La première réaction adverse, dès lundi, a été celle du groupe News Limited, filiale de News Corp. de l’australo-américain Ruper Murdoch, par ailleurs propriétaire du quotidien Fiji Times, particulièrement ciblé par les nouvelles mesures du gouvernement fidjien.
Réagissant en particulier à l’obligation désormais faite à tout organe de presse de ne posséder dans son capital pas plus de dix pour cent d’intérêts étrangers, ce groupe de presse, par la voix de son président directeur général australien, John Hartigan, a déploré l’ultimatum fait à ce quotidien de se confirmer aux nouvelles dispositions dans les trois mois, sous peine de fermeture.
Il a aussi estimé que ces nouvelles règlementations n’avaient pour autre objet que de parvenir à la fermeture du Fiji Times, considéré par le régime issu du putsch du 5 décembre 2006 comme hostile.
Le groupe australien a par ailleurs déploré par avance les conséquences néfastes que ce genre d’événement pourrait avoir sur les « près de deux cent » employés du Fiji Times et leurs dépendants, ainsi que, de manière générale, pour la réputation de Fidji en tant que destination d’investissement.
M. Hartigan a toutefois affirmé que News Limited « explorerait toutes les options afin de rester engagé dans les médias fidjiens ».
La presse australienne, mardi, estimait les derniers résultats annuels de l’empire mondial News Corp. À un chiffre d’affaire de l’ordre de trente deux milliards de dollars US.
Défendant une nouvelle fois cette mesure, après sa conférence de presse initiale de lundi, l’Attorney General (chef des services juridiques du gouvernement et ministre de la justice) Aiyaz Sayed-Khaiyum a insisté sur le fait que des lois similaires étaient aussi en vigueur aux États-Unis et à Singapour et qu’il ne s’agissait pas là d’une mesure punitive à l’encontre du Fiji Times, mais plutôt de « protéger les intérêts de Fidji en tant que pays en développement ».
S’exprimant de manière générale sur la pluie de condamnations qui a suivi l’annonce de l’entrée en vigueur de ce Décret, il a aussi déploré que ceux qui les condamnent ne choisissent que de condamner Fidji et non pas les autres pays qui ont déjà mis en œuvre des mesures similaires.
Il a aussi évoqué la nécessité, selon son gouvernement, que les médias traitant de Fidji aient un minimum de connaissance du contexte local.
Gouvernements, ONG
Plusieurs associations régionales de défense de la liberté de la presse, en Nouvelle-Zélande, en Australie et dans le Pacifique insulaire, ont aussi condamné ces mesures, estimant en substance qu’elles laissaient désormais la porte ouverte à une répression organisée des médias locaux.
Au plan gouvernemental, les deux gouvernements des pays occidentaux les plus proches, ceux de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, ont aussi réagi.
À Canberra, Stephen Smith, ministre des affaires étrangères, a vu dans ces mesures une nouvelle illustration des « atteintes du gouvernement du Contre-amiral Franck Bainimarama à l’encontre de la liberté d’expression et de la démocratie ».
Ces mesures « arbitraires », a-t-il indiqué, constituent une nouvelle source d’inquiétude non seulement pour les droits fondamentaux, mais aussi pour les investissements à Fidji.
En Nouvelle-Zélande, c’est le Premier ministre John Key qui, interrogé par la presse, a qualifié ces mesures de « très lourdes ».
Tout en réclamant une nouvelle fois un retour rapide à la démocratie, il a aussi estimé que le gouvernement de Suva « allait trop loin » en demandant à une entreprise de presse de vendre son journal.
Amnesty International, réagissant via son bureau de Nouvelle-Zélande, parle de « coup dur à la liberté de la presse ».
L’organisation estime par voie de communiqué que ce décret avait le potentiel d’accentuer encore les atteintes à la liberté de la presse à Fidji et de « perpétuer les violations de la liberté d’expression ».
Deux jours de consultation
Lundi, le gouvernement fidjien, issu du putsch du 5 décembre 2006, a annoncé l’entrée en vigueur, par voie de publication au Journal Officiel, de son décret relatif aux médias de l’archipel
Aiyaz Sayed-Khaiyum, Attorney-General (chef des services juridiques du gouvernement), qui est l’un des principaux artisans de ce texte, lors d’une conférence de presse lundi, a exposé les grandes lignes de ce décret, concocté au cours des derniers mois et qui avait suscité un vif émoi et une forte réprobation régionalement et internationalement, parmi les médias et organismes de défenses des libertés de la presse.
Une première série de consultations avec les professionnels des médias avait eu lieu début avril 2010.
Lundi, M. Sayed-Khaiyum a précisé que la plupart des suggestions et recommandations exprimées lors de ces consultations d’avril avaient été prises en compte et que le décret (intitulé officiellement « Fiji Media Industry Development Decree 2010 »), du fait de sa publication au journal officiel, entrait en vigueur dès lundi.
Il a tenu à préciser également que du fait des nouvelles dispositions relatives à la propriété d’organes de presse opérant à Fidji (qui imposent un minimum de quatre vingt dix pour cent d’actionnariat local), le plus grand quotidien de l’archipel, le Fiji Times, qui appartient au groupe mondial News Corp. de l’Australo-américain Rupert Murdoch, avait désormais trois mois pour se conformer aux nouvelles règles, faute de quoi il devrait fermer boutique et serait de surcroît passible de poursuites.
Aux termes de ces dispositions concernant l’origine de l’actionnariat, est réputée locale toute personne ayant résidé à Fidji au moins trois ans précédant leur prise de participation, et que la définition d’une année de résidence impliquait au moins six mois sur douze.
Ce décret entérine notamment la mise en place d’une « autorité en charge du développement du secteur des médias » appelée à être composée de six personnes (contre une seule dans la version initiale de ce texte), ainsi que d’un tribunal des médias appelé à statuer sur des plaintes à venir.
Le Président annoncé pour cette Autorité est un universitaire présenté comme ayant aussi une expérience des médias, le Dr. Satendra Nandan.
Les autres membres de cette Autorité n’ont pas encore été nommés.
Selon l’Attorney General, qui parle d’un souci « d’équilibrer les intérêts du secteur des médias et ceux du grand public », les pouvoirs de cette autorité, en matière de perquisition afin d’obtenir des documents de la part d’organes de presse, seront « limités ».
À des fins de traçabilité, désormais, tout article de plus de cinquante mots devra être signé.
Cette disposition semble avoir été immédiatement observée par plusieurs organes de presse locaux, notamment sur les sites Internet des organes audiovisuels, come les radios.
Le montant des amendes prévues au titre de ce décret, en cas d’infraction, ont aussi été révisée à la baisse : elles sont d’un maximum de mille dollars locaux (environ 400 euros) pour un journaliste ou employés d’une entreprise de presse, de vingt cinq mille dollars (environ dix mille deux cent euros) pour un rédacteur en chef ou un directeur de la publication, et de cent mille dollars (environ quarante mille euros) dans le cas d’une entreprise de presse réputée tomber sous le coup de ce décret.
Selon la version définitive annoncée lundi, la possibilité de faire appel en justice de ces décisions de ce tribunal des médias a été rétablie.
Le Fidji Times en ligne de mire
Le Fidji Times, quotidien établi à Fidji depuis plus de 140 ans, se trouve dans le collimateur du gouvernement fidjien issu du putsch du 5 décembre 2006, qui l’a depuis régulièrement accusé d’être « anti-Fidji » et diffuseur d’informations « négatives » au sujet du gouvernement actuel.
Deux de ses directeurs de la publication ont, au cours des trois dernières années, été successivement expulsés du pays.
D’autres passages de ce texte, tel que dévoilé à la presse locale, mentionnent aussi de lourdes peines en cas de publication d’articles ou de reportages non signés, signés sous pseudonymes ou considérés comme incitant au désordre public ou à la haine raciale.
Un tribunal des médias est aussi prévu d’être créé, qui serait compétent pour entendre toute plainte formulée contre les médias du pays par des individus.
Putsch version hard depuis avril 2009
Depuis mi-avril 2009, le gouvernement de M. Bainimarama a mis en place, au lendemain de l’abrogation de la Constitution prononcée par le Président de l’époque, Ratu Josefa Iloilo (depuis remplacé par Ratu Epeli Nailatikau), une série de mesures radicales, telles qu’une censure systématique sur les médias locaux, ainsi qu’un état d’urgence restreignant les réunions et manifestations réputées de nature à inciter le désordre public.
Cette abrogation de la Constitution de Fidji, le 10 avril 2009, annonçait l’avènement de ce qui était alors qualifié de « nouvel ordre légal ».
Des agents du ministère de l’information sont depuis chargés, quotidiennement, de vérifier les contenus et d’en retirer, le cas échéant, des articles ou reportages qu’ils jugent inappropriés.
L’un des critères invoqués est d’éviter la publication de contenus incitant au désordre public ou perçus comme étant en opposition au gouvernement actuel.
Depuis avril 2009, également, la retransmission sur la bande FM locale, via la radio nationale, des émissions de Radio Australia (le service international australien) a été suspendue.
Réagissant en particulier à l’obligation désormais faite à tout organe de presse de ne posséder dans son capital pas plus de dix pour cent d’intérêts étrangers, ce groupe de presse, par la voix de son président directeur général australien, John Hartigan, a déploré l’ultimatum fait à ce quotidien de se confirmer aux nouvelles dispositions dans les trois mois, sous peine de fermeture.
Il a aussi estimé que ces nouvelles règlementations n’avaient pour autre objet que de parvenir à la fermeture du Fiji Times, considéré par le régime issu du putsch du 5 décembre 2006 comme hostile.
Le groupe australien a par ailleurs déploré par avance les conséquences néfastes que ce genre d’événement pourrait avoir sur les « près de deux cent » employés du Fiji Times et leurs dépendants, ainsi que, de manière générale, pour la réputation de Fidji en tant que destination d’investissement.
M. Hartigan a toutefois affirmé que News Limited « explorerait toutes les options afin de rester engagé dans les médias fidjiens ».
La presse australienne, mardi, estimait les derniers résultats annuels de l’empire mondial News Corp. À un chiffre d’affaire de l’ordre de trente deux milliards de dollars US.
Défendant une nouvelle fois cette mesure, après sa conférence de presse initiale de lundi, l’Attorney General (chef des services juridiques du gouvernement et ministre de la justice) Aiyaz Sayed-Khaiyum a insisté sur le fait que des lois similaires étaient aussi en vigueur aux États-Unis et à Singapour et qu’il ne s’agissait pas là d’une mesure punitive à l’encontre du Fiji Times, mais plutôt de « protéger les intérêts de Fidji en tant que pays en développement ».
S’exprimant de manière générale sur la pluie de condamnations qui a suivi l’annonce de l’entrée en vigueur de ce Décret, il a aussi déploré que ceux qui les condamnent ne choisissent que de condamner Fidji et non pas les autres pays qui ont déjà mis en œuvre des mesures similaires.
Il a aussi évoqué la nécessité, selon son gouvernement, que les médias traitant de Fidji aient un minimum de connaissance du contexte local.
Gouvernements, ONG
Plusieurs associations régionales de défense de la liberté de la presse, en Nouvelle-Zélande, en Australie et dans le Pacifique insulaire, ont aussi condamné ces mesures, estimant en substance qu’elles laissaient désormais la porte ouverte à une répression organisée des médias locaux.
Au plan gouvernemental, les deux gouvernements des pays occidentaux les plus proches, ceux de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, ont aussi réagi.
À Canberra, Stephen Smith, ministre des affaires étrangères, a vu dans ces mesures une nouvelle illustration des « atteintes du gouvernement du Contre-amiral Franck Bainimarama à l’encontre de la liberté d’expression et de la démocratie ».
Ces mesures « arbitraires », a-t-il indiqué, constituent une nouvelle source d’inquiétude non seulement pour les droits fondamentaux, mais aussi pour les investissements à Fidji.
En Nouvelle-Zélande, c’est le Premier ministre John Key qui, interrogé par la presse, a qualifié ces mesures de « très lourdes ».
Tout en réclamant une nouvelle fois un retour rapide à la démocratie, il a aussi estimé que le gouvernement de Suva « allait trop loin » en demandant à une entreprise de presse de vendre son journal.
Amnesty International, réagissant via son bureau de Nouvelle-Zélande, parle de « coup dur à la liberté de la presse ».
L’organisation estime par voie de communiqué que ce décret avait le potentiel d’accentuer encore les atteintes à la liberté de la presse à Fidji et de « perpétuer les violations de la liberté d’expression ».
Deux jours de consultation
Lundi, le gouvernement fidjien, issu du putsch du 5 décembre 2006, a annoncé l’entrée en vigueur, par voie de publication au Journal Officiel, de son décret relatif aux médias de l’archipel
Aiyaz Sayed-Khaiyum, Attorney-General (chef des services juridiques du gouvernement), qui est l’un des principaux artisans de ce texte, lors d’une conférence de presse lundi, a exposé les grandes lignes de ce décret, concocté au cours des derniers mois et qui avait suscité un vif émoi et une forte réprobation régionalement et internationalement, parmi les médias et organismes de défenses des libertés de la presse.
Une première série de consultations avec les professionnels des médias avait eu lieu début avril 2010.
Lundi, M. Sayed-Khaiyum a précisé que la plupart des suggestions et recommandations exprimées lors de ces consultations d’avril avaient été prises en compte et que le décret (intitulé officiellement « Fiji Media Industry Development Decree 2010 »), du fait de sa publication au journal officiel, entrait en vigueur dès lundi.
Il a tenu à préciser également que du fait des nouvelles dispositions relatives à la propriété d’organes de presse opérant à Fidji (qui imposent un minimum de quatre vingt dix pour cent d’actionnariat local), le plus grand quotidien de l’archipel, le Fiji Times, qui appartient au groupe mondial News Corp. de l’Australo-américain Rupert Murdoch, avait désormais trois mois pour se conformer aux nouvelles règles, faute de quoi il devrait fermer boutique et serait de surcroît passible de poursuites.
Aux termes de ces dispositions concernant l’origine de l’actionnariat, est réputée locale toute personne ayant résidé à Fidji au moins trois ans précédant leur prise de participation, et que la définition d’une année de résidence impliquait au moins six mois sur douze.
Ce décret entérine notamment la mise en place d’une « autorité en charge du développement du secteur des médias » appelée à être composée de six personnes (contre une seule dans la version initiale de ce texte), ainsi que d’un tribunal des médias appelé à statuer sur des plaintes à venir.
Le Président annoncé pour cette Autorité est un universitaire présenté comme ayant aussi une expérience des médias, le Dr. Satendra Nandan.
Les autres membres de cette Autorité n’ont pas encore été nommés.
Selon l’Attorney General, qui parle d’un souci « d’équilibrer les intérêts du secteur des médias et ceux du grand public », les pouvoirs de cette autorité, en matière de perquisition afin d’obtenir des documents de la part d’organes de presse, seront « limités ».
À des fins de traçabilité, désormais, tout article de plus de cinquante mots devra être signé.
Cette disposition semble avoir été immédiatement observée par plusieurs organes de presse locaux, notamment sur les sites Internet des organes audiovisuels, come les radios.
Le montant des amendes prévues au titre de ce décret, en cas d’infraction, ont aussi été révisée à la baisse : elles sont d’un maximum de mille dollars locaux (environ 400 euros) pour un journaliste ou employés d’une entreprise de presse, de vingt cinq mille dollars (environ dix mille deux cent euros) pour un rédacteur en chef ou un directeur de la publication, et de cent mille dollars (environ quarante mille euros) dans le cas d’une entreprise de presse réputée tomber sous le coup de ce décret.
Selon la version définitive annoncée lundi, la possibilité de faire appel en justice de ces décisions de ce tribunal des médias a été rétablie.
Le Fidji Times en ligne de mire
Le Fidji Times, quotidien établi à Fidji depuis plus de 140 ans, se trouve dans le collimateur du gouvernement fidjien issu du putsch du 5 décembre 2006, qui l’a depuis régulièrement accusé d’être « anti-Fidji » et diffuseur d’informations « négatives » au sujet du gouvernement actuel.
Deux de ses directeurs de la publication ont, au cours des trois dernières années, été successivement expulsés du pays.
D’autres passages de ce texte, tel que dévoilé à la presse locale, mentionnent aussi de lourdes peines en cas de publication d’articles ou de reportages non signés, signés sous pseudonymes ou considérés comme incitant au désordre public ou à la haine raciale.
Un tribunal des médias est aussi prévu d’être créé, qui serait compétent pour entendre toute plainte formulée contre les médias du pays par des individus.
Putsch version hard depuis avril 2009
Depuis mi-avril 2009, le gouvernement de M. Bainimarama a mis en place, au lendemain de l’abrogation de la Constitution prononcée par le Président de l’époque, Ratu Josefa Iloilo (depuis remplacé par Ratu Epeli Nailatikau), une série de mesures radicales, telles qu’une censure systématique sur les médias locaux, ainsi qu’un état d’urgence restreignant les réunions et manifestations réputées de nature à inciter le désordre public.
Cette abrogation de la Constitution de Fidji, le 10 avril 2009, annonçait l’avènement de ce qui était alors qualifié de « nouvel ordre légal ».
Des agents du ministère de l’information sont depuis chargés, quotidiennement, de vérifier les contenus et d’en retirer, le cas échéant, des articles ou reportages qu’ils jugent inappropriés.
L’un des critères invoqués est d’éviter la publication de contenus incitant au désordre public ou perçus comme étant en opposition au gouvernement actuel.
Depuis avril 2009, également, la retransmission sur la bande FM locale, via la radio nationale, des émissions de Radio Australia (le service international australien) a été suspendue.