La province de Bougainville veut réarmer sa police… et relancer la mine de cuivre


BUKA, mercredi 20 juin 2012 (Flash d’Océanie) – John Momis, Président de la province autonome de Bougainville, qui jouit d’un statut d’autonomie vis-à-vis de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a indiqué ces derniers jours son intention de réarmer les forces de police, en réponse à une recrudescence de la criminalité.
M. Momis, qui s’exprimait au cours d’une conférence de presse, a clairement évoqué des problèmes d’ordre public dans sa province qui, selon lui, pourraient même remettre en question la perspective d’un référendum d’autodétermination prévu dans le cadre de l’accord d’autonomie élargie signé avec le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, en 2001.
Cet accord mettait fin à un conflit sécessionniste qui a mis cette île à feu et à sang entre 1988 et 1998, sur fonds de revendications des bénéfices de l’énorme mine de cuivre de Panguna, alors exploitée par une société australienne.
Cet accord prévoit un transfert de certaines compétences ainsi que la formation d’un gouvernement et d’un parlement locaux et un référendum concernant l’avenir institutionnel de Bougainville dans les « dix à quinze ans » (à partir de 2014) suivant la signature.
Malgré la signature des accords de paix, la zone Sud de l’île, où se trouve le site minier, désaffecté depuis le début de la guerre de sécession, est encore considérée comme une zone « interdite » et sous le contrôle de milices armées.
« Si ces activités illégales continuent, Bougainville ne réalisera pas son rêve d’indépendance », a insisté le Président, qui a nommé dans la foulée un nouveau ministre de la police, son Vice-président, Patrick Nisira, en remplacement de M. Leo Hannet, qui conserve toutefois son portefeuille de ministre de la fonction publique.
Bougainville a fêté le 15 juin 2012 ce qu’elle considère comme étant sa fête nationale, le Bougainville Day, commémorant ainsi le septième anniversaire de la mise en place du gouvernement autonome de l’île, issu des accords, en juin 2005.
Parmi les compétences dont le transfert est prévu dans cet accord, celles dans le domaine minier demeurent un point d’achoppement notable, sur fonds de négociations parallèles avec plusieurs géants miniers.
Jeudi 7 juin 2012, le gouvernement autonome de Bougainville a présenté au Parlement une motion visant à mettre en place une véritable politique minière, pétrolière et gazière pour les ressources de l’île ave comme but ultime de redémarrer l’exploitation de l’énorme gisement de Panguna, dans le respect des intérêts des propriétaires coutumiers fonciers.
« C’est un droit que tous les gens de Bougainville attendent et pour lequel ils se sont battus tout au long de la (guerre de sécession », a lancé le député Melchior Dare, qui préside aussi une commission parlementaire chargée de ces questions.

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Rappel historique

En 1975 : indépendance de la Papouasie Nouvelle-Guinée ; départ théorique des Australiens. Les habitants de Bougainville subissent la mine sans en tirer profit à quelques emplois mal rémunérés près.

De 1980 à 1987 : montée en puissance du mécontentement des propriétaires fonciers qui s'organisent en association après s'être aperçu que Bougainville ne tirait aucun profit de la mine ; bien au contraire, l'environnement est complètement saccagé tandis que les personnels expatriés ont accès à des avantages dont les habitants de Bougainville sont exclus.

1988 : un bureau d'étude de géologues australiens, AGA, remet un rapport qui, contre toute évidence, sous-estime les dégâts environnementaux : c'est le début des coups de main menés par la Bougainville Revolutionary Army (BRA). Début de la répression par la police anti-émeute papoue qui pille, torture et assassine. C'est la guerre civile qui selon certaines estimations a fait entre 8 000 et 10 000 morts, la grande majorité, des civils désarmés. A cela il faut ajouter la mortalité liée aux conditions de vie très dures.

1989 : l'exploitation est suspendue. A ce jour elle n'a toujours pas repris.

1990 : Les troupes de Papouasie Nouvelle-Guinée doivent se retirer de l'île ; la Bougainville Revolutionary Army proclame l'indépendance de la République de Mekamui.

1994 : Sir Julius Chan et sa Private military company, la Sandline engagent des mercenaires contre l'Armée Révolutionnaire de Bougainville. Malgré des moyens effrayants (hélicoptères, bombardements aériens), cela n'aboutit pas.

1999 : Un cessez-le-feu marque la fin de la guerre civile.

2005 : Bougainville possède son propre gouvernement sous un statut d'autonomie.

Bibliographie :
Okole, H., 1995.- Coutume et droits miniers en Papouasie Nouvelle-Guinée : le cas de Panguna in : De Deccker (dir.) Coutume autochtone et évolution du droit dans le Pacifique Sud. Actes du colloque universitaire international de juillet 1994, L'Harmattan : 267-288.
BRA, Wikipedia.

Rédigé par PAD & wikipedia le Mercredi 20 Juin 2012 à 06:02 | Lu 1370 fois