La vague financière de la compétition


Les hébergements de Milton Parker sont complets jusqu’aux JO (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 31 mai 2024 – Sur le plan sportif, la Shiseido Tahiti Pro 2024 restera gravée dans les mémoires ! L’événement revêt également des enjeux économiques pour le village de Teahupo’o. Globalement, l’optimisation des dix jours de waiting period a fait l’affaire des prestataires nautiques, hébergeurs et artisans, mais un peu moins des forains. Tous se projettent déjà vers les Jeux olympiques.
 
Entre le démontage des infrastructures à la pointe et la reprise du free surf à la passe, l’heure était au bilan, vendredi, à Teahupo’o. Sur le plan sportif, la Shiseido Tahiti Pro 2024 a été marquée par de superbes conditions de vagues, couronnées par le sacre historique de Vahine Fierro. Avec trois jours de compétition poussée jusqu’à la fin de la waiting period, les retombées économiques étaient au rendez-vous pour les professionnels de Teahupo’o.
 

Les prestataires nautiques, comme Maima et Heremoana Tehuritaua, ont bien tourné.

Les taxi-boats plébiscités


À commencer par les prestataires nautiques, aux premières loges de l’événement. “On est très satisfait. Le retour de la compétition au mois de mai, c’est une bonne chose car les belles vagues nous permettent de bien travailler”, confie Maruia Faraire. “C’est toujours mieux d’avoir les finales le week-end, mais c’était quand même une bonne édition. On a eu beaucoup de demandes, autant des résidents que des étrangers. Les touristes viennent aussi pendant les jours off, parce qu’ils voient mieux les surfeurs qui s’entraînent. Pendant la compétition, il y a beaucoup de bateaux et on ne peut pas s’approcher”, remarquent Maima et Heremoana Tehuritaua, qui relèvent tout de même deux points de tension, entre les “prix cassés” pratiqués par certains et l’affluence de plaisanciers “dans la zone prioritaire” réservée aux professionnels identifiés par un fanion. 

Sur terre, le bilan est plus mitigé pour les baraques du PK 0, ouvertes jusqu’à dimanche. “Nous avons tenu une réunion hier (jeudi, NDLR) pour faire le point. La plupart des forains m’ont dit que ça n’était pas extraordinaire. Même lors des projections, ça n’a pas tourné plus que ça”, affirme Lesta Parker, trésorier du comité Teahupo’o Hava’e Horue.
 

Au PK 0, les artisans ont proposé des ateliers pour booster leurs ventes.

Des conditions favorables


Installés à proximité de la passerelle, les artisans ont su tirer leur épingle du jeu. “On a pu conclure beaucoup de ventes. La fréquentation était variable d’un jour à l’autre : c’est sûr qu’il y a plus de passage pendant les jours de compétition”, souligne Vaea Estall, en tant que membre du comité du tourisme de Taiarapu-Ouest. Pour animer la fin de la route et susciter l’intérêt des visiteurs, des ateliers étaient proposés, comme la teinture sur pāreu, le tressage de nī’au ou encore la fabrication de mono’i.
 
Incontournable depuis l’an dernier avec l’interdiction de stationner en bord de route, le parking payant de Patrick Ng Pao a fait le plein à 500 francs la journée. “Au début, on était sur 3 000 m2. Depuis, on s’est étendu sur environ 7 000 m2 pour garer entre 250 et 270 véhicules. On a beaucoup investi pour le remblai et le gravier, alors j’espère que ce sera rentable sur la durée.”
 
Sur la rive gauche de la rivière Fau’oro, les visiteurs les plus sportifs ont pu louer des kayaks chez Heiuranui Taupua, qui a monté sa petite entreprise avec son conjoint. “C’est un moyen facile pour aller voir la vague. On a eu pas mal de locations, notamment pour assister aux finales, mais ça a mieux marché l’an dernier”, compare la jeune femme, tout de même satisfaite entre la durée de l’événement, la houle et le beau temps.
 

Depuis l’an dernier, Patrick Ng Pao a agrandi son parking pour accueillir plus de véhicules.

Pensions complètes


Idéalement situé à l’extrémité de la pointe, Milton Parker fait partie des hébergeurs qui ont affiché complet, avec ses trois bungalows et une nouvelle villa tout juste terminée. “Tout était loué par la WSL pour la Tahiti Pro. Et je suis full jusqu’aux JO. La semaine prochaine, ce sont des athlètes qualifiés qui viennent s’entraîner. C’est une année vraiment particulière : on sent l’effet des Jeux olympiques. Je pense, et j’espère que ça va continuer après, vu l’investissement”, souligne-t-il, également propriétaire de deux bateaux, dont le fameux Beach Marshall
 
L’effervescence de la compétition est retombée, mais le village du bout du monde n’a pas tout à fait retrouvé sa quiétude à l’approche des Jeux olympiques. Si les réservations sont déjà assurées pour de nombreux professionnels, pour d’autres, ce format inédit de compétition est encore entouré de plusieurs points d’interrogation.
 

Sécurité : le bilan de la Water Patrol

En plein rangement du matériel avant l’échéance olympique de juillet, Moana David, coordinateur de la Water Patrol, dresse lui aussi un bilan positif avec 17 sauveteurs en jet-ski engagés cette année, soit deux supplémentaires. Malgré des conditions de houle parfois intenses et quelques chutes impressionnantes, tant chez les dames que chez les hommes, “il n’y a pas eu de blessé”, que des planches cassées. “Quel que soit l’événement, notre mission, c’est de sécuriser tout le monde : les surfeurs et le public. Il y a des zones pour les nageurs, les kayaks, les bateaux, etc. Et il faut prendre en compte qu’on est sur un plan d’eau qui est constamment en mouvement”, rappelle Moana David, qui n’a pas résisté à glisser un message pour l’héroïne du Fenua. “On remercie Vahine Fierro, qui nous a offert un beau cadeau. Ça faisait un quart de siècle qu’on attendait ça !”

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Vendredi 31 Mai 2024 à 18:22 | Lu 4494 fois