Le Contre-amiral fidjien veut des médias océaniens « responsables »


Le Contre-amiral Bainimarama mardi parmi les journalistes océaniens (Source photo : PINA)
SUVA, mercredi 28 mars 2012 (Flash d’Océanie) – Le Contre-amiral fidjien Franck Bainimarama, qui dirige un gouvernement issu de son putsch du 5 décembre 2006, a réitéré mardi son souhait de voir émerger un journalisme « responsable » en Océanie et en particulier à Fidji.
Invité à s’exprimer devant une conférence régionale des médias anglophones du Pacifique, la Pacific Islands News Association (PINA), réunie cette semaine du 26 au 30 mars 2012 non loin de la capitale Suva, le Contre-amiral a rebondi sur le thème choisi par cette organisation pour sa conférence 2012 : « Construire une culture médiatique océanienne saine et responsable ».

Prenant en exemple le processus actuel de consultations en vue d’élaborer une nouvelle Constitution (la précédente ayant été abrogée en avril 2009) et les élections législatives promises pour le dernier trimestre 2014, l’homme fort de Suva a insisté sur la nécessité de « bons comptes-rendus » et de « bons rédacteurs en chef » restant selon lui à former par la PINA.
« Il n’y a jamais eu de grand investissement dans les médias du Pacifique. Et pourtant, c’est nécessaire (…) Trop de journalistes sont sous-payés, utilisés, mal formés et mal appréciés. Pour que les médias soient respectés et dont les analyses et les opinions comptent, les reporters et les rédacteurs en chef doivent être formés », a-t-il lancé à l’attention des professionnels.
Évoquant les mesures de restriction des médias imposées juste après son putsch, puis une nouvelle fois entre avril 2009 et début 2012, le Contre-amiral les a justifiées par une nécessité d’ « exercer un contrôle dans certains cas ».
« Nous étions dans une période de réformes et de changements massifs au sein de notre société (…) Et les changements mettent les élites en place mal à l’aise, tout en nécessitant une vraie indépendance des médias. Or, pour certains (de ces médias), ce n’était pas le cas. Il était clair que la qualité du journalisme à Fidji n’était pas de nature à offrir un équilibre, face à ce qui se déroulait. J’ai entendu des journalistes parler d’état de droit, d’obtenir des commentaires à ce sujet de la part d’autres personnes, tout en sachant qu’eux-mêmes ne comprenaient pas ce que cela signifiait », a-t-il poursuivi.
Rapportant aussi une conversation avec le Premier ministre de Singapour, M. Bainimarama s’est ensuite déclaré frappé par une réflexion de son interlocuteur qui exprimait le point de vue selon lequel « les médias n’ont pas besoin d’être forcément pro-gouvernement, mais ils doivent être pro-Fidji ».
« Ces mots résonnent encore dans ma tête aujourd’hui, car je suis totalement d’accord (…) Votre travail, c’est d’informer vos concitoyens, d’inspirer un débat public constructif, d’aider à combattre la corruption », a-t-il conclu.

Outre une centaine de représentants d’organes de presse publics et privés de toute l’Océanie insulaire, plusieurs partenaires régionaux, dont le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) participent aussi à cette conférence, cette semaine, intervenant notamment dans des ateliers consacrés à plusieurs dossiers sociétaux et environnementaux comme la lutte contre la corruption, les changements climatiques, les maladies liées au style de vie ou encore le rôle du sport dans cette vaste région.
D’autres organisations régionales, qui ont adopté une posture plus radicale que celle de la PINA vis-à-vis du gouvernement post-putsch Bainimarama, avaient ces derniers jours appelé au boycott de cette réunion, accusant implicitement la PINA de jouer le jeu du régime fidjien.
La PINA, pour sa part, a maintenu son siège régional à Suva et a plaidé ces derniers mois pour une approche de maintien du dialogue avec le régime local.

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Rédigé par PAD le Mercredi 28 Mars 2012 à 06:45 | Lu 543 fois