La ponte des coraux à la loupe


Un membre de l'association qui assite à une ponte de coraux. Crédit photo : Vetea Liao.
Tahiti, le 1er mars 2023 – L'association Tama No Te Tairoto observe depuis deux ans les pontes de coraux en Polynésie. Un phénomène très synchronisé sur l'ensemble du territoire à tel point qu'un calendrier de ponte pourrait être élaboré.

Le 15 février, plusieurs nouvelles pontes de coraux ont été observées, à Tahiti, Moorea, ou encore Bora Bora par les membres de l'association Tama No Te Tairoto. Depuis 2021, les 70 bénévoles enchainent les plongées sur 14 îles de Polynésie comme Huahine, Maupiti, Mopelia, Fakarava, Tikehau ou encore Rangiroa, pour observer ce phénomène et en comprendre les facteurs déterminants. “Depuis 2 ans, on n’observe que la ponte des coraux. On a pu en conclure qu'elles sont extrêmement synchronisées, au jour et  à l'heure près, partout en Polynésie”, explique le président de l'association et biologiste marin à la Direction des ressources marines, Vetea Liao. “Ce phénomène est d'ailleurs surement mondial, car nous avons des observateurs aux Fidji et à La Réunion qui arrivent aux mêmes conclusions”. Pour lui, les observations de Tama No Te Tairoto sont sans équivoque : “Les pontes des coraux se font toujours lors de la période d'abondance, de novembre à avril. Nous pouvons même déterminer le jour exact, c’est-à-dire exactement cinq jours après la pleine lune”, détaille-t-il, “Quant à l'heure, nous pouvons également la prédire avec assez d'exactitude. C'est toujours 1h30 après le lever du soleil soit à peu près sept heures du matin pour le lagon. En profondeur, c'est plutôt dix heures. Cette différence est surement due à la luminosité plus basse”. Même si pour l'instant, Vetea Liao n'a pas encore déterminé les raisons scientifiques de ces pontes synchronisées, cela pourrait quand même lui permettre d'établir un calendrier de ponte des coraux sur plusieurs années.

Un calendrier de ponte

L'objectif c'est de valider nos observations sur le long terme. Ensuite on pourra déterminer ces pontes sur plusieurs années et créer un calendrier avec les dates précises auxquelles elles se produisent”, annonce le président de l'association. “Avec ça, on espère pouvoir demander l'arrêt des travaux sous-marins pendant ces périodes et donc limiter l'impact sur l'environnement marin lors de la reproduction. Les larves de coraux sont très fragiles”. De plus, laisser libre court à cette reproduction naturelle serait le moyen le plus efficace pour réensemencer les récifs, selon lui : “Les transplantations de coraux ne sont pas toujours évidentes. Les laisser se reproduire seuls est le meilleur moyen de repeupler les récifs. Ça va permettre également une meilleure diversité des espèces coralliennes.” Pour arriver à ces résultats en seulement deux années, Tama No Te Tairoto s'appuie sur un système de réseaux scientifique participatif, explique Vetea Liao. “Nous avons des bénévoles sur toutes les îles, a qui nous transmettons les moments des pontes. Ils vont les observer et nous font leur retour en précisant les heures de début et de fin, de s'il s'agit d'espèces mâles ou de femelles et même la profondeur approximative des sites. Sans eux, nous aurions mis des années à compiler ses résultats.” Permettre l'accès à ses observations est également un bon moyen de sensibiliser la population à ce phénomène dont l'accès a longtemps été réservé aux scientifiques.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mercredi 1 Mars 2023 à 18:45 | Lu 1612 fois