La presse écrite polynésienne dans tous ses états


Alors qu’il était quasiment statique depuis plus de trente ans, ronronnant sous l’égide monopolistique d’un papivore métropolitain (Groupe-Hersant), le paysage de la presse écrite du Fenua est quelque peu bousculé ces derniers temps.

Internet, une fois de plus a changé la donne, ouvrant la porte à l’alternative, permettant à de nouveaux organes de presse de voir le jour, sans nécessiter de lourds investissements au départ.
Une porte ouverte à la pluralité d’expression, à la démocratie, offrant à la population un angle plus large, une focale aux ouvertures différentes parfois même une contradiction aux affirmations autrefois unilatérales sorties d’un même moule.

Des blogs d’informations se sont d'abord créés, sur le ton humoristique et parodique pour le célèbre Tahiti Herald Tribune, avec une approche "à caractère satirique sans aucune prétention journalistique" comme se décrit lui-même Tahiti Tomorrow, ou avec une approche "potins de net" avec des "on-dit" et rumeurs.

A l'image des autres pays, Internet a surtout ouvert la voie à la création de sites de presse en ligne "pure players" (sans édition papier), alimentés par des journalistes professionnels attitrés et expérimentés, proposant une offre éditoriale tout aussi qualifiée que les modèles classiques.

L’ATP avait donné le coup d’envoi en 2000, avec le site Tahitipresse aujourd’hui disparu.
Puis, en 2010, l'arrivée de Tahiti Infos a incontestablement imposé l’usage du web et de ses applications mobiles dans le contexte médiatique local. Très vite, le site s’est imposé en haut du classement des sites locaux les plus consultés en Polynésie française (sources www.alexa.com), grâce notamment à sa réactivité et ses informations complètes, nombreuses et objectives.
Les deux quotidiens locaux la Dépêche et Les Nouvelles ont alors tenté de réajuster leur présence sur le web, en optant sur le (presque) tout payant, pénalisés par les risques de pertes que le web gratuit représentait au niveau de leurs ventes.

Un an plus tard, c’est une radio locale, Radio 1, qui tentait de s’interposer en lançant elle aussi son site Tahitionline, qui reprend en podcast l’essentiel de ses émissions radio.
Récemment, un ancien cadre de Tahitipresse s'est également lancé dans la course à l'information, avec l'ouverture d'un nouveau journal d’actualités exclusivement locales, Tahiti news.
Plus récemment encore, Polynésie 1ère refondait son site en y incrustant son activité prolifique sur les réseaux sociaux et TNTV lançait sa webTV diffusant ses émissions en replay.

La presse papier "classique" dans la tourmente

Les Nouvelles du 28 novembre page 3
Au second trimestre 2012, le Groupe Hersant a cédé ses sociétés polynésiennes et la gestion des quotidiens à un nouveau groupe, Médias Polynésie, constitué autour de Dick Bailey (Tahiti Beachcomber), Paul Yeou Chichong (Renault) et Marc Collins pour la famille Chin Foo.

Dans ce paysage en reconstruction, début novembre, cette presse « classique » était secoué par l’arrivée de Tahiti Infos au format papier, premier journal local d'informations gratuit. Un "vrai journal" comme tout un chacun se plaît à l’affirmer.

Les deux quotidiens de la place ont vécu l’arrivée de ce nouveau confrère de façon contrastée, tentant une riposte en précipitant la sortie de leur propre gratuit.

Puis, les Nouvelles publiaient ce mercredi 28 novembre un article tout feu tout flamme intitulé "Albert Moux prêt à racheter Tahiti Infos", mélangeant informations non vérifiées selon leurs propres dires, rumeurs, affaires et politique, dans un but à peine dissimulé de répandre le doute dans l’esprit des lecteurs quant à l’impartialité de la ligne éditoriale de Tahiti Infos.

Que nos lecteurs se rassurent, de la même manière que nous l’avons prouvé depuis notre lancement, notre ligne éditoriale est et restera neutre, objective, factuelle et exempte de toute récupération politique.

Rappelons, s’il en est besoin, et pour répondre aux sous-entendus avancés de manipulation politique , que « Les Nouvelles de Tahiti » appartiennent depuis 1989, et appartiennent toujours aujourd’hui à Albert Moux, à hauteur de 50%.
Cela n’a, semble-t-il, pas empêché la directrice de rédaction de faire son travail en toute liberté et sans aucune contrainte, notamment lorsqu’il s’est agi de rendre compte des affaires politico-judiciaires de M. Gaston Flosse.

On peut s’interroger du reste sur la réaction de M. Albert Moux à la lecture de cet article qui affirme qu’il "s’invitait sur le marché de la presse", dixit Les Nouvelles, journal qui lui appartient en partie depuis plus de 20 ans.


Le choix du lecteur

Pour conclure, il reste au demeurant important de noter qu'au delà des débats qui opposent, prédomine la qualité du traitement de l'information et que parmi ces nombreux supports, le lecteur gagne un accès à une offre diverse et variée propre à agrémenter ses choix et motiver son libre-arbitre.

Rédigé par () le Mercredi 28 Novembre 2012 à 18:35 | Lu 4408 fois