Le Dr Faure conteste de nouveau son exclusion


Tahiti, le 10 janvier 2022 – Exclu de ses fonctions au CHPF par le président du Pays le 24 mai dernier pour une durée de deux ans en raison de “manquements”, le chirurgien vasculaire thoracique, Éric Faure, a saisi le tribunal administratif pour demander l'annulation de cette décision. S'il conteste les manquements qui lui sont reprochés, le rapporteur public a conclu mardi au rejet de la requête. Décision le 24 janvier.

Le cas du docteur Éric Faure a de nouveau occupé le tribunal administratif mardi matin. Exclu de ses fonctions au CHPF pour deux ans le 24 mai dernier en raison de manquements en lien avec la prise en charge d'un patient, le chirurgien vasculaire thoracique a en effet saisi la juridiction d'une requête en annulation de cette décision. Initialement révoqué pour ces faits, le médecin avait saisi la Cour administrative d'appel de Paris qui avait annulé la décision, le 30 novembre 2021, au motif que la sanction était disproportionnée. C'est donc dans ce contexte que l'affaire est revenue devant le tribunal administratif mardi.

Tel que l'a rappelé le rapporteur public lors de l'audience, deux manquements principaux sont reprochés au médecin concernant la prise en charge d'un patient au Taaone. En janvier 2015, un homme avait été admis aux urgences du CHPF pour une blessure à l'orteil qui avait finalement révélé une occlusion de son artère iliaque primitive. Opéré le 20 octobre par le Dr Faure, le patient avait finalement dû être amputé en raison de complications post-opératoires. C'est dans ce contexte qu'il était reproché au Dr Faure de ne pas avoir, préalablement à l'opération, délivré au patient une information claire et appropriée puisque la fiche de consentement figurant dans son dossier était vierge et non signée.
 
“Grande désinvolture”
 
Il était également reproché au chirurgien d'avoir “omis de contrôler et de vérifier” la vascularisation de la jambe de son patient avant d'aller “déjeuner durant près de deux heures” et d'avoir “procédé trop tardivement à une reprise chirurgicale de revascularisation” en “préférant opérer un autre patient ne nécessitant pas de prise en charge urgente”. Pour le médecin, qui conteste son exclusion, il y a eu une “défaillance majeur” dans la surveillance de la victime en salle de réveil où aucun membre du personnel médical ne l'a appelé pour le prévenir.

Tel qu'il l'a expliqué lors de l'audience au tribunal administratif mardi avant de conclure au rejet de la requête déposée par le docteur Faure, le rapporteur public estime que le fait que le médecin n'ait pas contrôlé la vascularisation de la jambe de son patient à l'issue l'opération constitue bien un manquement à ses obligations. En outre, le rapporteur public a estimé que le patient opéré à la place de la victime “ne présentait qu'un caractère d'urgence relative”. “Cette absence de prise en charge immédiate d'un patient en état d'urgence vitale constitue une faute”. Enfin, le rapporteur public “relève” également qu'Éric Faure a fait l'objet d'une interdiction d'exercer la médecine pendant une durée de deux mois prononcée par la chambre disciplinaire des médecins le 18 décembre en raison de “nombreux faits” traduisant une “grande désinvolture” dans la prise en charge de ses patients ainsi que pour des “absences intempestives”. Le tribunal administratif rendra sa décision le 24 janvier.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 10 Janvier 2023 à 14:59 | Lu 2142 fois