital de l'armée américaine.
L'accord a permis la libération de 16 personnes détenues en Russie et au Bélarus, en échange de huit Russes incarcérés aux Etats-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège, ainsi que des deux enfants d'un couple d'espions.
- "Buenas noches" -
Parmi les Russes ayant retrouvé la liberté figure Vadim Krassikov qui purgeait une peine de prison à vie en Allemagne pour l'assassinat d'un Géorgien issu de la minorité tchétchène qui avait combattu contre les forces russes entre 2000 et 2004.
Vendredi, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a reconnu qu'il s'agissait d'"un membre du FSB".
"Il a servi dans Alfa", une unité d'élite de ces services de renseignement, a-t-il dit à la presse. "Il a servi avec plusieurs employés (actuels) du service de sécurité du président" Vladimir Poutine, a ajouté M. Peskov.
Quant au couple formé par Artiom Doultsev et Anna Doultseva libéré par la Slovénie où il s'était installé en 2017 avec des passeports argentins, le porte-parole a confirmé son appartenance aux services russes.
"Les enfants des clandestins qui ont pris l'avion hier n'ont découvert qu'ils étaient russes que lorsque l'avion a décollé d'Ankara. Ils ne parlent pas russe", a-t-il affirmé.
Dans le lexique de l'espionnage, les "clandestins" sont des agents vivant sous une autre identité à l'étranger, pour accomplir leurs missions.
Les enfants mineurs du couple, qui avaient été placés par les services sociaux dans une famille d'accueil après l'arrestation de leurs parents, ont été gratifiés d'un "buenas noches" par Vladimir Poutine à leur descente d'avion jeudi soir dans la capitale russe.
"Ils ne savaient même pas qui était Poutine. C'est ainsi que les clandestins travaillent et font de tels sacrifices", a déclaré le porte-parole présidentiel.
M. Peskov a également écarté toute avancée immédiate dans les négociations autour du conflit en Ukraine consécutive à l'échange, soulignant que ces deux processus obéissaient à des principes "complètement différents".
- "Prouesse diplomatique" -
Trois des ex-prisonniers américains - Evan Gershkovich, Paul Whelan et Alsu Kurmasheva - ont, quant à eux, été accueillis par Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris sur la base militaire d'Andrews.
M. Gershkovich, un reporter du Wall Street Journal, était détenu depuis mars 2023. Alsu Kurmasheva était aussi incarcérée en Russie, tout comme Paul Whelan, emprisonné depuis fin 2018 pour espionnage.
"C'était formidable de monter dans ce car aujourd'hui et de voir un grand nombre de prisonniers politiques russes, et pas seulement des Américains et des Allemands", s'est exclamé le journaliste américain à son arrivée aux Etats-Unis.
A la Maison Blanche, entouré des familles des Américains libérés, Joe Biden avait salué plus tôt les "décisions courageuses" d'alliés européens pour rendre possible cet échange "historique", louant les "concessions importantes" faites par Berlin et la coordination opérée par la Turquie.
Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, la décision de relâcher Vadim Krassikov a été "difficile" mais elle a "sauvé des vies".
Féroce détracteur du Kremlin libéré lui aussi jeudi, le Russo-Britannique Vladimir Kara-Mourza, condamné à passer 25 ans derrière les barreaux, a pour sa part confié qu'il ne pensait sortir de prison vivant.
"J'étais sûr que j'allais mourir en prison parce que j'ai du mal à croire ce qui arrive", a-t-il dit jeudi à son épouse et à ses enfants au téléphone, selon des images diffusées par la Maison Blanche.
Ce vaste échange a relevé de la "prouesse diplomatique", s'est félicité le président américain.
La Maison Blanche a en outre révélé avoir œuvré pendant des mois à la libération de l'ex-ennemi numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, avant qu'il ne meure en février dans une prison de l'Arctique, dans des circonstances troubles.
L'échange de jeudi a été le premier entre la Russie et les Occidentaux depuis la libération fin 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner, prisonnière sur le sol russe pour une affaire de stupéfiants, contre celle du trafiquant d'armes russe Viktor Bout, emprisonné aux Etats-Unis.
Paris a appelé de son côté Moscou à libérer les autres personnes encore "arbitrairement détenues en Russie", notamment le Français Laurent Vinatier.
Pour Dmitri Orechkine, un analyste politique indépendant, "aucun des deux camps" n'a gagné avec cet échange, car "Poutine n'aurait jamais autorisé un accord pouvant être interprété comme un succès" chez les Occidentaux.
Des pays occidentaux et la Russie ont procédé jeudi au plus grand échange de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide. Parmi eux figurent le journaliste américain Evan Gershkovich et l'ancien Marine Paul Whelan, libérés par Moscou et accueillis dans la soirée par le président américain Joe Biden près de Washington.
MM. Whelan et Gershkovich, ainsi que la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, sont arrivés vendredi à San Antonio, au Texas, pour effectuer des examens médicaux dans un hôpital de l'armée américaine.
L'accord a permis la libération de 16 personnes détenues en Russie et au Bélarus, en échange de huit Russes incarcérés aux Etats-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège, ainsi que des deux enfants d'un couple d'espions.
- "Buenas noches" -
Parmi les Russes ayant retrouvé la liberté figure Vadim Krassikov qui purgeait une peine de prison à vie en Allemagne pour l'assassinat d'un Géorgien issu de la minorité tchétchène qui avait combattu contre les forces russes entre 2000 et 2004.
Vendredi, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a reconnu qu'il s'agissait d'"un membre du FSB".
"Il a servi dans Alfa", une unité d'élite de ces services de renseignement, a-t-il dit à la presse. "Il a servi avec plusieurs employés (actuels) du service de sécurité du président" Vladimir Poutine, a ajouté M. Peskov.
Quant au couple formé par Artiom Doultsev et Anna Doultseva libéré par la Slovénie où il s'était installé en 2017 avec des passeports argentins, le porte-parole a confirmé son appartenance aux services russes.
"Les enfants des clandestins qui ont pris l'avion hier n'ont découvert qu'ils étaient russes que lorsque l'avion a décollé d'Ankara. Ils ne parlent pas russe", a-t-il affirmé.
Dans le lexique de l'espionnage, les "clandestins" sont des agents vivant sous une autre identité à l'étranger, pour accomplir leurs missions.
Les enfants mineurs du couple, qui avaient été placés par les services sociaux dans une famille d'accueil après l'arrestation de leurs parents, ont été gratifiés d'un "buenas noches" par Vladimir Poutine à leur descente d'avion jeudi soir dans la capitale russe.
"Ils ne savaient même pas qui était Poutine. C'est ainsi que les clandestins travaillent et font de tels sacrifices", a déclaré le porte-parole présidentiel.
M. Peskov a également écarté toute avancée immédiate dans les négociations autour du conflit en Ukraine consécutive à l'échange, soulignant que ces deux processus obéissaient à des principes "complètement différents".
- "Prouesse diplomatique" -
Trois des ex-prisonniers américains - Evan Gershkovich, Paul Whelan et Alsu Kurmasheva - ont, quant à eux, été accueillis par Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris sur la base militaire d'Andrews.
M. Gershkovich, un reporter du Wall Street Journal, était détenu depuis mars 2023. Alsu Kurmasheva était aussi incarcérée en Russie, tout comme Paul Whelan, emprisonné depuis fin 2018 pour espionnage.
"C'était formidable de monter dans ce car aujourd'hui et de voir un grand nombre de prisonniers politiques russes, et pas seulement des Américains et des Allemands", s'est exclamé le journaliste américain à son arrivée aux Etats-Unis.
A la Maison Blanche, entouré des familles des Américains libérés, Joe Biden avait salué plus tôt les "décisions courageuses" d'alliés européens pour rendre possible cet échange "historique", louant les "concessions importantes" faites par Berlin et la coordination opérée par la Turquie.
Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, la décision de relâcher Vadim Krassikov a été "difficile" mais elle a "sauvé des vies".
Féroce détracteur du Kremlin libéré lui aussi jeudi, le Russo-Britannique Vladimir Kara-Mourza, condamné à passer 25 ans derrière les barreaux, a pour sa part confié qu'il ne pensait sortir de prison vivant.
"J'étais sûr que j'allais mourir en prison parce que j'ai du mal à croire ce qui arrive", a-t-il dit jeudi à son épouse et à ses enfants au téléphone, selon des images diffusées par la Maison Blanche.
Ce vaste échange a relevé de la "prouesse diplomatique", s'est félicité le président américain.
La Maison Blanche a en outre révélé avoir œuvré pendant des mois à la libération de l'ex-ennemi numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, avant qu'il ne meure en février dans une prison de l'Arctique, dans des circonstances troubles.
L'échange de jeudi a été le premier entre la Russie et les Occidentaux depuis la libération fin 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner, prisonnière sur le sol russe pour une affaire de stupéfiants, contre celle du trafiquant d'armes russe Viktor Bout, emprisonné aux Etats-Unis.
Paris a appelé de son côté Moscou à libérer les autres personnes encore "arbitrairement détenues en Russie", notamment le Français Laurent Vinatier.
Pour Dmitri Orechkine, un analyste politique indépendant, "aucun des deux camps" n'a gagné avec cet échange, car "Poutine n'aurait jamais autorisé un accord pouvant être interprété comme un succès" chez les Occidentaux.