Tahiti, le 12 octobre 2022 – Le dernier bilan de la surveillance radiologique et géomécanique de la Polynésie française et des anciens sites d'expérimentations nucléaires à Moruroa et Fangataufa ne montre aucune évolution notable. Une mission va être menée en fin de semaine à Rikitea et Tureia.
Les autorités de l'État ont présenté mercredi après-midi le dernier bilan de la surveillance de la radioactivité en Polynésie française pour les années 2021-2022. Pour l'occasion, le haut-commissaire Éric Spitz était notamment accompagné du chargé de mission auprès de la Première ministre sur ce dossier, Michel Marquer, ou encore du délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection, François Bugaut.
En début d'après-midi, la synthèse des résultats du réseau de surveillance de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et le dernier bilan de la surveillance des anciens sites des essais nucléaires ont été présentés aux autorités polynésiennes, parlementaires de tous bords et associations de défense des victimes du nucléaire. Dans un second temps, le bilan a été présenté à la presse. Et un troisième temps sera consacré jeudi et vendredi à des visites sur le terrain à Rikitea et Tureia à la rencontre de la population. "Une visite symbolique et un symbole fort", a insisté le haut-commissaire, précisant que son premier déplacement dans les îles éloignés serait donc consacré au dossier du nucléaire.
Résultats "dans la continuité"
Également présente en Polynésie, la chef du département de suivi des centres d'expérimentation nucléaires, Marie-Pascale Petit, a présenté ce bilan de la surveillance de la radioactivité à la fois aux autorités et à la société civile polynésienne, ainsi qu'aux médias. En 2021 et 2022, l'IRSN a poursuivi la surveillance radiologique de sept îles des cinq archipels suivis depuis 1998 : Moorea, Rapa, Pukarua, Reao, Vahitahi, Vairaatea, Nukutavake et Hikueru. Les résultats sont "dans la continuité de ceux obtenus ces dernières années" et témoignent d'une diminution de la radioactivité depuis la fin des essais atmosphériques du CEP. Seul le Cesium 137 reste encore décelable mais il "contribue faiblement à l'exposition radiologique de la population". Le rapport indique qu'il "reste actuellement environ 30% de la quantité totale retombée".
Les concentrations en radionucléides mesurées dans les produits alimentaires tels que le lait, la viande de bœuf, l'eau de coco ou le bénitier sont "très faibles par rapport aux niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les denrées alimentaires". Et l'exposition de la population aux rayonnements ionisants est aujourd'hui "quasi-exclusivement d'origine naturelle". Le rapport précise encore que la "dose efficace totale est évaluée à 1,4 mSv en Polynésie française, deux fois plus faible qu'en France hexagonale, hors exposition médicale".
Surveillance 24h/24
L'autre partie de la surveillance concerne les sites d'expérimentation des essais nucléaires eux-mêmes. Chaque année, près de 300 échantillons pour 1 000 litres d'eau sont prélevés entre avril et mai. "Les mesures de prélèvements et sédiments des lagons montrent une stabilité de la radioactivité des fonds lagonaires, y compris en périphérie du banc Colette à Moruroa", indique le rapport. "Par ailleurs, la surveillance du milieu océanique confirme l'absence d'influence significative des essais nucléaires effectués sur les atolls de Moruroa et Fangataufa."
Sur la surveillance géomécanique enfin, deux types "d'événements" sont toujours surveillés 24h/24 par les instruments de mesures déployés sur place : l'effondrement d'un bloc de la falaise coralienne ou le glissement d'une "loupe" de carbonates. Phénomène considéré comme "extrêmement peu probable" mais "ne pouvant être totalement exclu". Pour le Dr Marie-Pascale Petit, les mesures réalisées aujourd'hui permettraient de toutes façons d'anticiper au moins deux semaines à l'avance la réalisation de tels phénomènes.
Les autorités de l'État ont présenté mercredi après-midi le dernier bilan de la surveillance de la radioactivité en Polynésie française pour les années 2021-2022. Pour l'occasion, le haut-commissaire Éric Spitz était notamment accompagné du chargé de mission auprès de la Première ministre sur ce dossier, Michel Marquer, ou encore du délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection, François Bugaut.
En début d'après-midi, la synthèse des résultats du réseau de surveillance de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et le dernier bilan de la surveillance des anciens sites des essais nucléaires ont été présentés aux autorités polynésiennes, parlementaires de tous bords et associations de défense des victimes du nucléaire. Dans un second temps, le bilan a été présenté à la presse. Et un troisième temps sera consacré jeudi et vendredi à des visites sur le terrain à Rikitea et Tureia à la rencontre de la population. "Une visite symbolique et un symbole fort", a insisté le haut-commissaire, précisant que son premier déplacement dans les îles éloignés serait donc consacré au dossier du nucléaire.
Résultats "dans la continuité"
Également présente en Polynésie, la chef du département de suivi des centres d'expérimentation nucléaires, Marie-Pascale Petit, a présenté ce bilan de la surveillance de la radioactivité à la fois aux autorités et à la société civile polynésienne, ainsi qu'aux médias. En 2021 et 2022, l'IRSN a poursuivi la surveillance radiologique de sept îles des cinq archipels suivis depuis 1998 : Moorea, Rapa, Pukarua, Reao, Vahitahi, Vairaatea, Nukutavake et Hikueru. Les résultats sont "dans la continuité de ceux obtenus ces dernières années" et témoignent d'une diminution de la radioactivité depuis la fin des essais atmosphériques du CEP. Seul le Cesium 137 reste encore décelable mais il "contribue faiblement à l'exposition radiologique de la population". Le rapport indique qu'il "reste actuellement environ 30% de la quantité totale retombée".
Les concentrations en radionucléides mesurées dans les produits alimentaires tels que le lait, la viande de bœuf, l'eau de coco ou le bénitier sont "très faibles par rapport aux niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les denrées alimentaires". Et l'exposition de la population aux rayonnements ionisants est aujourd'hui "quasi-exclusivement d'origine naturelle". Le rapport précise encore que la "dose efficace totale est évaluée à 1,4 mSv en Polynésie française, deux fois plus faible qu'en France hexagonale, hors exposition médicale".
Surveillance 24h/24
L'autre partie de la surveillance concerne les sites d'expérimentation des essais nucléaires eux-mêmes. Chaque année, près de 300 échantillons pour 1 000 litres d'eau sont prélevés entre avril et mai. "Les mesures de prélèvements et sédiments des lagons montrent une stabilité de la radioactivité des fonds lagonaires, y compris en périphérie du banc Colette à Moruroa", indique le rapport. "Par ailleurs, la surveillance du milieu océanique confirme l'absence d'influence significative des essais nucléaires effectués sur les atolls de Moruroa et Fangataufa."
Sur la surveillance géomécanique enfin, deux types "d'événements" sont toujours surveillés 24h/24 par les instruments de mesures déployés sur place : l'effondrement d'un bloc de la falaise coralienne ou le glissement d'une "loupe" de carbonates. Phénomène considéré comme "extrêmement peu probable" mais "ne pouvant être totalement exclu". Pour le Dr Marie-Pascale Petit, les mesures réalisées aujourd'hui permettraient de toutes façons d'anticiper au moins deux semaines à l'avance la réalisation de tels phénomènes.
Face à Toxique, un ouvrage de vulgarisation d'ici la fin de l'année
Interrogé sur la récente publication universitaire validant les thèses de l'enquête Toxique de mars 2021, le haut-commissaire Éric Spitz a indiqué que l'État entendait répondre à cette réinterprétation des résultats calculés par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en 2006 par un ouvrage de vulgarisation scientifique de ces résultats prévu pour la fin de l'année. "Il y a un rapport, vous le savez, qui a été publié en 2006, qui était censé faire la lumière sur tous les essais nucléaires. Mais ce rapport était tellement épais et complexe que finalement il était peu accessible au grand public", explique le haut-commissaire. "Donc le ministère de la Défense a décidé, avant la fin de l'année, de publier un livre qui fera la synthèse de tous ces documents secrets, très secrets. Il ne cachera pas le fait qu'il y a eu six essais qui ont mal tourné parce que, notamment, les conditions météorologiques initialement prévues ont varié à l'heure de l'essai. Tout sera détaillé, sans fard, y compris les côtés sombres de cette période." C'est l'historien Dominique Mongin, de l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne, qui a été chargé de rédiger le livre à partir des résultats de 2006 et de documents déclassifiés depuis. "Pour nous, c'était important qu'il ne soit pas rédigé par des fonctionnaires. Mais bien quelqu'un qualifié dans la recherche et dans l'histoire. De manière à ce qu'il puisse écrire ce livre de manière tout à fait objective", a conclu Éric Spitz sur ce sujet.
Dr Marie-Pascale Petit, chef du département de suivi des centres d'expérimentation nucléaires : "Les atolls sont marqués par les essais"
Peut-on dire que tout revient à la normale avec vos derniers résultats ?
"Disons que la surveillance que l'on fait sur les aspects radiologiques, c’est-à-dire les radionucléides qui sont encore présents sur les atolls, sont rassurants. Donc on ne peut pas dire que tout revient à la normale, parce que les atolls sont marqués par les essais. Il y a ce qu'on appelle un marquage radiologique. Il y a eu des dépôts de radionucléides dans les sédiments au fond des lagons, dans les endroits où il y a eu les essais aériens et évidemment dans le sous-sol. Donc, je ne dirais pas que tout revient à la normale. Ce qu'on peut dire, c'est que les marquages et les radionucléides qui subsistent sont confinés dans le sous-sol. Les assainissements ont été réalisés et il n'y a pas d'impact sur l'environnement des atolls et donc le marquage est maîtrisé. Mais ça nécessite de continuer à surveiller pour pouvoir vous affirmer qu'il n'y a pas d'impact sur l'environnement."
Pendant combien de temps faudra-t-il encore surveiller ?
"On pourrait arrêter de surveiller. L'Agence internationale de l'énergie atomique a dit que ce n'était pas nécessaire. Mais pour rassurer la population et pour pouvoir vous dire aujourd'hui que tout va bien, on fait cette surveillance selon les bonnes pratiques professionnelles. Exactement comme le fait l'IRSN pour le reste de la Polynésie. Et ça permet de vous donner ces résultats qui vous prouvent qu'il n'y a pas de conséquences pour les Polynésiens des restes et du marquage actuel de ces atolls."
Le risque de détachement d'une partie de l'atoll de Moruroa est toujours surveillé ?
"C'est un risque qui est très peu probable, pour autant on ne le néglige pas. Et tout a été fait, toute l'instrumentalisation a été déployée, de manière à préserver la sécurité des populations autant des habitants de Tureia que des personnels qui vivent toute l'année sur l'atoll de Moruroa. Donc, même si le risque est très faible, tout a été fait pour avoir plusieurs semaines de préavis et pouvoir mettre toute la population à l'abris si jamais il se passait quelque chose."
Pouvez-vous nous expliquer en détail le risque exact sur ce phénomène ?
"Ce phénomène, ce sont des sédiments qui se sont accumulés dans les vallées qui bordent l'atoll. Ce sont des structures fragiles, qui pourraient glisser, qui seraient un glissement de terrain sous-marin. Mais comme le volume est important, le fait du déplacement de ces masses sédimentaires importantes générerait ce qu'on appelle un train de vague. Alors ce n'est pas un tsunami tel qu'on a l'habitude d'en entendre parler avec un tremblement de terre ou un séisme. C'est un phénomène de plus petite ampleur. Mais néanmoins, c'est ce qu'on appelle des vagues de submersion. C'est un train de vagues qui, en arrivant à Tureia, pourrait submerger la partie sud de l'atoll. Mais il laisserait intact, avec toutes les modélisations qui ont été faites, le village qui est au nord et la piste de l'aéroport. Néanmoins, il faudrait prévenir la population pour qu'il n'y ait pas d'activité dans les zones submergées."
Vous n'avez aucun doute sur votre capacité à enregistrer ces données en cas d'alerte ?
"Il n'y a aucun doute sur le sujet. Six câbles en acier sont ancrés dans les parties sédimentaires susceptibles de glisser. Donc, bien évidemment, on mesure les dixièmes de millimètre de déplacement. Donc on verra, à la fois, des phénomènes de microsismicité qu'on appelle des relâchements de contraintes qui seront enregistrés par toutes les séries de sismomètres en profondeur et en surface. On mesure les déplacements au dixième de millimètre, grâce aux câbles et grâce à des balises GPS, sans parler des inclinomètres. Le système est extrêmement complet, redondant et il est opérationnel 24h/24 et 100% du temps. Donc, on n'a pas d'inquiétude sur le fait qu'on verra les signes avant-coureurs."
"Disons que la surveillance que l'on fait sur les aspects radiologiques, c’est-à-dire les radionucléides qui sont encore présents sur les atolls, sont rassurants. Donc on ne peut pas dire que tout revient à la normale, parce que les atolls sont marqués par les essais. Il y a ce qu'on appelle un marquage radiologique. Il y a eu des dépôts de radionucléides dans les sédiments au fond des lagons, dans les endroits où il y a eu les essais aériens et évidemment dans le sous-sol. Donc, je ne dirais pas que tout revient à la normale. Ce qu'on peut dire, c'est que les marquages et les radionucléides qui subsistent sont confinés dans le sous-sol. Les assainissements ont été réalisés et il n'y a pas d'impact sur l'environnement des atolls et donc le marquage est maîtrisé. Mais ça nécessite de continuer à surveiller pour pouvoir vous affirmer qu'il n'y a pas d'impact sur l'environnement."
Pendant combien de temps faudra-t-il encore surveiller ?
"On pourrait arrêter de surveiller. L'Agence internationale de l'énergie atomique a dit que ce n'était pas nécessaire. Mais pour rassurer la population et pour pouvoir vous dire aujourd'hui que tout va bien, on fait cette surveillance selon les bonnes pratiques professionnelles. Exactement comme le fait l'IRSN pour le reste de la Polynésie. Et ça permet de vous donner ces résultats qui vous prouvent qu'il n'y a pas de conséquences pour les Polynésiens des restes et du marquage actuel de ces atolls."
Le risque de détachement d'une partie de l'atoll de Moruroa est toujours surveillé ?
"C'est un risque qui est très peu probable, pour autant on ne le néglige pas. Et tout a été fait, toute l'instrumentalisation a été déployée, de manière à préserver la sécurité des populations autant des habitants de Tureia que des personnels qui vivent toute l'année sur l'atoll de Moruroa. Donc, même si le risque est très faible, tout a été fait pour avoir plusieurs semaines de préavis et pouvoir mettre toute la population à l'abris si jamais il se passait quelque chose."
Pouvez-vous nous expliquer en détail le risque exact sur ce phénomène ?
"Ce phénomène, ce sont des sédiments qui se sont accumulés dans les vallées qui bordent l'atoll. Ce sont des structures fragiles, qui pourraient glisser, qui seraient un glissement de terrain sous-marin. Mais comme le volume est important, le fait du déplacement de ces masses sédimentaires importantes générerait ce qu'on appelle un train de vague. Alors ce n'est pas un tsunami tel qu'on a l'habitude d'en entendre parler avec un tremblement de terre ou un séisme. C'est un phénomène de plus petite ampleur. Mais néanmoins, c'est ce qu'on appelle des vagues de submersion. C'est un train de vagues qui, en arrivant à Tureia, pourrait submerger la partie sud de l'atoll. Mais il laisserait intact, avec toutes les modélisations qui ont été faites, le village qui est au nord et la piste de l'aéroport. Néanmoins, il faudrait prévenir la population pour qu'il n'y ait pas d'activité dans les zones submergées."
Vous n'avez aucun doute sur votre capacité à enregistrer ces données en cas d'alerte ?
"Il n'y a aucun doute sur le sujet. Six câbles en acier sont ancrés dans les parties sédimentaires susceptibles de glisser. Donc, bien évidemment, on mesure les dixièmes de millimètre de déplacement. Donc on verra, à la fois, des phénomènes de microsismicité qu'on appelle des relâchements de contraintes qui seront enregistrés par toutes les séries de sismomètres en profondeur et en surface. On mesure les déplacements au dixième de millimètre, grâce aux câbles et grâce à des balises GPS, sans parler des inclinomètres. Le système est extrêmement complet, redondant et il est opérationnel 24h/24 et 100% du temps. Donc, on n'a pas d'inquiétude sur le fait qu'on verra les signes avant-coureurs."