Le Heiva Taure’a utilisé pour lutter contre le décrochage scolaire


Les organisateurs du Heiva Taure’a.
Tahiti le 16 février 2023 - Cette année, dix établissements scolaires de tout le fenua participeront au Heiva Taure’a. La sixième édition du concours aura lieu à la Maison de la culture sur la scène de To’atā. Un peu plus de 600 enfants donneront des prestations artistiques pendant trois soirées du 9 au 11 mars. Selon la ministre de la Culture, Christelle Lehartel, ce programme permet “de réduire le décrochage scolaire”.

La sixième édition du Heiva Taure’a se déroulera du jeudi 9 au samedi 11 mars sur scène de To’atā. Lors d’un point presse à la Maison de la culture ce jeudi, le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu, et Christelle Lehartel, ministre de l’Éducation, ont détaillé le déroulé des événements. Cette année, plus de 600 élèves issus de dix collèges différents participeront au concours. À savoir, les collèges de Afareaitu, Anne-Marie Javouhey, de Taha’a, Maco Tevane, Pomare IV, de Paea, de Makemo, de Taravao et de Bora Bora. Victime de leur succès, les organisateurs ont dû limiter le nombre de collèges participant au Heiva Taure’a. 4 000 places seront mises à disposition pour venir assister aux représentations.

Les élèves seront jugés par un jury de sept professionnelles, présidé par Tonyo Toomaru, professeur de tahitien à l’UPF et auteur danseur au Heiva i Tahiti. 46 accompagnateurs seront derrière les enfants pour les suivre tout au long du concours.
Les prestations seront classées selon deux catégories, la danse (Taure’a) et l’orchestre (Rohi pehe). Avec l’aide de leurs enseignants, les écoliers doivent créer une chorégraphie, comprenant percussions et mélodie, en suivant une thématique choisie au préalable. Au total, onze prix sont à remporter. L’association de la meilleure interprétation artistique et du meilleur dossier pédagogique permettra à une équipe d’accéder au haut du podium.

Valoriser, créer du lien

“Au départ, on voulait organiser l’événement dans le grand théâtre. Mais la scène de spectacle To’atā accueille le Heiva. Pourquoi ne pas offrir To’atā à nos enfants ? On a vu les spectacles et dossiers pédagogiques proposés par les collégiens cette année, on s’est dit que c’est un pari gagné”, se félicite le ministre de la Culture. Accompagnés par leurs enseignants, les 648 enfants inscrits au concours ont dû préparer eux-mêmes les costumes, chorégraphies et orchestres.

Des élèves des Marquises, des Australes, des Tuamotu et des Gambier vont devoir rejoindre la Maison de la culture pour participer au concours. La compagnie Air Tahiti, l’un des partenaires du Heiva Taure’a, propose des tarifs “préférentiels” pour simplifier les déplacements. “Pour certains, c’est un rêve de venir à Tahiti”, soutient Tonyo Toomaru. “Notre rôle est de valoriser des compétences et les connaissances de ses jeunes. Ce projet permet de fédérer plusieurs disciplines, ce qui répond à la dynamique institutionnelle dite ‘interdisciplinaire’”, continue le président du jury. En plus de rassembler les îles, le ministre de la Culture affirme que ce projet “unit les parents et les collèges”. “Cela permet aux enseignants et aux parents de se retrouver autour d’un cadre qui n’est plus uniquement punitif, comme quand ils sont convoqués par ce que leur enfant a fait une bêtise”, remarque-t-il.

“Accrochage scolaire”

“Le Heiva Taure’a permet aux jeunes d’évoluer et de se projeter. La plupart des enfants de 10 à 15 ans ont énormément de mal à envisager l’avenir. Je suis convaincue que ce rattachement entre la culture et l’éducation est un véritable vecteur de réussite pour les élèves”, ajoute Tonyo Toomaru. La ministre de l’Éducation Christelle Lehartel, va plus loin. “Le Heiva Taure’a est un outil accrocheur pour nos élèves. On l’utilise pour lutter contre le décrochage scolaire. À partir d’aujourd’hui, je veux qu’on utilise le terme d’accrochage scolaire”, demande-t-elle. Heremoana Maamaatuaiahutapu cite l’exemple d’un jeune collégien en situation du décrochage qui s’est reconverti en professeur de percussions grâce à l’initiation au Heiva Taure’a. “Ce jeune du collège de Paopao a réussi à se replonger dans le cursus scolaire. Si tout se passe bien, il doit passer un bac pro cette année. C’est un peu l’illustration de ce raccrochage scolaire”, explique-t-il.

Étendre le concours à l’internationnal ?

Le concept de Heiva Taure’a “intéresse beaucoup nos amis néo-zélandais”, remarque le ministre de la Culture. Mais pour l’instant, pas question d’étendre le programme en dehors des frontières du fenua. “Ce projet doit naître dans notre système scolaire, il ne s’agit pas d’inviter des écoles de danse privées du Japon, du Mexique ou des États-Unis par exemple. Ce n’est pas juste un spectacle, le Heiva Taure’a repose sur un projet pédagogique”.

Des réflexions pourraient cependant être engagées pour collaborer avec des voisins plus proches. “On pourrait proposer à nos voisins du Pacifique comme Fidji, la Nouvelle-Zélande, Wallis-et-Futuna pour monter le concours en correspondance. Mais il faut vraiment qu’un projet pédagogique soit monté en amont parce que les critères d’évaluations du Heiva Taure’a sont purement scolaire”, explique Christelle Lehartel.

Classe CHAM/CHAD : “Un phénomène qui s’est généralisé”

Le dispositif Cham/Chad (classe horaire aménagé musique/danse) permet à certains élèves de suivre des cours d’arts traditionnels directement depuis leur établissement scolaire. Des professeurs du Conservatoire se déplacent directement dans la dizaine d’établissements partenaires sur Tahiti et Moorea pour donner les cours. Les notes obtenues par les apprentis sont directement intégrées dans leur moyenne scolaire. Ce programme a été mis en place il y a huit ans et touche de plus en plus d’établissements. “On s’est très rapidement rendu compte que la présence des arts traditionnels dans les établissements scolaires sa changé les choses, la vie des élèves, des parents, le regard des enfants sur l’éducation. Ça a marché. Les enfants retrouvent le sens de leur culture. Aujourd’hui, on compte entre 400 et 500 élèves répartis sur Tahiti et Moorea qui suivent ces classes d’enseignement. On leur propose, avec le lycée Paul-Gauguin, d’avoir un suivi en seconde, première et terminale pour obtenir un bac ‘théâtre musique et danse’”, explique Frédéric Sibard, chargé de communication au conservatoire.

Programme Heiva Taure’a 2023 :

Jeudi 9 mars -
17h00 Discours officiel
17h45 Cérémonie du Rahiri sur l’esplanade basse de To'atā
18h30 Présentation de la soirée
18h45 Collège Anne-Marie Javouhey
19h30 Collège de Taha'a
19h50 Collège Maco Tevane
 
Vendredi 10 mars -
18h30 Présentation de la soirée
18h45 Collège de Afareaitu
19h30 Collège Pomare IV
20h15 Collège de Paea
21h00 Collège de Makemo
 
Samedi 11 mars -
18h30 Présentation de la soirée
18h45 CJA
19h30 Collège de Taravao
20h15 Collège de Bora Bora
20h45 Intermède durant la délibération du jury avec le groupe Manu’a
21h15 Remise des prix

Rédigé par Guillaume Marchal le Jeudi 16 Février 2023 à 20:01 | Lu 783 fois