Tahiti, le 11 décembre 2024 - Ce mercredi matin, Karine Frogier Leocadie a soutenu sa thèse de doctorat intitulée “Transmissions des cultures et des langues polynésiennes : Le cas du tahitien dans la société actuelle, langue d’enseignement et langue vivante patrimoniale. Analyses et perspectives d’avenir”. Le jury n’a pas manqué de féliciter l’auteure pour son travail “remarquable”. “Une œuvre” qui clôt cinq années de travail et qui laisse des pistes pour améliorer les transmissions.
La salle était comble. Karine Frogier Leocadie a soutenu sa thèse de doctorat ce mercredi matin dans l’auditorium du pôle recherche de l’Université de la Polynésie française (UPF) devant un large public. Preuve, s’il fallait, de tout l’intérêt porté à sa thématique de recherche.
Mère de famille, enseignante, elle a ardemment travaillé pendant cinq années sur sa thèse avant de pouvoir livrer ses conclusions, livrant un document de 436 pages découpé en sept parties. Tu as été “combative”, “engagée” et “tu as réussi à tout mener de front avec courage”, l’a félicitée son directeur de thèse, Frédéric Anciaux, professeur des universités en Sciences de l'éducation et de la formation. Karine Frogier Leocadie a étudié sur l’apprentissage et l’enseignement du tahitien dans la société actuelle et sur les conditions permettant une (re)connexion des apprenants à cette langue. Elle a examiné comment l’enseignement du tahitien à l’UPF pouvait contribuer à une meilleure (ré)appropriation des langues et des cultures polynésiennes et quels outils et approches pédagogiques peuvent être envisagés pour repenser cet enseignement. Ce travail, mené en Polynésie sur le reo tahiti, résonne déjà dans les outre-mer.
129 étudiants questionnés
Après vingt ans d’expérience en tant qu’enseignante du tahitien, Karine Frogier Leocadie propose une réflexion autour d’une contextualisation sociodidactique de l’enseignement du tahitien permettant aux étudiants de surmonter leur insécurité linguistique. Pour ce faire, elle a mené une enquête auprès de 129 étudiants de licence en parcours “Langues polynésiennes” en s’appuyant sur un questionnaire afin d’étudier leurs pratiques langagières et leurs représentations sociales au cours de leur vie. Plusieurs expérimentations pédagogiques innovantes ont été mises en place à l’université pour mesurer leurs impacts sur les apprentissages des étudiants. “L’un des points forts de cette thèse est le combinatoire entre terrain et théorie”, a commenté le jury.
L’analyse des réponses au questionnaire permet de décrire et de comprendre la situation sociolinguistique des étudiants basée sur une diglossie, voire une triglossie (français-tahitien-autre langue polynésienne). Elle permet aussi de relever la place de l’alternance codique et la coprésence du tahitien et du français en envisageant ces pratiques langagières comme tremplin possible dans l’enseignement du tahitien.
Les résultats recueillis lors des expérimentations (classe renversée, recherche-implication avec la traduction en tahitien du Prophète de Khalil Gibran, recherche-action avec une sortie pédagogique culturelle à Moorea, recherche-création avec une exposition itinérante et inclusive autour de la légende mythique du ’uru ou fruit de l’arbre à pain) mettent en évidence l’importance des effets de contexte sur l’acquisition et la (ré)appropriation culturelle et linguistique et le changement de posture des étudiants face à l’apprentissage des langues polynésiennes.
Pistes à suivre et propositions d’amélioration
Pour compléter cette recherche, des entretiens semi-directifs sur l’état actuel de l’enseignement du tahitien ont été réalisés auprès de plusieurs personnes (ministres et inspecteurs de l’Éducation nationale, pasteurs de l’Église protestante mā’ohi, maires de commune). Enfin, une analyse comparative d’écoles immersives en langue locale sur différents territoires (Bretagne, Nouvelle-Zélande, Hawai’i, île de Pâques) a été réalisée suggérant, comme pistes de réflexion et perspectives, une immersion en langues et cultures polynésiennes dès le plus jeune âge avec la création de garderies immersives tahitiennes.
“La transmission, perçue comme un vecteur essentiel des langues et de la culture, doit évoluer pour mieux répondre aux attentes et fonctionnement des étudiants”, a conclu Karine Frogier Leocadie. Elle évoque une “approche plus autochtone des apprentissages”, ce qui ouvre la voie à de nouvelles initiatives : développement d’un cadre théorique, nouvelles stratégies pédagogiques, création de ressources adaptées pour les enseignants et formateurs. Les conditions d’apprentissage doivent être “repensées” et “renforcées”.
La salle était comble. Karine Frogier Leocadie a soutenu sa thèse de doctorat ce mercredi matin dans l’auditorium du pôle recherche de l’Université de la Polynésie française (UPF) devant un large public. Preuve, s’il fallait, de tout l’intérêt porté à sa thématique de recherche.
Mère de famille, enseignante, elle a ardemment travaillé pendant cinq années sur sa thèse avant de pouvoir livrer ses conclusions, livrant un document de 436 pages découpé en sept parties. Tu as été “combative”, “engagée” et “tu as réussi à tout mener de front avec courage”, l’a félicitée son directeur de thèse, Frédéric Anciaux, professeur des universités en Sciences de l'éducation et de la formation. Karine Frogier Leocadie a étudié sur l’apprentissage et l’enseignement du tahitien dans la société actuelle et sur les conditions permettant une (re)connexion des apprenants à cette langue. Elle a examiné comment l’enseignement du tahitien à l’UPF pouvait contribuer à une meilleure (ré)appropriation des langues et des cultures polynésiennes et quels outils et approches pédagogiques peuvent être envisagés pour repenser cet enseignement. Ce travail, mené en Polynésie sur le reo tahiti, résonne déjà dans les outre-mer.
129 étudiants questionnés
Après vingt ans d’expérience en tant qu’enseignante du tahitien, Karine Frogier Leocadie propose une réflexion autour d’une contextualisation sociodidactique de l’enseignement du tahitien permettant aux étudiants de surmonter leur insécurité linguistique. Pour ce faire, elle a mené une enquête auprès de 129 étudiants de licence en parcours “Langues polynésiennes” en s’appuyant sur un questionnaire afin d’étudier leurs pratiques langagières et leurs représentations sociales au cours de leur vie. Plusieurs expérimentations pédagogiques innovantes ont été mises en place à l’université pour mesurer leurs impacts sur les apprentissages des étudiants. “L’un des points forts de cette thèse est le combinatoire entre terrain et théorie”, a commenté le jury.
L’analyse des réponses au questionnaire permet de décrire et de comprendre la situation sociolinguistique des étudiants basée sur une diglossie, voire une triglossie (français-tahitien-autre langue polynésienne). Elle permet aussi de relever la place de l’alternance codique et la coprésence du tahitien et du français en envisageant ces pratiques langagières comme tremplin possible dans l’enseignement du tahitien.
Les résultats recueillis lors des expérimentations (classe renversée, recherche-implication avec la traduction en tahitien du Prophète de Khalil Gibran, recherche-action avec une sortie pédagogique culturelle à Moorea, recherche-création avec une exposition itinérante et inclusive autour de la légende mythique du ’uru ou fruit de l’arbre à pain) mettent en évidence l’importance des effets de contexte sur l’acquisition et la (ré)appropriation culturelle et linguistique et le changement de posture des étudiants face à l’apprentissage des langues polynésiennes.
Pistes à suivre et propositions d’amélioration
Pour compléter cette recherche, des entretiens semi-directifs sur l’état actuel de l’enseignement du tahitien ont été réalisés auprès de plusieurs personnes (ministres et inspecteurs de l’Éducation nationale, pasteurs de l’Église protestante mā’ohi, maires de commune). Enfin, une analyse comparative d’écoles immersives en langue locale sur différents territoires (Bretagne, Nouvelle-Zélande, Hawai’i, île de Pâques) a été réalisée suggérant, comme pistes de réflexion et perspectives, une immersion en langues et cultures polynésiennes dès le plus jeune âge avec la création de garderies immersives tahitiennes.
“La transmission, perçue comme un vecteur essentiel des langues et de la culture, doit évoluer pour mieux répondre aux attentes et fonctionnement des étudiants”, a conclu Karine Frogier Leocadie. Elle évoque une “approche plus autochtone des apprentissages”, ce qui ouvre la voie à de nouvelles initiatives : développement d’un cadre théorique, nouvelles stratégies pédagogiques, création de ressources adaptées pour les enseignants et formateurs. Les conditions d’apprentissage doivent être “repensées” et “renforcées”.
La plateforme Dumas de l’UPF vient d’ouvrir
Dumas (Dépôt universitaire de mémoires après soutenance) est un portail d'archives ouvertes des mémoires d'étudiants validés par un jury, dans toutes les disciplines. Le portail Dumas est hébergé par HAL mais à l’inverse de HAL, le dépôt ne peut se faire par les auteurs. En effet, il revient au jury de proposer son dépôt sur l’archive ouverte selon des critères de qualité qui reconnaissent et valorisent le travail accompli par l’étudiant.
La plateforme Dumas de l’UPF vient d’ouvrir et propose dès à présent quatre mémoires. Elle est amenée à s’enrichir au fur et à mesure. Le personnel de la bibliothèque universitaire administre la plateforme et procède aux dépôts des mémoires soumis par le jury dès lors que les auteurs les y autorisent.
Dumas (Dépôt universitaire de mémoires après soutenance) est un portail d'archives ouvertes des mémoires d'étudiants validés par un jury, dans toutes les disciplines. Le portail Dumas est hébergé par HAL mais à l’inverse de HAL, le dépôt ne peut se faire par les auteurs. En effet, il revient au jury de proposer son dépôt sur l’archive ouverte selon des critères de qualité qui reconnaissent et valorisent le travail accompli par l’étudiant.
La plateforme Dumas de l’UPF vient d’ouvrir et propose dès à présent quatre mémoires. Elle est amenée à s’enrichir au fur et à mesure. Le personnel de la bibliothèque universitaire administre la plateforme et procède aux dépôts des mémoires soumis par le jury dès lors que les auteurs les y autorisent.