La voiture électrique enfin au Fenua


La Tesla
PAPEETE, le 22 avril 2015 - Exonérées de taxes depuis l'année dernière, les voitures électriques et hybrides commencent à arriver chez les revendeurs et dans les entreprises de Polynésie. Elles sont destinées à remplacer à terme nos voitures trop gourmandes en énergies fossiles.

"Vous verrez, c’est bluffant." Dans le showroom de Renault Sodiva, c’est en ces termes que Paul Yeou Chichong parle de la Tesla modèle S. La berline très haut de gamme venue de Californie y était présentée en grandes pompes ce mercredi. Un modèle suréquipé 100% électrique qui développe jusqu’à 700 cv et offre une autonomie de 350 à 500 km. "Les autres marques c’est du 'has been'," continue le concessionnaire automobile. Sodiva estime pouvoir commercialiser dix Tesla modèle S en 2015.


Les 12 Twizy prêtes à envahir Bora Bora
Le concessionnaire commercialise aussi d'autres véhicules électriques. "Nous avons utilisé des véhicules test depuis novembre 2014", précise Gilles Bonvarlet, directeur de Sodiva. "On a fait des relevés. On peut clairement annoncer aujourd’hui que ça coûte deux fois moins cher de rouler avec un véhicule électrique qu’avec un thermique. Le prix du kWh est encore en négociation avec notre partenaire (EDT). (…) Aujourd’hui, on peut faire un plein d’énergie pour 1000 francs", ajoute le directeur de Sodiva, évoquant le cas de la Twizy, le petit modèle tout électrique de chez Renault qui offre une autonomie de 150 km.

Avec la Tesla, le concessionnaire est pour l’instant sur un marché de niche. Mais dans sa gamme de véhicules électriques, les premiers chiffres sont encourageants : "On a déjà livré 20 véhicules, sur un mois de lancement et je pense que l’on peut s’attendre à de bons résultats dans les mois qui viennent". Sodiva planifie de vendre 10 Tesla modèle S en 2015 et 80 Renault Twizy.

>> Le prix de la Tesla : Proposée pour l'instant exclusivement en location longue durée, les clients devront débourser un apport de 2 millions Fcfp, puis un loyer mensuel de 190 000 Fcfp. À ce prix, tout l'entretien est compris.

Hybride ou électrique

Outre Sodiva qui se concentre sur les modèles purement électriques (Twizy, Tesla et peut-être bientôt d'autres modèles électriques de Renault), son concurrent Nippon Auto-Moto compte sur les hybrides de Toyota.

Le concessionnaire a présenté la semaine dernière la Prius modèle C, une voiture "full hybride". Vendue entre 3 et 3,5 millions Fcfp toute option, elle combine un moteur à explosion ultra-optimisé avec une batterie qui alimente des moteurs électriques : la frugalité en essence de ce modèle serait imbattable selon Lionel Foissac, qui la commercialise. Il nous assure que la voiture provoque beaucoup de curiosité de la part du public depuis son arrivée. En plus de la modèle C qu'il a déjà vendue à plusieurs exemplaires, il compte importer trois à quatre nouveaux modèles d'ici la fin de l'année, et des administrations seraient intéressées pour s'équiper.



D'importants avantages fiscaux

Nos rues seront-elles un jour vides de voitures polluantes et bruyantes ? Nos élus ont en tout cas voté une série de mesures fiscales l'année dernière pour essayer d'encourager la transition vers des véhicules moins gourmands en énergies fossiles : en juillet dernier, c'étaient les véhicules hybrides qui étaient exonérés de la plupart des impôts et taxes qui touchent les voitures essence ou diésel. Et en décembre, ce sont les véhicules totalement électriques qui bénéficiaient du même avantage. En tout, ces réductions représentent un bon 25% d'économies à l'achat…

Plusieurs entreprises n'attendaient que ça pour lancer des importations. Les premières ont été achetées par EDT, qui teste quatre Kangoo ZE électriques et est tellement séduit qu'il pense en acheter d'autres. Dans le tourisme, c'est Avis Bora Bora qui va louer douze petites Twizy électriques aux visiteurs de l'île, chargées au solaire.

Un gros frein : le prix de l'électricité

Dans un document de travail de l'industrie que nous nous étions procurés en août de l'année dernière, des spécialistes avaient calculé toute la rentabilité de la filière électrique pour les consommateurs finaux et pour la société polynésienne.

Leur conclusion était double : le prix très élevé de l'électricité rend les voitures électriques légèrement moins rentables pour les conducteurs, sur sept- années d'utilisation, que les voitures diesel. La faute à l'EDT et à ses "importants coûts de structure de l’électricité, puisque le coût du fioul par kWh produit à Punaruu est de 17 francs, soit moins de la moitié du coût moyen de l’électricité polynésienne."

Mais pour le Pays, le bilan est opposé : même si toute l'électricité utilisée pour recharger les batteries provenait du fioul (donc sans compter l'hydroélectricité) elles seraient plus écologiques. C'est que les véhicules électriques ont un rendement énergétique bien plus important que celui des moteurs à explosion traditionnels. Un parc automobile tout électrique nous permettrait dès aujourd'hui d'importer mois de carburants, de diminuer la pollution, et provoquerait un appel d'air important qui favoriserait les énergies renouvelables.


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 22 Avril 2015 à 16:22 | Lu 6071 fois