"Le Cnam se met au service de la Polynésie"


L'administrateur général du Cnam (tout à droite), Olivier Faron, avec ses équipes polynésiennes : Christophe Gomez, Graziella Terorotua et Vaihere Gineste.
PAPEETE, le 21 juin 2016 - L'administrateur général du Cnam, spécialiste de la formation continue et des cours par correspondance, est en visite au fenua. Il nous explique comment cette institution peut aider la Polynésie à améliorer la formation des chômeurs, des professionnels et des habitants des îles.

Olivier Faron est l'administrateur général du Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam), il a donc le rôle du directeur dans cet établissement public qui existe depuis 220 ans en Métropole et 37 ans en Polynésie. La structure qu'il dirige est le principal établissement français de formation professionnelle, de formation continue et est spécialiste de la formation des adultes en général. "Nous sommes un exemple assez rare, même au point de vue international, et nous avons un rôle extrêmement important dans le contexte actuel, avec le besoin de formations professionnelles lié à la situation de l'emploi dans notre pays" explique l'administrateur général.

Le CNAM est très implanté en Outre-Mer et il a rôle d'accompagnement encore plus prononcé en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Ce qui explique la visite d'Olivier Faron dans nos îles cette semaine, qui lui permettra de rencontrer ministres, responsables éducatifs, hommes politiques de tous bords… "Je vais leur dire que le Cnam se met au service de la Polynésie, nous souhaitons nous inscrire dans la durée et être un acteur du développement du territoire, à un moment où nous savons qu'il y a un besoin important" explique-t-il. C'est également le moment de faire le point sur l'avenir du CNAM en Polynésie, puisque notre branche du Conservatoire connait deux changements importants en 2016 : il se rattache à l'administration du lycée du Taaone (qui est accolé à ses locaux), et introduit un nouveau directeur, Christophe Gomez.

DE NOUVELLES FORMATIONS EN VUE

Le CNAM a aussi dévoilé sa feuille de route pour les années qui viennent, avec le développement de formations et d'initiatives dans quatre priorités identifiées avec le Pays : la mer, le numérique, le social et le développement des archipels.

Ainsi, de nouvelles formations vont être mises en place selon différentes formules : "Gestion managériale du tourisme", "Responsabilité sociale et environnementale", "Travailleur de l'humanitaire", plusieurs formations dans l'aquaculture pour le projet de Hao…

Au-delà, le CNAM envisage de participer à un Hub de transfert de connaissance entre les établissements polynésiens et des compétences métropolitaines. Par exemple un partenariat est en cours de négociation avec l'École nationale du jeu et des médias interactifs numériques d'Angoulème, l'Enjmin. Un projet étudié par les équipes du Cnam est de mettre en place des relais d'accompagnement pour la formation à distance dans les archipels, avec l'aide des mairies. Le Cnam va également participer au Festival du numérique, prévu pour mars prochain. Les premières formations en alternance créées l'année dernière avec le Grepfoc et le SEFI pourraient faire des petits… Bref, tout un programme.


Le Cnam en Polynésie
- 229 auditeurs par an (80 000 dans toute la France)
- 329 unités d’enseignement dispensées
- 29 formateurs agréés
- 200 validations d'acquis par an
- Quatre formules :
cours du soir et du samedi
cours en journée
stages professionnels/alternance
formation à distance

Parole à Olivier Faron, administrateur général du Cnam

En Polynésie, le Cnam s'est récemment rapproché du Sefi pour proposer des formations pour les chômeurs et des formations en alternance. Allez-vous continuer dans cette direction ?
"Le président de la République a rappelé l'ardente obligation de former les demandeurs d'emploi dans son plan 500 000, je crois qu'aujourd'hui il y a un consensus pour dire qu'il faut que l'on réponde aux demandes des demandeurs d'emplois. Mais il y a une triple problématique : les demandeurs d'emploi, le public fragile et les actifs qui ont une envie légitime de progression et de promotion sociale. Ça veut dire qu'il faut réussir à concilier les besoins individuels de chacun des acteurs et les besoins des territoires, car il faut une adéquation entre les deux. Donc ça veut dire travailler au plus près des territoires, tout en accompagnant nos auditeurs sur des parcours très personnalisés. Tout notre dispositif d'accueil, d'information et d'accompagnement est conçu pour proposer des parcours à la carte. Nous sommes aussi en contact avec les établissements publics pour comprendre qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui ne marche pas et utiliser les bons outils."

Quelles réponses apportez-vous aux problèmes spécifiques de la Polynésie ?
"Alors, est-ce que ce sont des problématiques spécifiques, ou bien est-ce qu'elles concernent tous les Outremers ? Je pense que la bonne réponse est de partir de ce qui marche dans d'autres territoires et de l'adapter. La bonne formation a été conçue et réfléchie avec des gens qui assurent le lien notamment avec les questions de recherche, et qui est adapté à un territoire particulier.

En Polynésie, nous formons depuis 37 ans. Il y a des anciens qui montrent qu'on peut réussir en passant par le Cnam, il y en a même au gouvernement du Pays ! Donc très concrètement, il y a les dispositifs qui forment le cœur de nos activités : comptabilité, ressources humaines… Qui existent déjà et sont importantes. Et puis il y a un certain nombre de grands secteurs où nous avons à avancer ensemble, et Christophe [Gomez, nouveaux directeur du Cnam en Polynésie, NDLR] lui-même porte un certain nombre de dispositifs qui sont très valorisants.

Sur le numérique par exemple, le Pays a envie de faire de Tahiti un pôle fort du numérique, donc il faut mettre en face les bonnes formations et les bons outils. Il faut former ceux qui vont créer de nouvelles ressources numériques, mais c'est aussi une formidable réponse pour les publics très fragiles. Nous avons monté un dispositif en métropole qui s'appelle le dispositif Pass Numérique, inclus dans la grande École du numérique, qui peut être développé demain ici. Il s'adresse à des demandeurs d'emplois, à des décrocheurs, à des gens hors du système, pour les remettre dans la voie et leur apprendre des sujets comme le codage puis les raccrocher à une formation valorisée. Christophe Gomez travaille aussi pour que nous soyons très largement relayé dans l'ensemble des îles. Face à la réalité composite des archipels, ils devraient miser beaucoup sur les formations à distance avec les outils numériques. Un deuxième sujet c'est le tourisme, et le Cnam est en train de recruter le titulaire d'une chaire sur le tourisme pour développer de nouvelles formations et encore une fois les adapter. Troisième sujet dans nos chantiers, c'est la question du social : médiation sociale, économie sociale et solidaire."



Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 21 Juin 2016 à 15:07 | Lu 6588 fois