“Labéliser” le poisson des pêcheurs côtiers


Tahiti le 14 octobre 2024 – La mise en place de balises dans le bateau des pêcheurs côtiers, la labélisation de leur poisson, l’augmentation du zonage : tout cela devrait faire partie des discussions pour la mise en place d’un statut de marin pêcheur.  
 
Il aura fallu plus de trois heures de discussion entre le ministre de la Pêche, Taivini Teai, et les pêcheurs côtiers ce lundi matin pour parvenir à une entente sur un protocole d’accord. 
 
“On ne peut plus rester dans l’illégalité. Il faut un cadre juridique pour les pêcheurs”, estime le président du syndicat des pêcheurs Rava’ai Mau, Ralph Van Cam. Il explique effectivement que tous “se complaisaient dans ce système car personne n’a envie de mettre la main à la poche.” Aujourd’hui, il se dit rassuré et soulagé : les pêcheurs côtiers seront rattachés au statut des marins pêcheurs hauturiers en attendant que leur propre statut soit mis en place d’ici six mois.

Une “balise” contre la fraude

Les pêcheurs côtiers ont accepté de mettre sur leur poti marara et poti auhopu une balise qui pourra les localiser “pour réduire le nombre de personnes qui prennent le mazout sans qu’il soit destiné à la pêche. Il y en a beaucoup qui font cela”, regrette le président du syndicat des pêcheurs Rava’ai Mau, Ralph Van Cam. Au total, c’est quatre millions de litre de mazout qui sont consommés mensuellement et selon Ralph Van Cam : “Certains vendent le mazout à des particuliers ou à des entreprises et il y en a aussi qui distribuent à la famille […]. C’est l’argent du contribuable et c’est normal qu’il y ait un contrôle.” 
 
Émile, un pêcheur de Teahupo’o considère que la mise en place de cette balise peut également faciliter les secours en mer en cas d’avarie.

“Labéliser” le poisson des pêcheurs côtiers

Patrick Manavarere assure que la demande de labéliser leur poisson date de plusieurs années. Il l’estime “normale” car il assure que les pêcheurs suivent des formations notamment pour “stocker le poisson dans des conditions idéales”. Avec cette labélisation “on pourra obtenir un meilleur prix de vente”, estime-t-il. Ralph Van Cam partage effectivement cet avis : “Quand on vend nos poissons aux mareyeurs sur le quai, c’est eux qui fixent le prix. Peut-être que là on pourra aussi avoir une augmentation ne serait-ce que de que 100 francs car quand on livre 600 kilos cela fait quand même une différence.”
 
Il est question également dans les discussions autour du projet de statut de marin pêcheur de permettre aux pêcheurs côtiers d’aller au-delà des 15 nautiques, à condition qu’ils embarquent avec eux un matelot qu’ils devront payer au minimum 95 000 francs par mois.
 
Patrick Manavarere sait qu’“il y aura toujours des restrictions mais il faut qu’on discute. Cette demande c’est aussi pour nous protéger car il ne faut pas se voiler la face aujourd’hui on va plus loin que les 15 nautiques”.
 
De son côté Vonbalou n’adhère pas tellement à cela “c’est un peu désolant […] : Si le minimum plancher est de 95 000 francs, c’est sûr qu’il vaut mieux être un matelot qu’un patron”. Il affirme que le patron est obligé d’avancer l’argent pour le gasoil, la glace et le repas, soit “autour de 15 000 francs, ensuite si tu ne pêche qu’une seule bonite tu ne couvres même pas tes frais et tu dois en plus payer cette personne”. Selon lui, “il faut faire du cas par cas”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 15 Octobre 2024 à 07:00 | Lu 1924 fois