Le CHPF condamné à verser 3,9 millions d’indemnités à un ancien patient


PAPEETE, 16 septembre 2015 - Le centre hospitalier de Polynésie française a été condamné mardi à indemniser un ancien patient victime d’une erreur de diagnostic après une fracture de l’os du talon en 2010.

Le plaignant a obtenu mardi du tribunal administratif 3,9 millions Fcfp d’indemnités que devra lui verser le Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF). Il demandait 41 millions.

Victime d’un accident en septembre 2010, lorsque cet entrepreneur de 61 ans avait chuté d’une échelle, le plaignant s’était trouvé dans l’incapacité de continuer son activité professionnelle plus longtemps que prévu. L’erreur de diagnostic qu’il a dénoncée en justice a retardé d’un an sa convalescence. Du fait de son handicap, il n’a pas été en mesure de reprendre son activité et a dû dissoudre sa société qui a été radiée du registre du commerce en mars 2012.
Ce défaut de diagnostic n’est pas contestée par le CHPF qui admet sa responsabilité ; cette erreur a conduit à un diagnostic tardif de la fracture du calcanéum, qui n’a pu bénéficier d’un traitement curatif mais seulement palliatif.

Le plaignant avait chuté d’une échelle à son domicile de Moorea le vendredi 17 septembre 2010 et avait immédiatement ressenti une vive douleur à la cheville droite. Son médecin traitant avait diagnostiqué une entorse et lui avait prescrit une chevillière, des antalgiques et des anti-inflammatoires.

En l’absence d’amélioration, le patient avait été transporté le lundi 20 septembre au dispensaire de Moorea-Maiao, d’où il avait été évacué vers l'hôpital du Taaone. Il était de retour à domicile le 22 septembre avec une attelle plâtrée et une ordonnance pour du matériel à pansements et des antibiotiques. Mais le 12 octobre, un écho-doppler a révélé une thrombose veineuse profonde du membre inférieur droit, qui a nécessité un traitement médicamenteux de plusieurs mois. Une radiographie réalisée au début du mois de janvier 2011 a fait suspecter une fracture de la grosse tubérosité calcanéenne avant qu’un chirurgien orthopédiste n’observe des complications à mettre sur le compte d’une fracture complexe de l’os du talon, avec des séquelles sévères. Deux interventions chirurgicales successives, en mai puis septembre 2011, n’ont pas permis d’aboutir à la consolidation, qui n’a été obtenue qu’après une reprise réalisée le 22 mars 2012.

Le tribunal administratif a reconnu la responsabilité pour faute du CHPF en raison de l’absence de diagnostic de la fracture et de l’absence de traitement anticoagulant préventif ayant provoqué toutes ces complications.

La Caisse de prévoyance sociale également plaignante obtient de se faire rembourser 2,4 millions Fcfp par le CHPF pour les dépenses couvertes consécutivement à cette erreur de diagnostic.

L'hôpital a toujours le moyen de relever appel devant la cour administrative de Paris.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 16 Septembre 2015 à 09:10 | Lu 1723 fois