La police se lance sur les réseaux sociaux, "petite révolution culturelle"


PARIS, 11 déc 2012 (AFP) - C'est une "petite révolution culturelle" pour la police, qui se lance sur les réseaux sociaux - Facebook, Twitter et Flickr - pour "chercher les internautes là où ils se trouvent" et leur permettre de signaler directement les délits dont ils auraient connaissance.

"Nous n'étions pas référencés jusqu'aujourd'hui sur internet, c'est anormal", a déclaré mardi le porte-parole de la Direction générale de la police nationale (DGPN), Pascal Garibian, devant une nuée d'écrans affichant ses nouveaux portails.

"Nous faisons un peu notre petite révolution culturelle", a-t-il reconnu à l'occasion d'une conférence de presse, "afin d'aller chercher les internautes là où ils se trouvent" et "les toucher par l'intermédiaire de leurs contacts et de leurs centres d'intérêt sur les réseaux sociaux".

Objectif visé, selon lui: "être visible", "installer la proximité et la sincérité". Le tout, selon lui, "dans un souci de transparence" pour "mieux faire connaître l'institution" peu habituée à communiquer et, disent beaucoup de policiers, "très en retard" sur internet.

De nombreux fonctionnaires possèdent pourtant leur propre blog en dépit du devoir de réserve auxquels ils sont astreints. La DGPN n'y a pas fait allusion, précisant simplement que se mettre en avant sur le net évitera les "contrefaçons".

La police, a assuré M. Garibian, ne "disposait pas" jusqu'à présent "d'un espace et d'une visibilité correspondant à ce qu'elle est réellement". "Nous nous sommes aperçus que les jeunes ignoraient jusqu'au numéro d'appel d'urgence" de la police (le 17), a-t-il dit.

Elle se lance donc avec gourmandise dans cette expérience voulant "créer un lien de confiance" et développer toutes les "opportunités offertes par internet".

"Opportunité"

La DGPN a lancé sa page Facebook il y a un mois permettant par exemple de déposer une pré-plainte en ligne "directement" ou de géolocaliser son commissariat. "Nous avons déjà 21.000 fans, il y a une attente", a observé Pascal Garibian.

Elle est depuis mardi présente également sur Twitter et va créer une web tv sur Dailymotion ainsi qu'un compte d'images libre d'accès sur le site de partage Flickr. "Sans jeu de mots!", a plaisanté le porte-parole, "nous n'y sommes pour rien".

Au delà de cette "visibilité", la police veut être "opérationnelle" et pouvoir ainsi lancer des appels à témoins.

Mais pas seulement. Par l'intermédiaire de la plate-forme gouvernementale Pharos, un portail de signalement de faits délicteux sur internet, les internautes pourront signaler, depuis Facebook, de tels faits: sites pédo-pornographiques, escroqueries, etc ...

"C'est une opportunité", a déclaré à ce sujet Adeline Champagnat, l'adjointe de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technlogies de l'information et de la communication (OCLCTIC), bras armé de la police judiciaire (PJ) contre les délinquants du net.

"Grâce à Pharos, nous gérons quelque 2.500 signalements illicites par semaine", selon elle. "Nous espérons monter en puissance", a-t-elle dit évoquant par exemple les suicides programmés sur internet qui sont en augmentation: 187 en 2011, déjà 200 en 2012.

"C'est un outil. A nous de faire le tri", a argumenté Mme Champagnat. Interrogée sur le risque "de se faire vite déborder", elle a affirmé qu'il "n'y a que très peu de signalements infondés sur internet, seulement 6%".

Rédigé par Par Rémy BELLON le Mardi 11 Décembre 2012 à 05:34 | Lu 382 fois