Sous l'impulsion de l'Union Européenne, de la Direction de l'Environnement de Polynésie française et de l'Etat français dans le cadre de sa Stratégie Nationale pour la Biodiversité, le programme de sauvegarde du Monarque de Tahiti a pris pendant deux ans une dimension internationale et intergénérationnelle.
Le Monarque de Tahiti ou ‘omama’o (Pomarea nigra) est classé en danger critique d’extinction (CR) d’après les critères de la liste rouge de l’UICN. Aujourd'hui Tahiti est envahie par les rats noirs qui dévastent ses nids, des oiseaux introduits qui perturbent sa reproduction à l'instar des bulbuls, mangent ses poussins (c'est le cas du Merles des Moluques) voire même les adultes dans le cas du busard de Gould. Des plantes invasives modifient son habitat tandis que les chèvres prolifèrent dans une des dernières vallées où il persiste. Depuis 1998, la Société d’Ornithologie de Polynésie « Manu » mène un programme de conservation du omama’o dans les vallées où il reste encore distribué. Elle dératise des zones dans trois vallées de Paea et Punaauia et protège entre 5 et 13 couples par an.
Les particularités des saisons de reproduction 2012 et 2013 ont été :
- Une amélioration du statut de l’espèce puisque pour la première fois 46 oiseaux et 17 couples ont été suivis en 2013 contre 40 oiseaux et 12 couples en 2010 ;
- L’envol réussi de 10 jeunes en 2012, un record absolu pour l’espèce tandis qu’en 2013, si 10 envols ont également eu lieu, 3 jeunes n’ont pas survécu à la période critique des 15 jours suivant l’envol (contre 2,7 jeunes produits par saison en moyenne depuis 1998, 5 en 2010 et 7 en 2011). Il reste encore trois mois de nidification possible pour cette saison 2013.
- L’entretient avec l'aide d'une dizaine de bénévoles régulier de plus de 380 stations de dératisation dans les vallées. Aucune prédation au nid n’a été notée en 2012 et 2013.
- L’élimination de plusieurs milliers d'oiseaux introduits (Merles des Moluques et Bulbuls) avec la participation formidable des populations et des communes de Paea et de Punauia à l’entrée des vallées de Tiapa, Papehue et Maruapo grâce au piégeage (respectivement 69 et 32 bénévoles se sont impliqués en 2012 et 2013 - encore merci !) et la disparition progressive des Merles dans la grande majorité des territoires de Monarque;
- La poursuite des projets écoles (plantations, visites, conférence et panneaux d’information – 900 enfants et plus d'une vingtaine d'enseignants impliqués en deux ans, plus d'une centaine de jeunes plants natifs ont été plantés dans les vallées), la réhabilitation de l’habitat (campagnes d’arrachage du Miconia sur Tiapa et Maruapo, lutte contre le pis-pis sur Papehue – plus de 100 adultes bénévoles de sont impliqués dans ces campagnes), tenue des réunions du Groupe de Gestion Participative et échange d’expérience avec le Takitimu Conservation Areas qui ont permis la signature d’une déclaration d’intention de création d’une aire protégée pour le Monarque de Tahiti par les propriétaires des vallées,
- communications dans les médias dont deux reportages sur le programme de sauvegarde tournés par des chaines françaises afin de sortir cet oiseau de l'oubli.
Ainsi ce programme a impliqué plusieurs centaines d'adultes et d'enfants sur Tahiti sans lesquels Manu n'aurait jamais pu démultiplier ses actions et ses résultats, trois entreprises locales (EDT, OPT et Vini) et deux communes (Paea et Punaauia) se sont jointes à ces efforts tandis que BirdLife International grâce à la fondation JENSEN s'attachait à l'implication des propriétaires locaux.
On imagine à quel point Manu est fière et désire exprimer ici sa gratitude à tout ses bénévoles et financeurs, on comprend mieux quand on connait ces chiffres, l'ampleur du travail de restauration qui a été effectué. Ce travail remarquable a été couronné récemment du prix du public de BirdLife International récompensant symboliquement via un vote en ligne le meilleur projet de sauvegarde au monde (!) et Manu a été lauréate du prix coup de cœur de la Fondation EDF en France.
Pourtant l'avenir n'est pas rose dans le Royaume du Monarque, avec la fin prochaine du soutien de l'Union Européenne le co-financement de la suite de ce sauvetage ressemble à une dentelle tissée avec amour par tout ceux qui refusent que cet oiseau disparaisse: aucun grand financeur institutionnel n'a ouvert d'appel en 2013 dans la région Pacifique. BirdLife International, interpellée par le prix du public a lancé une grande souscription pour sa sauvegarde et plus d'une centaine de petits américains et anglais (mais où sont les Français, les Tahitiens ?) ont pour l'instant participé (11 % de la somme manquante a été rassemblée). C'est à la fois beaucoup - leurs commentaires sur le site sont tellement émouvants - et insuffisant : il faut impérativement que Manu s'attaque cette année aux deux colonies de petites fourmis de feu qui s'étendent progressivement à l'entrée des vallées des Monarque. Si ces colonies dépassent les 5 hectares, alors on ne pourra plus les éradiquer c'est donc extrêmement important de faire face cette année à cette nouvelle menace.
Plus largement le programme phare de Manu pose la question fondamentale de la sauvegarde du patrimoine terrestre de la Polynésie française : quel avenir il y a-t'il pour les 20 (sur 29) oiseaux endémiques menacés de disparaitre de Polynésie française et la grosse centaine de plantes endémiques qui sont en voie d'extinction sur le territoire ? Sans un co-financement régulier des institutions (Union Européenne, France car la Polynésie n'a pas les moyen d'y arriver seule) cette richesse largement mise à mal par les espèces envahissantes qui se propagent d'île en île ne peut que finir par disparaitre car il n'y a pas de doute: l'argent est le nerf de la guerre et il y a un manque de moyen chronique dans ce domaine depuis des années qui se traduit par l'état quasi désespéré de plusieurs espèces que Manu, son staff technique et sa merveilleuse équipe de bénévole du bureau, essaie d'arracher coute que coute à l'extinction.
Encore merci à tous et aller sur le site de BirdLife pour prouver que vous aussi, votre nature vous tient à cœur !
Le Monarque de Tahiti ou ‘omama’o (Pomarea nigra) est classé en danger critique d’extinction (CR) d’après les critères de la liste rouge de l’UICN. Aujourd'hui Tahiti est envahie par les rats noirs qui dévastent ses nids, des oiseaux introduits qui perturbent sa reproduction à l'instar des bulbuls, mangent ses poussins (c'est le cas du Merles des Moluques) voire même les adultes dans le cas du busard de Gould. Des plantes invasives modifient son habitat tandis que les chèvres prolifèrent dans une des dernières vallées où il persiste. Depuis 1998, la Société d’Ornithologie de Polynésie « Manu » mène un programme de conservation du omama’o dans les vallées où il reste encore distribué. Elle dératise des zones dans trois vallées de Paea et Punaauia et protège entre 5 et 13 couples par an.
Les particularités des saisons de reproduction 2012 et 2013 ont été :
- Une amélioration du statut de l’espèce puisque pour la première fois 46 oiseaux et 17 couples ont été suivis en 2013 contre 40 oiseaux et 12 couples en 2010 ;
- L’envol réussi de 10 jeunes en 2012, un record absolu pour l’espèce tandis qu’en 2013, si 10 envols ont également eu lieu, 3 jeunes n’ont pas survécu à la période critique des 15 jours suivant l’envol (contre 2,7 jeunes produits par saison en moyenne depuis 1998, 5 en 2010 et 7 en 2011). Il reste encore trois mois de nidification possible pour cette saison 2013.
- L’entretient avec l'aide d'une dizaine de bénévoles régulier de plus de 380 stations de dératisation dans les vallées. Aucune prédation au nid n’a été notée en 2012 et 2013.
- L’élimination de plusieurs milliers d'oiseaux introduits (Merles des Moluques et Bulbuls) avec la participation formidable des populations et des communes de Paea et de Punauia à l’entrée des vallées de Tiapa, Papehue et Maruapo grâce au piégeage (respectivement 69 et 32 bénévoles se sont impliqués en 2012 et 2013 - encore merci !) et la disparition progressive des Merles dans la grande majorité des territoires de Monarque;
- La poursuite des projets écoles (plantations, visites, conférence et panneaux d’information – 900 enfants et plus d'une vingtaine d'enseignants impliqués en deux ans, plus d'une centaine de jeunes plants natifs ont été plantés dans les vallées), la réhabilitation de l’habitat (campagnes d’arrachage du Miconia sur Tiapa et Maruapo, lutte contre le pis-pis sur Papehue – plus de 100 adultes bénévoles de sont impliqués dans ces campagnes), tenue des réunions du Groupe de Gestion Participative et échange d’expérience avec le Takitimu Conservation Areas qui ont permis la signature d’une déclaration d’intention de création d’une aire protégée pour le Monarque de Tahiti par les propriétaires des vallées,
- communications dans les médias dont deux reportages sur le programme de sauvegarde tournés par des chaines françaises afin de sortir cet oiseau de l'oubli.
Ainsi ce programme a impliqué plusieurs centaines d'adultes et d'enfants sur Tahiti sans lesquels Manu n'aurait jamais pu démultiplier ses actions et ses résultats, trois entreprises locales (EDT, OPT et Vini) et deux communes (Paea et Punaauia) se sont jointes à ces efforts tandis que BirdLife International grâce à la fondation JENSEN s'attachait à l'implication des propriétaires locaux.
On imagine à quel point Manu est fière et désire exprimer ici sa gratitude à tout ses bénévoles et financeurs, on comprend mieux quand on connait ces chiffres, l'ampleur du travail de restauration qui a été effectué. Ce travail remarquable a été couronné récemment du prix du public de BirdLife International récompensant symboliquement via un vote en ligne le meilleur projet de sauvegarde au monde (!) et Manu a été lauréate du prix coup de cœur de la Fondation EDF en France.
Pourtant l'avenir n'est pas rose dans le Royaume du Monarque, avec la fin prochaine du soutien de l'Union Européenne le co-financement de la suite de ce sauvetage ressemble à une dentelle tissée avec amour par tout ceux qui refusent que cet oiseau disparaisse: aucun grand financeur institutionnel n'a ouvert d'appel en 2013 dans la région Pacifique. BirdLife International, interpellée par le prix du public a lancé une grande souscription pour sa sauvegarde et plus d'une centaine de petits américains et anglais (mais où sont les Français, les Tahitiens ?) ont pour l'instant participé (11 % de la somme manquante a été rassemblée). C'est à la fois beaucoup - leurs commentaires sur le site sont tellement émouvants - et insuffisant : il faut impérativement que Manu s'attaque cette année aux deux colonies de petites fourmis de feu qui s'étendent progressivement à l'entrée des vallées des Monarque. Si ces colonies dépassent les 5 hectares, alors on ne pourra plus les éradiquer c'est donc extrêmement important de faire face cette année à cette nouvelle menace.
Plus largement le programme phare de Manu pose la question fondamentale de la sauvegarde du patrimoine terrestre de la Polynésie française : quel avenir il y a-t'il pour les 20 (sur 29) oiseaux endémiques menacés de disparaitre de Polynésie française et la grosse centaine de plantes endémiques qui sont en voie d'extinction sur le territoire ? Sans un co-financement régulier des institutions (Union Européenne, France car la Polynésie n'a pas les moyen d'y arriver seule) cette richesse largement mise à mal par les espèces envahissantes qui se propagent d'île en île ne peut que finir par disparaitre car il n'y a pas de doute: l'argent est le nerf de la guerre et il y a un manque de moyen chronique dans ce domaine depuis des années qui se traduit par l'état quasi désespéré de plusieurs espèces que Manu, son staff technique et sa merveilleuse équipe de bénévole du bureau, essaie d'arracher coute que coute à l'extinction.
Encore merci à tous et aller sur le site de BirdLife pour prouver que vous aussi, votre nature vous tient à cœur !