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Le 31e Sidaction, entre la mobilisation et l'alarme


Crédit Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Crédit Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 20/03/2025 - Un appel à "mettre le paquet" sur la recherche et "un cri d'alarme": le Sidaction se veut doublement combatif pour soutenir la lutte contre le sida, percutée dans le monde par les coupes budgétaires américaines.

"Les incroyables décisions américaines renvoient la lutte anti-VIH 20 ans en arrière", "c'est un cri d'alarme", déclare à l'AFP Florence Thune, directrice générale de Sidaction, avant la 31e édition, de vendredi à dimanche, de cet événement caritatif soutenu par une trentaine de télévisions et radios.

Cela "renforce notre message appelant à mettre le paquet sur la recherche, pour pouvoir libérer un jour les personnes avec le VIH d'un traitement à vie", souligne-t-elle.

S'il est possible de vivre avec le VIH quand on est sous traitement, on ne guérit toujours pas du sida avec une élimination totale du virus, et il reste beaucoup de progrès nécessaires pour la prévention, le dépistage ou l'accès aux soins, même en France.

Les dons au Sidaction, possibles par téléphone, SMS ou internet, servent à financer des recherches, des soins, des programmes d'aide aux personnes vivant avec le VIH, en France et à l'étranger. L'édition 2024 a réuni 3,87 millions d'euros de promesses de dons, montant similaire à l'année précédente.

L'association, présidée par la codécouvreuse du virus et prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, s'inquiète désormais des "conséquences en cascade" des coupes budgétaires de l'administration Trump et du risque que "l'épidémie de sida ne reparte", selon sa directrice générale. 

Sur la trentaine d'associations soutenues à l'international, notamment en Afrique de l'ouest et du centre, "certaines voient leurs budgets amputés de 30 à 50%". "Résultat: des arrêts de distribution de préservatifs, de dépistages, de prescriptions de PrEP ("prophylaxie pré-exposition", pilule préventive pour les personnes très exposées au VIH)", rapporte Florence Thune.

"Dans le monde, 90% des traitements qui sont utilisés par la prep sont financés par les Etats-Unis", a renchéri jeudi l'infectiologue Jean-Michel Molina, lors d'un point organisé par l'ANRS, agence française de recherche contre le VIH. "Ca fait craindre un rebond de l'incidence du VIH très rapide dans un certain nombre de pays."

Plusieurs centaines de spécialistes du VIH, dont Françoise Barré-Sinoussi, ont exhorté la semaine dernière les Etats-Unis de rétablir leurs contributions à l'aide internationale, jugeant que les coupes pourraient "provoquer la mort d'environ six millions de personnes lors des quatre prochaines années".

En France, quelque 200.000 personnes vivent avec le VIH et près de 5.500 nouvelles séropositivités ont été découvertes en 2023. Et "les plus de 50 ans sont même un peu plus nombreux que les jeunes parmi ceux qui découvrent leur séropositivité", pointe Florence Thune. 

- "Vivre sans" -

"Grâce à la recherche, on peut vivre avec le VIH, en aidant la recherche on pourra vivre SANS", espère l'association, cofondée en 1994 par Pierre Bergé et Line Renaud.

Les scientifiques travaillent toujours pour permettre une rémission persistante de porteurs du virus mais aussi pour essayer d'éviter, chez des personnes vieillissant avec le VIH et traitées, des comorbidités précoces (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers...). La longue quête d'un vaccin continue aussi.

"J’ai l’impression que dans ma génération, on est moins informés", a souligné récemment le rappeur belge Damso, auteur de l'hymne du Sidaction 2025. "Pour protéger c’qu’on aime, faut commencer par s’protéger soi-même", peut-on entendre dans son titre interprété par 18 artistes de rap, pop et gospel.

Plus de 30 ans après le premier Sidaction, où la comédienne Clémentine Célarié avait embrassé un séropositif sur la bouche pour montrer que le virus ne se transmettait pas de cette manière, des idées fausses persistent.

"Sur les modes de transmission, il reste, parmi les jeunes, des idées reçues à des milliards de kilomètres de la réalité", déplore la directrice générale de Sidaction.

Côté prévention, le recours à la PrEP reste insuffisant, notamment parmi les précaires ou les femmes. L'usage du préservatif aussi.

Malgré les progrès des 20 dernières années, près de 40 millions de personnes vivent encore avec le VIH dans le monde, dont un quart environ sans traitement, et plus de 600.000 meurent chaque année des suites du sida. 

"Le chemin vers la fin du sida reste semé d’embûches", de l'avis même de l'Onusida, vu "les inégalités persistantes, les contraintes financières et les menaces sanitaires émergentes". L'objectif d'y parvenir en 2030 est encore plus compromis par les décisions étasuniennes.

le Jeudi 20 Mars 2025 à 02:29 | Lu 169 fois