Dans une interview publiée ce mercredi 1er août dans Les Nouvelles, la présidente de notre Conseil d’Administration, Unutea Hirshon, a pris la décision d’en démissionner, en déplorant « une politisation de l’information » sur Tahiti Nui Télévision.
L'équipe de rédaction de TNTV a souhaité réagir à cet interview:
"Si nous respectons son choix, nous ne pouvons toutefois pas accepter ce discrédit jeté sur notre ligne éditoriale.
Les relations entre le monde politique et la rédaction n’ont effectivement pas été simples dans les premières années qui ont suivi la création de notre chaîne en 2000.
Mais la rédaction est progressivement parvenue à obtenir son indépendance éditoriale, ce qui a été acquis (définitivement, nous l’espérons) depuis au moins huit ans. Il est désormais très rare que les téléspectateurs nous fassent le reproche de rouler pour un camp ou un autre.
Les politiques, ou leurs chargés de communication, soupçonnent toujours les journalistes de défendre le camp adverse : pour les « bleus », nous sommes « orange », et pour les « orange », nous sommes « bleus ». Vieille rengaine qui resurgit à chaque reportage un tant soit peu critique. Nous sommes rassurés de subir autant les foudres des uns que des autres, ce qui confirme que nous ne roulons pour personne !
Notons que cette fois comme les précédentes, aucun exemple concret ne vient étayer les assertions péremptoires selon lesquelles nous ne sommes « pas professionnels » et selon lesquelles nous serions « politisés ». Ce sont d’ailleurs rarement les reportages en tant que tels qui posent problème, mais la façon dont ils sont perçus par les militants, qui font connaître leur opinion aux politiques, dont beaucoup ne regardent pas les informations. Il est même arrivé à plusieurs reprises que certains appellent pour se plaindre d’un reportage diffusé… sur la chaîne concurrente !
Mais les propos de Unutea Hirshon vont bien au-delà. Elle suggère que l’information, et en particulier l’information politique, n’a pas d’importance, que nous avons une vocation culturelle et que cela suffit. Même si TNTV continuera à produire plus de programmes culturels et de proximité que son concurrent, avec trois fois moins de personnel et trois fois moins de moyens, nous considérons que l’information est aussi un pilier de notre télévision. C’est d’ailleurs aux heures des journaux que se situent les pics d’audience.
L’information, c’est la liberté de penser. C’est la liberté de critiquer. C’est la liberté de s’opposer. C’est le pluralisme, et non une information unique, sur une seule chaîne. C’est tout ce qu’avait défendu le « taui » en 2004, et ce que l’une des membres fondatrices du Tavini veut annihiler.
Comment éviter de parler de politique, alors que nous sortons de deux élections majeures, les législatives et la présidentielle, dont le traitement par notre chaîne a été unanimement salué, et alors que nous entrons dans la campagne des Territoriales ? Unutea Hirshon considère-t-elle de plus que c’est de « l’actualité stérile » lorsque nous recevons le Président Temaru ou le Vice-président Géros au journal télévisé, ou lorsque nous couvrons les séances de l’Assemblée présidée par Jacqui Drollet ?
Précisons également à nos téléspectateurs et vos lecteurs que nos temps de parole sont mesurés à la seconde près. Ils sont équilibrés entre les forces politiques, et contrôlés par le CSA.
Aujourd’hui, nous pensons que les journalistes ne sont pas politisés ; qu’en revanche, certains politiques veulent orienter l’information dans un sens qui leur soit favorable. Mais notre chaîne est celle des Polynésiens, pas celle du pouvoir en place, quel qu’il soit. La subvention accordée par le Pays ne donne pas le droit au gouvernement de faire de TNTV son service de communication, elle lui donne au contraire le devoir de garantir son indépendance.
Nous regrettons que ces critiques injustes et infondées viennent de notre propre PCA, qui n’a jamais souhaité nous rencontrer, même lorsque notre rédaction a été décimée par un plan social. Rappelons que nous avons perdu, il y a plus d’un an, 10 journalistes sur 24, dont nos trois présentateurs en langue française, tout en continuant à assurer, 365 soirs par an, un ve’a et un journal en français, ainsi que de nombreuses émissions et débats.
Cette triste polémique montre les limites de l’ingérence du politique dans les médias. A notre sens, il est logique que le Pays, qui est l’actionnaire majoritaire, garde un œil sur les grandes orientations de la chaîne. Mais la rédaction, elle, doit rester indépendante ; et le Président du conseil d’administration ne devrait pas être un politique. Tout le monde y gagnerait, et en premier lieu les téléspectateurs.
Alors que l’Assemblée s’apprête à légiférer sur la protection des journalistes et de la liberté d’expression, nous souhaiterions que les élus garantissent cette liberté, au lieu de la remettre en question.
Nous espérons, en tout cas, que ces propos de Unutea Hirshon ne jettent pas les bases d’une reprise en main politique de l’information sur la chaîne du Pays, à des fins électorales. Notre rédaction n’est pas, et ne sera pas, un instrument de propagande."
La rédaction de TNTV
(Rédactrice en chef, rédacteurs en chef adjoints, présentateurs et journalistes reporters d’images)
L'équipe de rédaction de TNTV a souhaité réagir à cet interview:
"Si nous respectons son choix, nous ne pouvons toutefois pas accepter ce discrédit jeté sur notre ligne éditoriale.
Les relations entre le monde politique et la rédaction n’ont effectivement pas été simples dans les premières années qui ont suivi la création de notre chaîne en 2000.
Mais la rédaction est progressivement parvenue à obtenir son indépendance éditoriale, ce qui a été acquis (définitivement, nous l’espérons) depuis au moins huit ans. Il est désormais très rare que les téléspectateurs nous fassent le reproche de rouler pour un camp ou un autre.
Les politiques, ou leurs chargés de communication, soupçonnent toujours les journalistes de défendre le camp adverse : pour les « bleus », nous sommes « orange », et pour les « orange », nous sommes « bleus ». Vieille rengaine qui resurgit à chaque reportage un tant soit peu critique. Nous sommes rassurés de subir autant les foudres des uns que des autres, ce qui confirme que nous ne roulons pour personne !
Notons que cette fois comme les précédentes, aucun exemple concret ne vient étayer les assertions péremptoires selon lesquelles nous ne sommes « pas professionnels » et selon lesquelles nous serions « politisés ». Ce sont d’ailleurs rarement les reportages en tant que tels qui posent problème, mais la façon dont ils sont perçus par les militants, qui font connaître leur opinion aux politiques, dont beaucoup ne regardent pas les informations. Il est même arrivé à plusieurs reprises que certains appellent pour se plaindre d’un reportage diffusé… sur la chaîne concurrente !
Mais les propos de Unutea Hirshon vont bien au-delà. Elle suggère que l’information, et en particulier l’information politique, n’a pas d’importance, que nous avons une vocation culturelle et que cela suffit. Même si TNTV continuera à produire plus de programmes culturels et de proximité que son concurrent, avec trois fois moins de personnel et trois fois moins de moyens, nous considérons que l’information est aussi un pilier de notre télévision. C’est d’ailleurs aux heures des journaux que se situent les pics d’audience.
L’information, c’est la liberté de penser. C’est la liberté de critiquer. C’est la liberté de s’opposer. C’est le pluralisme, et non une information unique, sur une seule chaîne. C’est tout ce qu’avait défendu le « taui » en 2004, et ce que l’une des membres fondatrices du Tavini veut annihiler.
Comment éviter de parler de politique, alors que nous sortons de deux élections majeures, les législatives et la présidentielle, dont le traitement par notre chaîne a été unanimement salué, et alors que nous entrons dans la campagne des Territoriales ? Unutea Hirshon considère-t-elle de plus que c’est de « l’actualité stérile » lorsque nous recevons le Président Temaru ou le Vice-président Géros au journal télévisé, ou lorsque nous couvrons les séances de l’Assemblée présidée par Jacqui Drollet ?
Précisons également à nos téléspectateurs et vos lecteurs que nos temps de parole sont mesurés à la seconde près. Ils sont équilibrés entre les forces politiques, et contrôlés par le CSA.
Aujourd’hui, nous pensons que les journalistes ne sont pas politisés ; qu’en revanche, certains politiques veulent orienter l’information dans un sens qui leur soit favorable. Mais notre chaîne est celle des Polynésiens, pas celle du pouvoir en place, quel qu’il soit. La subvention accordée par le Pays ne donne pas le droit au gouvernement de faire de TNTV son service de communication, elle lui donne au contraire le devoir de garantir son indépendance.
Nous regrettons que ces critiques injustes et infondées viennent de notre propre PCA, qui n’a jamais souhaité nous rencontrer, même lorsque notre rédaction a été décimée par un plan social. Rappelons que nous avons perdu, il y a plus d’un an, 10 journalistes sur 24, dont nos trois présentateurs en langue française, tout en continuant à assurer, 365 soirs par an, un ve’a et un journal en français, ainsi que de nombreuses émissions et débats.
Cette triste polémique montre les limites de l’ingérence du politique dans les médias. A notre sens, il est logique que le Pays, qui est l’actionnaire majoritaire, garde un œil sur les grandes orientations de la chaîne. Mais la rédaction, elle, doit rester indépendante ; et le Président du conseil d’administration ne devrait pas être un politique. Tout le monde y gagnerait, et en premier lieu les téléspectateurs.
Alors que l’Assemblée s’apprête à légiférer sur la protection des journalistes et de la liberté d’expression, nous souhaiterions que les élus garantissent cette liberté, au lieu de la remettre en question.
Nous espérons, en tout cas, que ces propos de Unutea Hirshon ne jettent pas les bases d’une reprise en main politique de l’information sur la chaîne du Pays, à des fins électorales. Notre rédaction n’est pas, et ne sera pas, un instrument de propagande."
La rédaction de TNTV
(Rédactrice en chef, rédacteurs en chef adjoints, présentateurs et journalistes reporters d’images)