Laurey demande un nouveau mode de scrutin


Quel mode de scrutin pour remplir l'assemblée ?
Tahiti, le 19 juin 2024 - C’est une question récurrente, surtout chez les partis naissants, en déclin, ou qui tentent de se faire une place dans la bipolarisation politique de la Polynésie française : la réforme du mode de scrutin.
 
Ce jeudi matin, Nuihau Laurey, va rouvrir le débat à l’assemblée de la Polynésie française lors de la séance des questions orales. Réformer le mode de scrutin afin que Tarahoi ne soit pas pris en otage de majorités plus fortes qu’elles ne sont réellement la représentation des votes. La majorité Tavini d’aujourd’hui possède 38 élus sur 57, soit presque 67% de l’assemblée de la Polynésie française pour un parti qui n’a obtenu que 44% des suffrages. 23 sièges de plus que l’opposition pour moins de 8 000 voix d’écart. Mais avant le Tavini, le Tapura avait déjà réalisé ce même hold-up électoral avec 38 élus pour 49% des voix. Il succédait au Tahoera’a (38 sièges pour 45%).
 
Tous ces partis ont un jour pesté contre la loi électorale de 2011 de Marie-Luce Penchard, pour un autre jour en jouir à leur tour. Nuihau Laurey, qui essaye de faire vivre le A here ia Porinetia, sans groupe à l’assemblée, à côté de l’autre mouvement autonomiste, le Tapura huiraatira, va tenter sa chance à son tour à quelques jours des élections législatives.
 
“Ce système inique est le fruit de notre histoire politique récente”, écrit Nuihau Laurey, “et plus particulièrement la période 2004-2013 qui a été marquée par l’instabilité avec neuf gouvernements en moins de dix ans”.
 
“Gonflement artificiel”
 
Pour tenter de ramener les élus à la raison, la loi Penchard a réinstauré une prime majoritaire forte et un seuil de 12,5% pour se qualifier pour le second tour. Des obstacles qui n’ont pas pour autant fait disparaître les partis avec deux triangulaires (2018-2023) et une possible quadrangulaire l’an dernier. “Ce gonflement artificiel des majorités conduit aujourd’hui à une bipolarisation de la vie politique locale, un combat autonomie-indépendance fondé sur l’idéologie” et “apprécié par tous, jusqu’à la défaite”.
 
A here ia Porinetia déposera prochainement une proposition de résolution visant à demander la réforme du mode de scrutin par une “baisse du seuil de franchissement pour accéder au second tour” et par “une réduction de la prime majoritaire”.
 
Si les élus et leurs appétits personnels ont appris de leurs erreurs pendant les dix ans d’instabilité, la proposition pourrait marcher. Si tel n’est pas le cas, la proposition de Nuihau Laurey ne servira qu’à remettre une pièce dans le même juke-box qui nous resservira alors la même mauvaise chanson.
 

Un recrutement qui interroge l’opposition

Au rayon des questions qui fâchent, le président du Pays sera aussi attendu par l’opposition sur le recrutement récent d’un nouveau membre de son cabinet, issu de la fonction publique d’État, dans une majorité qui ne cesse de déclamer son amour à l’emploi local. “Nous sommes étonnés que votre gouvernement continue de procéder à des recrutements de fonctionnaires d’État, originaires de métropole, pour occuper des fonctions au sein de vos cabinets ministériels, vu les récentes prises de positions hostiles des élus de votre majorité, de vos ministres ou de vos ex-députés sur nos frères et sœurs métropolitains ayant choisi la Polynésie française comme pays d’adoption”, écrit la représentante Tepuaraurii Teriitahi.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 20 Juin 2024 à 09:56 | Lu 2997 fois