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La revalorisation du point d'indice toujours en suspens


Tahiti, le 15 avril 2025 - Le président du Pays a reçu pendant plus de trois heures, ce mardi matin, les syndicats représentatifs de la fonction publique territoriale : la Fraap, la CSTP-FO, la Fissap, A ti'a i mua et le SFP. Venus discuter de la revalorisation du point d'indice des fonctionnaires territoriaux, les représentants syndicaux en sont sortis pour le moins circonspects. Car il n'en a pas vraiment été question, le gouvernement ayant davantage axé les discussions sur les mesures qu'il souhaitait prendre pour lutter contre la vie chère. Rien à voir, répondent les syndicats. Une nouvelle réunion est prévue jeudi matin.
 

Si le secrétaire général de la Fédération de rassemblement des agents de l’administration de Polynésie (Fraap), Jean-Paul Urima, est arrivé un peu en retard, les syndicats qui représentent les fonctionnaires du Pays étaient bien tous présents, ce mardi matin à la présidence, à l'invitation du président du Pays. Mais après plus de trois heures et demie de discussion, ils en sont sortis un peu sonnés. Visiblement, gouvernement et syndicats n'étaient pas vraiment sur la même longueur d'onde. “Il y a eu énormément de propositions qui n'ont rien à voir avec notre demande initiale qui est l'augmentation du point d'indice en prenant en compte évidemment les catégories D. On ne comprend pas trop leurs propositions”, a réagi, à la sortie, Mireille Duval de la Fédération des interprofessionnels des services de la santé en Polynésie (Fissap).
 
“On n'a pas le même discours”, poursuit-elle, s'étonnant que le gouvernement leur ait présenté “des comparatifs avec le privé” ou “d'autres leviers” pour lutter contre la cherté de la vie plutôt que d'aborder LE sujet qui les préoccupe. Autrement dit, la lutte contre la cherté de la vie, c'est une chose et il est important d'y apporter des solutions, mais le salaire des fonctionnaires en est une autre, et la revalorisation de leur point d'indice doit être discutée comme le prévoit le calendrier.

Faire baisser le coût de la vie n'exonère pas d'augmenter les salaires

Même son de cloche de la part de Gérard Barff et Steven Rey pour la Fraap, ce dernier ayant rappelé que le rendez-vous de ce jour découlait de “l'engagement pris en décembre dernier par Moetai Brotherson de surseoir à la discussion sur le point d'indice pour attendre le vote du compte administratif”. Un compte administratif qui n'a pas encore été voté, mais le Pays sait déjà que le résultat cumulé de 2024 lui laisse un matelas de 18,7 milliards de francs. Sur cette somme, “le collectif budgétaire voté il y a deux semaines a distribué par anticipation 13 milliards de recettes, donc on en avait déduit qu'il restait 5 milliards”, a expliqué Steven Rey.
 
Sauf que le gouvernement leur a clairement signifié que cette enveloppe ne serait “pas forcément fléchée pour la revalorisation du point d'indice”, mais pour mener des actions visant à redonner du pouvoir d'achat aux Polynésiens. “Plusieurs leviers nous ont été présentés mais pour la plupart, ce sont des leviers indirects : on va s'attaquer aux marges des prix à la consommation, on va proposer des mesures incitatives... Nous, ce qui nous importe, c'est vraiment le revenu mensuel, puisqu'on a bien compris qu'agir sur l'inflation, c'est compliqué, ils n'y arrivent pas”, a-t-il martelé.
 

“Il y aurait possibilité de trouver un consensus”

Car “la perte d'un pouvoir d'achat peut résulter soit de la hausse des prix, soit de la baisse du revenu. Là, en l'occurrence, on a les deux facteurs conjugués puisqu'on a une baisse du revenu net liée à la hausse des prélèvements CPS qui ont bondi de 30 à 40%, combinée à une hausse de 22% de l'inflation depuis 2008”, a-t-il souligné, rappelant que ce fameux point d'indice a été gelé pendant des années, entre 2008 et 2016, à 995 francs. Aujourd'hui fixé à 1 060 francs, il n'a évolué que de 6,5% pendant que l'inflation continuait à grimper et les syndicats souhaiteraient que le gouvernement remonte le curseur. Les syndicats ont néanmoins conscience que s'il fallait rattraper le retard et se caler sur la perte de leur pouvoir d'achat qu'ils évaluent à “20%”, il faudrait augmenter ce point d'indice à 1 272 francs, ce qui coûterait la bagatelle de 9 milliards de francs au Pays.
 
De quoi faire hurler ceux qui militent pour dégraisser une administration polynésienne budgétivore. “On en est conscients, maintenant, peut-être qu'on peut échelonner, discuter”, tempère Steven Rey qui veut y croire : “On a compris que les marges de manœuvre du Pays à l'heure actuelle sont réduites, mais elles ne sont pas inexistantes (...) S'il fallait considérer une alternative entre 1 150 et 1 200 francs, on serait entre 3,5 et 5,4 milliards. Ce sont les estimations qu'ils nous ont communiquées en tout cas. Ce serait une fourchette plus raisonnable. Ça nécessite qu'on s'accorde tous autour de la table, mais je pense qu'il y aurait possibilité de trouver un consensus.”
 
Les représentations syndicales vont se voir pour en discuter avant le prochain rendez-vous prévu jeudi matin à la présidence. Pas de menace de grève pour l'instant.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 15 Avril 2025 à 16:00 | Lu 1941 fois