La radioactivité inchangée selon l’IRSN


Tahiti, le 14 décembre 2023 - L’Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire (IRSN) a publié son bilan de la radioactivité en Polynésie française pour les deux dernières années, 2021 et 2022.
 
Selon un rapport de l’Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire (IRSN), les niveaux de radioactivité artificielle de huit îles hautes et huit atolls de la Polynésie française mesurés en 2021 et 2022 restent, dans la continuité des années antérieures, à un niveau très bas. Cette radioactivité résiduelle est essentiellement attribuable au césium 137.
 
Cette surveillance, initiée depuis 1998 par l’IRSN, suit chaque année cinq îles hautes et deux atolls, situés dans les cinq archipels de la Polynésie française ainsi que Moorea, Rapa, Raivavae, Pukarua, Reao, Vahitahi, Vairaatea, Nukutavake-Pinaki et Hikueru.
 
Les échantillons prélevés de nature variée proviennent des différents milieux atmosphérique, terrestre et marin avec lesquels la population peut être en contact ainsi que de denrées alimentaires issues du milieu marin de pleine mer, du milieu marin lagonaire et du milieu terrestre (boissons, viandes, légumes feuilles, légumes fruits, légumes racines, fruits, poissons pélagiques, poissons de lagon, bénitiers) complétés par des produits importés (lait, viande d’agneau, viande de bœuf et riz).
 
Les prélèvements d’aérosols de l’air, d’eau de mer et d’eau de pluie, quant à eux, ont été effectués à Tahiti.
 
Enfin, l’IRSN réalise aussi depuis quelques années des prélèvements de bénitiers, mollusques bivalves très abondants dans les lagons, dans l’atoll de Hikueru, situé dans l’archipel des Tuamotu, ainsi qu’au niveau de l’île de Raivavae, située dans l’archipel des Australes.
 
“Cette nouvelle campagne de mesures, dans la continuité de celles de ces dernières années, confirme la stabilité des niveaux de radioactivité artificielle résiduelle décelable dans l’environnement polynésien. Ils se situent à un niveau très bas et sont essentiellement attribuables au césium 137 (137Cs)”, constate le rapport.
 
Une exposition plus faible que dans l’Hexagone
 
Toujours selon les conclusions du rapport, en 2021 et 2022, “la dose efficace annuelle totale, comprenant l’exposition externe, l’exposition interne par ingestion et l’inhalation est de l’ordre de 1,4 millisievert pour les adultes de Polynésie française, soit deux fois plus faible qu’en métropole, de l’ordre de 3 millisieverts, hors exposition médicale”. Cette exposition aux rayonnements ionisants serait de plus “quasi-exclusivement d’origine naturelle”. La radioactivité d’origine artificielle ne représentant que de l’ordre de 0,1% de la dose efficace totale.
 
Pour les expositions supérieurs, l’IRSN constate qu’elles sont liées à la consommation de bénitiers. “Les analyses effectuées sur un grand nombre de ces mollusques montrent des concentrations élevées en polonium 210 (210Po) et en plomb 210 (210Pb), radionucléides d’origine naturelle”, précise le rapport.

Des rémanences des essais dans le sol

“Aujourd’hui, le sol contient encore une fraction des retombées radioactives des essais nucléaires atmosphériques”, concède le rapport. “Les radionucléides présents dans les sols sont à l’origine de l’exposition externe et de la contamination des denrées d’origine terrestre par voie racinaire.” Trois échantillonnages de sols ont été effectués sur trois sites à Maupiti en 2019. Les résultats non encore publiés dans les précédents rapports concernent les concentrations des isotopes du plutonium et de l’241Am ainsi que les rapports entre les nombres d’atomes des isotopes 239 et 240 du plutonium ((239Pu/240Pu) at/at) pour deux des trois sites de Maupiti. Les chercheurs ont pu constater que la concentration moyenne du 137Cs en fonction de la profondeur croît dans les premiers centimètres pour décroître ensuite suivant un profil exponentiel.

Rédigé par Bertrand Prévost le Jeudi 14 Décembre 2023 à 17:56 | Lu 2018 fois