Le CHPF boucle son budget à 31 milliards


Tahiti, le 16 février 2024 - Six voix pour et cinq abstentions. C'est non sans mal que le budget 2024 du CHPF a enfin été voté ce jeudi par le conseil d'administration. Un budget principal de 27 milliards de francs, auxquels s'ajoutent trois milliards pour les budgets annexes de la psychiatrie, de l'hospitel, du Samu, ou encore de l'école de sages-femmes par exemple, et un milliard de francs en provenance de l'Etat pour les unités médico-judiciaires.
 
Laborieux. Comme en 2023, les tensions restent vives au CHPF qui a de plus en plus de mal chaque année à boucler son budget avec des activités de soins qui augmentent, une population qui vieillit, des pathologies plus longues, un service psychiatrie saturé, deux blocs opératoires sur six qui sont fermés et surtout, un personnel à bout de souffle et en sous-effectif. Il y a un an, cela avait même conduit à une grève des professionnels de santé de Taaone excédés de devoir faire mieux avec moins.

Le CHPF devait déjà adopter son budget pour 2024 en fin d'année dernière, et le conseil d'administration s'est déjà réuni à plusieurs reprises depuis. Mais ce vote a systématiquement été repoussé faute d'accord, et ce n'est donc que ce jeudi qu'il a finalement été approuvé, sur le fil et après de très longues discussions, avec seulement six voix pour et cinq abstentions.

Un budget global qui s'établit à "30,6 milliards" de francs exactement comme nous l'a confirmé le ministère qui précise que le budget principal de l'hôpital s'élève à " 26,8 milliards", auxquels il faut ajouter "trois milliards" pour les budgets annexes qui concernent la psychiatrie, l'hospitel, le Samu, l'unité de consultation de la prison de Paeari, le CTS (centre de transfusion sanguine) ou encore l'école de sages-femmes. "Mais il y a aussi l'unité médico-judiciaire (UMJ) à hauteur d'un milliard de francs sachant que c'est l'Etat qui finance ce budget précis", nous a expliqué le ministère de la Santé qui rappelle que la dotation globale du Pays en faveur du CHPF s'élève à environ 15 milliards de francs.
 
Le président en arbitre entre deux ministres
 
Depuis la veille et jusqu'à la pause de midi jeudi, les syndicats étaient déterminés à voter contre ce budget jugé largement insuffisant. Mais ils ont finalement revu leur position dans l'après-midi : "Le Pays ne nous donnait qu'un milliard le matin (jeudi, NDLR). On a dit qu'il manquait 700 millions. On a vu que le ministre de la Santé et le représentant du ministre des Finances n'étaient pas tout à fait d'accord. D'où la suspension à midi et après concertation avec le président, il a donné son accord pour les 700 millions supplémentaires", nous a ainsi expliqué la secrétaire générale du SPCHDT affiliée à la fédération des interprofessionnels de santé en Polynésie, Mireille Duval.

L'arbitrage opéré par le président du Pays entre ses deux ministres aura donc porté ses fruits puisque la tendance a finalement pu être inversée, le représentant du ministre Tevaiti Pomare se rangeant aux côtés de Cédric Mercadal au moment du vote. Le ministre de la santé a ainsi assuré aux syndicats qu'un collectif budgétaire viendrait abonder ce budget d'1,7 milliard de francs au mois d'avril, ce qui donnera "un bol d'air" et de la "visibilité" au CHPF jusqu'à la fin de l'année.

Ce qu'a concédé Mireille Duval, qui reste néanmoins vigilante :  "Il manque 1,7 milliard donc on attend le collectif mais oui, ça nous permettra de tenir jusqu'à la fin de l'année. On est toutefois très attentifs parce que ça ne tiendra que s'il n'y a pas de catastrophe ou de nouvelle épidémie", prévient-elle, d'autant que "le personnel est fatigué et on n'est pas à l'abri de départs en arrêt maladie ou de démissions".
Les regards sont donc désormais tournés vers Tarahoi où les élus de l'assemblée devront approuver ce collectif budgétaire au mois d'avril, à l'ouverture de la session administrative.
 
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 16 Février 2024 à 10:45 | Lu 2406 fois