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Lancement du débat sur les choix énergétiques de la France


Lancement du débat sur les choix énergétiques de la France
PARIS, 29 nov 2012 (AFP) - Le débat sur la transition énergétique prônée par François Hollande a débuté jeudi et fait le pari de mettre sur la table une estimation des besoins du pays à l'horizon 2025 et les options pour y répondre, des sujets au coeur d'intérêts divergents et de visions parfois opposées.

"Toutes les idées pourront être défendues. Ceux qui veulent défendre la sortie du nucléaire, ou l'exploitation des gaz de schiste pourront le faire. Il n'y a pas de sujet tabou et toutes les idées pourront s'exprimer", a assuré la ministre de l'Ecologie et de l'énergie, Delphine Batho, prônant "un grand débat citoyen, populaire et accessible à tous".

"Ce débat était un engagement du président de la République", a-t-elle rappelé peu avant le coup d'envoi officiel d'un processus de sept mois.

Au nom d'une nécessaire transition énergétique, François Hollande a fixé certains objectifs: ramener la part du nucléaire dans la production électrique de 75 à 50% d'ici 2025, fermer la centrale de Fessenheim d'ici fin 2016, développer les renouvelables et toutes les sources d'économie possibles, notamment dans le bâtiment.

Le débat, qui va durer plusieurs mois, doit permettre d'étudier plusieurs scénarios avec comme lignes directrices: être moins dépendant des énergies fossiles, dont le coût se renchérit, émettre moins de gaz à effet de serre et plus généralement aller vers une société plus sobre.

Le tout en étant en ligne avec les objectifs de 2050 (diviser par 4 ou 5 les émissions de gaz à effet de serre).

Les travaux, qui sont désormais engagés, vont durer plusieurs mois pour produire d'ici l'été des recommandations au gouvernement, en vue de la rédaction d'un projet de loi en juillet.

"Intérêt de la Nation"

Après la mise en place un peu laborieuse des différentes instances, et notamment du comité de pilotage chargé d'animer le débat qui a donné lieu à des tensions avec les ONG environnementales, la première session du "parlement" du débat a débuté jeudi après-midi au ministère de l'Ecologie.


Ce "parlement" ou conseil national du débat réunit 112 membres issus de sept collèges (Etat, employeurs, syndicats, ONG de défense de l'environnement, autres associations, élus locaux et parlementaires).

A ses côtés, siégeront le comité de pilotage, un comité citoyen et un comité d'experts, chargé de préciser les scénarios disponibles et l'état des connaissances sur les sujets abordés.

A partir de février, des débats seront aussi organisés dans les régions.

"Nous voulons un débat ouvert, riche et transparent", a déclaré Jean Jouzel, un des grands climatologues français et l'un des sept membres du comité de pilotage, où siège également Mme Batho.

Selon Anne Lauvergeon, ancienne patronne d'Areva et membre de ce comité, "il y aura une confrontation des points de vue pour favoriser la recherche de convergences et définir l'intérêt général de la Nation".

Tout cela n'ira pas sans friction, tant les positions sont, sur certains dossiers comme le nucléaire ou les gaz de schiste, radicalement différentes.

Greenpeace et Les Amis de la Terre ont d'ailleurs estimé que les conditions d'un débat sur une "réelle transition énergétique (n'étaient) pas réunies" et ont renoncé à participer.

Quelques militants de Greenpeace se sont mobilisés jeudi devant le ministère de l'Ecologie lors de l'ouverture du débat.

Nucléaire et gaz de schiste mais aussi montée en puissance des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, biomasse, etc.), économies d'énergie, décentralisation des centres de production d'énergies, marge d'autonomie des régions, formes d'habitat, etc.: tous ces sujets devraient être abordés.

Les coûts associés des différents scénarios seront une donnée clé pour éclairer les futurs choix du pays, alors que la facture énergétique (61 milliards d'euros) ne cesse d'alourdir le déficit de la balance commerciale.

ces/pjl/ei

Rédigé par AFP le Jeudi 29 Novembre 2012 à 06:16 | Lu 290 fois