La taxe sur les aéroports a progressé de 250% en cinq ans


La taxe d'aéroport est perçue à Tahiti Faa'a et dans une vingtaine d'aérodromes territoriaux (Ahe, Arutua, Fakarava, Hao, Hiva Oa, Huahine, Makemo, Manihi, Mataiva, Maupiti, Moorea, Nuku Hiva, Raivavae, Rimatara, Rurutu, Takaroa, Tikehau, Totegegie, Tubuai, Ua Pou)
FAA'A, le 27 avril 2016. Depuis le 1er avril 2016, par décret national, le tarif de la taxe d’aéroport applicable sur chacun des aéroports et aérodromes de la Polynésie française a été majoré. Sur les billets de chacun des passagers, la taxe prélevée est désormais de 1670 francs. Elle était de 477 francs en 2011.

C'est la même chose chaque année depuis cinq ans. Le mois d'avril est traditionnellement celui de la revalorisation de la taxe d'aéroport payée par les passagers au motif de leur participation aux opérations de la sécurité aéroportuaire. Il s'agit de mise en œuvre des services de sauvetage, de la lutte contre les incendies d’aéronefs ou la prévention du péril animalier. A partir du moment où un passager transite par l'un des aérodromes territoriaux de la Polynésie française (les plus fréquentés) ou par l'aéroport international de Tahiti Faa'a, le prix est identique : 1670 francs par passager, sauf à Raiatea (815 francs) et à Bora Bora (835 francs). Une taxe en constante augmentation depuis son application en Polynésie française. A sa mise en place en 2011 en Polynésie française (avec dix ans de retard sur la situation nationale) elle était de 477 francs.

Dès l'année suivante, elle avait été doublée pour passer à 955 francs. Depuis, l'augmentation annuelle de la taxe a été établie sur la même base : 149 francs de plus sur chaque billet d'avion jusqu'à atteindre aujourd'hui le montant maximum de cette taxe, tel qu'il est perçu en métropole. "Avant 2011 cette taxe n'existait pas. Le Pays assumait la charge de la sécurité aéroportuaire sur ses 43 aérodromes à ses frais complets sans aucune compensation. Quand la taxe d'aéroport a été ouverte ici, nous y sommes allés progressivement" explique Patrick Mouysset, directeur de l'aviation civile. Pour être applicable, un seuil minimum de trafic annuel est requis (au moins 5000 passagers par an, voir en encadré). Aussi sur les 43 aérodromes territoriaux, elle ne s'applique que sur la vingtaine de plateformes aéroportuaires où le trafic aérien est le plus important.

LA PÉRÉQUATION NATIONALE GARANTIE

Si le coût peut paraitre douloureux pour les passagers polynésiens du trafic inter-îles soumis au tarif maximum de la taxe désormais (14 euros en France métropolitaine et 1670 francs en Polynésie française), le produit de cette taxe prélevée sur les aérodromes territoriaux ne couvre qu'une partie des frais réels engagés pour assurer la sécurité des plateformes. En 2015, sur les 833 millions de francs nécessaires pour assurer la production incendie des 43 aérodromes territoriaux, la taxe prélevée sur la moitié à peine de ces aérodromes ne correspond qu'à un tiers environ des besoins (265 millions de francs perçus par exemple en 2014). Aussi "la péréquation nationale permet néanmoins d'assurer le coût réel de la sécurité aéroportuaire y compris sur les aérodromes locaux où le trafic est trop faible pour mettre la taxe en application" précise Patrick Mouysset.

Depuis 2011, selon lui les services incendies des 43 aérodromes locaux s'est considérablement améliorée avec notamment de l'acquisition du matériel. "Cette taxe est un outil qui a permis de mettre la sécurité des aérodromes locaux au même niveau qu'en métropole".

Enfin, le montant de cette taxe d'aéroport est largement plus faible sur les deux aéroports de Bora Bora et de Raiatea, sous contrôle de l'Etat et gérés par la société Aéroport de Tahiti (ADT) : elle est fixée à 815 francs à Raiatea et à 865 francs à Bora Bora. "Il se trouve que la fréquentation importante de ces deux aéroports permet de baisser largement le montant de la taxe. Avec une taxe plus faible, les coûts de la sécurité incendie sur ces deux aérodromes sont garantis". En 2014 en effet, plus de 135 000 passagers ont transité par Bora Bora et plus de 103 000 par Raiatea. Avec de tels volumes, et pour assurer seulement la sécurité incendie, pas besoin donc d'atteindre le taux maximum. A Tahiti Faa'a, en revanche, et en dépit d'un demi million de passagers annuels, la taxe d'aéroport est à son montant maximum de 1670 francs. En effet, sur l'aéroport international la sécurité ne se limite pas à la lutte contre les incendies mais viennent s'ajouter les opérations de contrôles aux frontières avec des équipements automatisés qui coûtent cher.


Sur les aérodromes domestiques de Polynésie française, la sécurité aéroportuaire concerne essentiellement l'armement d'équipe de secours et d'incendie (ici à Tubuai).
La taxe d'aéroport : qui paie et pour quoi ?

La taxe d'aéroport est perçue sur chaque passager au profit des exploitants des aérodromes dont le trafic embarqué ou débarqué s'élève en moyenne sur les trois dernières années civiles connues à plus de 5 000 unités de trafic (UDT). Une unité de trafic est égale à un passager ou 100 kilogrammes de fret ou de courrier. Le produit de la taxe est affecté au financement des services de sécurité-incendie sauvetage, de lutte contre le péril animalier, de sûreté et des mesures effectuées dans le cadre des contrôles environnementaux. Il contribue, dans une proportion fixée annuellement par arrêté, au financement des matériels de contrôle automatisé aux frontières. Le tarif de la taxe est fonction du besoin de financement sur chaque aérodrome.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 27 Avril 2016 à 17:43 | Lu 3065 fois