Le Congrès de Nouvelle-Calédonie et le Groupe Mélanésien Fer de Lance signent un accord


PORT-VILA, mardi 28 février 2012 (Flash d’Océanie) – Le Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL), groupement subrégional, a annoncé mardi la signature d’un accord de financement avec le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, avec comme lignes fortes la promotion du Français comme langue de travail au sein de cette organisation majoritairement anglophone, dans une dynamique d’insertion régionale.

Le GMFL a ainsi annoncé mardi, par voie de communiqué, qu’un accord avait été signé lundi entre Roch Wamytan, Président du Congrès (Parlement) de la collectivité française de Nouvelle-Calédonie, et Peter Forau, Directeur Général du GMFL.
Cet accord « de partenariat et d’appui institutionnel » intervient à la faveur d’une nouvelle visite à Port-Vila de M. Wamytan, qui y conduisait une délégation de membres et de personnel du Congrès pour une visite qualifiée à Port-Vila d’ « historique ».
« Monsieur Wamytan est le Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et il est également membre éminent du FLNKS. Grâce à son initiative, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie offre une aide financière au Secrétariat du GFLM », précise le groupe mélanésien Fer de Lance.
Le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste), mouvement qui regroupe plusieurs partis indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, est le seul membre non-étatique du GMFL
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Les autres sont les États indépendants de Vanuatu, des îles Salomon, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Fidji.
Fidji assure la Présidence tournante du GMFL depuis la tenue du dernier sommet en mars 2011 à Suva.
Les dirigeants mélanésiens ont aussi conclu ce sommet de mars 2011 à Suva en décidant, entre autres chose, que la Nouvelle-Calédonie devrait accueillir la prochaine édition du sommet des pays du groupe Fer de Lance, prévue en 2013.
Une telle réunion, entre pays majoritairement anglophones, et l’hôte francophone, nécessiterait une logistique de traduction et d’interprétation.
Une première expérience en ce sens avait eu lieu au début des années 2000, sur fond de flou artistique quant au véritable hôte des dirigeants mélanésiens : le FLNKS, la Nouvelle-Calédonie ou l’État français.
L’accord signé en début de semaine à Port-Vila, sans citer explicitement la perspective de ce sommet, met un accent tout particulier sur l’enveloppe financière d’un montant non précisé) qui devrait accompagner ce pacte de soutien.
Toutefois, les objectifs les plus immédiatement concrets mentionnés sont ceux de « faciliter la coopération régionale en Mélanésie, la promotion de la langue française comme langue officielle au sein du Secrétariat, le détachement de cadres auprès du Secrétariat, et la traduction et l’interprétariat lors de réunions officielles de Membres du GFLM ».
À moyen terme, il est aussi prévu des échanges de personnes, notamment sous forme de stagiaires néo-calédoniens Kanak, au sein du Secrétariat du GMFL.
Lors de la dernière réunion du groupe Fer de Lance, à Suva fin mars 2011, la délégation du FLNKS a été dans un premier temps conduite par Victor Tutugoro, porte-parole de cette organisation pour les questions du GMFL (mais qui a dû quitter Fidji précipitamment en raison du décès de son épouse), puis par Charles Washetine (Parti de Libération Kanak –PALIKA, l’une des composantes du mouvement indépendantiste-).
Charles Pidjot, Président de l’Union Calédonienne (UC, autre composante du FLNKS) était également présent à Suva.
Le GMFL, lors de sa création en 1988, affichait l’une de ses raisons d’être (notamment, à l’époque, sous l’impulsion du révérend père Premier ministre de Vanuatu Walter Lini) comme étant le soutien de la cause indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.
Début février 2012, toujours dans le même esprit, le secrétariat du GMFL annonçait la création de postes d’agents de liaison qui seraient spécialement chargés des questions relatives au FLNKS au sein de cette institution.
Objectif principal : briser les barrières linguistiques et faire en sorte que le FLNKS, en tant que membre du GMFL, soit informé aussi rapidement que les autres membres des évolutions des divers dossiers intéressant ce groupe subrégional.
Cette annonce coïncidait avec la visite de représentants du bureau politique du FLNKS à Port-Vila, du 1er au 5 février 2012.
L’ordre du jour évoqué alors a été en relation directe avec la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa (qui prévoit un transfert progressif, déjà bien avancé, des compétences de l’État français aux autorités locales de Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’un référendum d’autodétermination prévue dans une fourchette située en 2014 et 2018), ainsi que, toujours dans ce cadre, une visite en Nouvelle-Calédonie de la part de hauts responsables du groupe Fer de Lance.
La précédente visite de la part de représentants de ce groupement était toute récente : elle remonte à novembre 2011.

Soutien au régime fidjien

Concernant la situation post-putsch (du 5 décembre 2006) à Fidji et le processus de rétablissement de la démocratie par voie d’élections, les dirigeants mélanésiens, sur le mode « compréhensif » et de l’ « engagement », ont officiellement approuvé la feuille de route annoncée depuis juillet 2009 par le Contre-amiral Bainimarama et qui prévoit des élections à partir de septembre 2014.
Ce scrutin devrait être précédé, selon les plans annoncés par l’homme fort de Suva, d’importantes réformes constitutionnelles et institutionnelles notamment concernant le mode d’élections.
Par ailleurs, les dirigeants mélanésiens ont mis un accent particulier sur le renforcement de leur coopération, à commencer par un élargissement prévu d’accords commerciaux initialement mis en place dans les années 1990 et qui devrait à terme inclure la notion de services et de marché commun de l’emploi.
Ce projet, encore à l’étude, viserait aussi, selon le GMFL, à favoriser une intégration subrégionale au sein d’un ensemble de pays possédant, au plan insulaire océanien, les économies les plus importantes.
Entre-temps, le GMFL a aussi apporté un soutien fort à Fidji, en exigeant qu’à l’avenir, et malgré sa suspension de son statut de membre plein prononcée par le Forum des Îles du Pacifique (FIP) en mai 2009 (pour cause de non retour rapide à la démocratie), ce pays puisse pleinement participer aux réunions de négociations dans le cadre de la conclusion d’un accord de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne, ce qui n’a pas été le cas au cours des quatre dernières années.
Faute de quoi, les dirigeants mélanésiens annoncent leur intention d’ « envisager sérieusement » un déménagement du bureau de négociations dans le cadre de ce cycle ACP-UE.
Au plan du maintien de l’ordre, le groupe mélanésien a entériné le principe de la création d’une « unité policière » subrégionale et d’une école de police.
Ces projets relatifs au maintien de l’ordre ont été justifiés par d’éventuels troubles civils dans les pays concernés, mais aussi par la montée de la criminalité transnationale, les activités de pêche illicite et on signalée ou encore la nécessité récurrente de porter assistance aux populations frappées par des catastrophes naturelles (cyclones, séismes, tsunamis, inondations, éruptions volcaniques).
Dans cet esprit et en marge du sommet, mais aussi d’une réunion des chefs des polices mélanésiennes qui se tenait au même moment, le chef des forces de l’ordre de Fidji, le général de brigade Iowane Naivaluarua, a signé avec le directeur du centre de gestion des catastrophes naturelles de Vanuatu, Job Esau, un accord portant sur la sécurité régionale et des action de formation en matière de police de proximité.
Les Mélanésiens ont aussi soutenu la mise en place, à venir, de « Jeux de la Mélanésie », qui constitueraient alors le pendant subrégional aux Jeux du Pacifique.
Tout au long de ce sommet, le Contre-amiral Bainimarama a aussi à plusieurs reprises défendu l’idée selon laquelle compte tenu de la taille de ses populations et de ses économies, et sur la base d’une « fraternité » et d’une « solidarité » mélanésienne, cette région du Pacifique devait désormais jouer un rôle de « leader » pour tous les autres pays insulaires de la grande région océanienne.
La position « compréhensive » du GMFL vis-à-vis de Fidji se distingue de celle du Forum des Îles du Pacifique (FIP, considéré comme la voix politique du grand Pacifique) qui, depuis le 1er mai 2009, a adopté une position similaire à celles des deux plus influents de ses 16 membres (l’Australie et la Nouvelle-Zélande) et a suspendu Fidji de son statut de membre plein au motif du non-retour rapide de cet archipel à la démocratie, par voie d’élections, depuis le putsch du Contre-amiral Bainimarama le 5 décembre 2006.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande appliquent pour leur part une série de sanctions, notamment en matière d’interdiction de visa pour les personnes associées au régime actuel, ainsi que leurs familles et proches.

Reprise de contact entre assemblées de Nouvelle-Calédonie et de Vanuatu

Par ailleurs, les contacts entre le Congrès de la Nouvelle-Calédonie et son assemblée homologue, le Parlement de Vanuatu, ont été renoués ostensiblement depuis l’an dernier, après une période de flottement.
Courant octobre 2011, Roch Wamytan se trouvait une nouvelle fois à Port-Vila, où il a rencontré un large éventail de responsables politiques et institutionnels, à commencer par son homologue Dunstan Hilton, élu au perchoir début septembre 2011.
M. Wamytan, qui a retrouvé son siège de Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie mi-août 2011 (après l’avoir perdu une première fois à la suite d’une invalidation, par le Conseil d’État, de sa première élection le 1er avril 2011) a effectué cette « visite de courtoisie » afin de « relancer les échanges » entre les deux assemblées, précise le Congrès dans un communiqué mis en ligne mercredi.
Évoquant les accords cadre mis en place, entre le gouvernement de Vanuatu, l’État français et celui de la Nouvelle-Calédonie, M. Wamytan a souligné que l’institution qu’il préside « s'inscrit dans le domaine de la bonne gouvernance et souhaite développer ses échanges » avec le Parlement de Vanuatu.
En mars 2009, Pierre Frogier, alors Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, avait lui aussi fait le déplacement à Port-Vila pour inaugurer, aux côtés du Président du Parlement de Vanuatu de l’époque, George Wells, un nouveau système de sonorisation et de traduction simultanée.
Ce projet, sous forme de don, avait été évoqué dès la signature d’une première convention de coopération entre les deux institutions, en février 2002, alors que le Président du Congrès était M. Harold Martin (actuel Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie) et celui du Parlement de Vanuatu le francophone Henri Taga (décédé le 6 juillet 2011 à l’âge de 66 ans).
Cette opération, financée par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie à hauteur de quelque 19 millions de vatu (127.000 euros), rentre dans le cadre de la convention de partenariat signée en février 2002 entre les deux institutions.
Au cours de ce déplacement, M. Frogier et sa délégation avaient aussi rencontré plusieurs membres du gouvernement local pour « approfondir les relations déjà existantes et examiner les voies et les moyens pour franchir de nouvelles étapes dans ce partenariat ».
Depuis juin 2006, dans le cadre d’un accord de coopération dite décentralisée, la Nouvelle-Calédonie dispose d’une enveloppe fournie par l’État français, à laquelle elle ajoute une contribution, pour se consacrer spécifiquement à des actions de coopération avec la République de Vanuatu, plus proche voisin de cette collectivité française du Pacifique mais aussi seul États indépendant d’Océanie partiellement francophone (les langues officielles sont le Français, l’Anglais et le pidgin local, le bichelamar).


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Rédigé par PAD le Mardi 28 Février 2012 à 05:20 | Lu 1282 fois