Nicole Sanquer, ministre de l'Education
PAPEETE, 2 novembre 2014 – "Il n’y a pas de réussite facile ni d’échec définitif", c’est en finissant par citer Marcel Proust que Nicole Sanquer a notamment annoncé un possible redéploiement des moyens humains sur fond de réforme de l’Enseignement, dès la rentrée 2015, vendredi lors du séminaire des directeurs d’école du premier degré.
La ministre de l’Education part en mission du 2 au 10 novembre, pour participer au dialogue de gestion avec le ministère de l’Education nationale. Il s’agira à Paris d’aborder l’épineuse question des moyens qui seront mis en œuvre par l’Etat, pour la rentrée 2015 en faveur de l’éducation en Polynésie française, dans un contexte national de budget restreint. En jeu, une dotation de fonctionnement annuelle de 60 milliards Fcfp (500 millions euros), versée par l’Etat et qui peut chaque année être revue à la baisse.
Sujet difficile, lorsque la ministre admet que le premier degré est "sur-doté" en Polynésie, avec ses 1905 postes d’enseignants pour 1430 classes. La collectivité compte 193 écoles primaires et 31 Centres de jeunes adolescents (CJA). A la rentrée 2014, 33000 enfants y étaient scolarisés en primaire et 710 en CJA.
Dans les conditions actuelles de son utilisation, la question se pose de la pertinence de cette dotation. Car, même si ces écoles primaires et CJA sont éparpillés dans les cinq archipels de Polynésie française et qu'une part des moyens exceptionnels mis en oeuvre vient compenser l'éclatement géographique du domaine, à l'évidence le système éducatif polynésien manque de volontarisme et de performance. On s'interroge à la lueur des remontées de terrain présentées à la ministre, vendredi sous forme de doléances : taux d’absentéisme record des enseignants ; classes non pourvues en professeur depuis mai dernier pour certaines, locaux délabrés, équipements insuffisants, sur fond de résultats catastrophiques aux évaluations des acquis en CM2…
Le protocole national d’évaluation en fin de CM2 montre en 2014 que sur le territoire 38% des élèves souffrent d’illettrisme (contre 7% en métropole) et qu’en mathématiques un jeune Polynésien sur trois n’a pas le niveau, contre 1/10 des écoliers sur le continent. A moyens constants, ces résultats se sont aggravés depuis 2012 et placent dorénavant la Polynésie française dans les trois derniers rangs nationaux, devant la Guyane et Mayotte.
De telles évaluations posent la question du devenir des élèves au collège, en termes de décrochage scolaire. Puis dans la vie, lorsque la synthèse des états généraux de l’outre-mer a établi en 2010 que les jeunes Polynésiens étaient 30% à sortir du système éducatif sans aucun diplôme tandis que seule 40% d’une classe d’âge accède au baccalauréat.
Politique "exigeante et ambitieuse"
A moyens constants, la ministre souhaiterait redéployer une partie de ce personnel pour mettre en oeuvre un système apte à faire face à cette réalité. Elle envisage dès 2015 la création de trois Réseaux d'éducation prioritaires améliorés (REP+), à Papara, Faa'a et aux Tuamotu-Gambier en plus des 12 REP déjà existants. Elle annonce un programme renforcé de formation continue des enseignants, le lancement d’une véritable école du numérique, le retour d'une éducation civique à l'école. Et pour combattre le phénomène d'absentéisme des enseignants, des "mises en garde"… Nicole Sanquer fait appel au concours de tous pour une politique de l’éducation qu’elle souhaite "exigeante et ambitieuse".
"Je pourrai justifier du déploiement de ces postes et expliquer comment le système fonctionne", assure-t-elle à propos de sa mission à Paris. "Il y a un certain nombre de postes d’enseignants « hors classe » qu’il faut que je justifie par rapport à ma politique éducative". Mais elle prévient : "Si les moyens humains devaient être revus à la baisse, il est clair que ces personnels qui ne sont pas devant les élèves seraient redéployés. Je pense que ça fera grincer des dents".
Ces enseignants "hors classe" se composent des directeurs d’école, d’une brigade mobile de 125 enseignants chargées des remplacements, mais aussi de personnels affectés dans diverses associations (sport scolaire, Fédération des œuvres laïques, syndicats…) et d’enseignants basés à la DGEE qui travaillent pour les circonscriptions thématiques (Anglais, Cultures et langues polynésiennes…) et qui ne voient plus jamais d'élèves.
La Direction générale des enseignements et de l’éducation (DGEE), la ministre ne l’a d’ailleurs pas épargnée dans son état des lieux : "Nous sommes en phase d’évaluation de son fonctionnement parce que je constate un manque de réactivité (…)", a-t-elle expliqué. "Nous allons revoir son organisation. Je souhaite avant tout que l’on revienne à un véritable service publique, réactif vis-à-vis du monde enseignant et des familles, pour le bien des élèves.
"Merci pour toute cette bonne volonté dont vous faites preuve", s’est amusé en tribun aguerri mais réaliste Jacky Bryant, le directeur de l’école de Erima, à Arue. "On se reverra bientôt, j’en suis sûr ; mais j’espère que vous n’aurez pas flétri devant l’œuvre". Car en Polynésie aussi le système de l’Education est un bloc difficile à réformer. Mais son adaptation au temps présent n'est-elle pas après tout une question d’avenir pour le Pays ?
La ministre de l’Education part en mission du 2 au 10 novembre, pour participer au dialogue de gestion avec le ministère de l’Education nationale. Il s’agira à Paris d’aborder l’épineuse question des moyens qui seront mis en œuvre par l’Etat, pour la rentrée 2015 en faveur de l’éducation en Polynésie française, dans un contexte national de budget restreint. En jeu, une dotation de fonctionnement annuelle de 60 milliards Fcfp (500 millions euros), versée par l’Etat et qui peut chaque année être revue à la baisse.
Sujet difficile, lorsque la ministre admet que le premier degré est "sur-doté" en Polynésie, avec ses 1905 postes d’enseignants pour 1430 classes. La collectivité compte 193 écoles primaires et 31 Centres de jeunes adolescents (CJA). A la rentrée 2014, 33000 enfants y étaient scolarisés en primaire et 710 en CJA.
Dans les conditions actuelles de son utilisation, la question se pose de la pertinence de cette dotation. Car, même si ces écoles primaires et CJA sont éparpillés dans les cinq archipels de Polynésie française et qu'une part des moyens exceptionnels mis en oeuvre vient compenser l'éclatement géographique du domaine, à l'évidence le système éducatif polynésien manque de volontarisme et de performance. On s'interroge à la lueur des remontées de terrain présentées à la ministre, vendredi sous forme de doléances : taux d’absentéisme record des enseignants ; classes non pourvues en professeur depuis mai dernier pour certaines, locaux délabrés, équipements insuffisants, sur fond de résultats catastrophiques aux évaluations des acquis en CM2…
Le protocole national d’évaluation en fin de CM2 montre en 2014 que sur le territoire 38% des élèves souffrent d’illettrisme (contre 7% en métropole) et qu’en mathématiques un jeune Polynésien sur trois n’a pas le niveau, contre 1/10 des écoliers sur le continent. A moyens constants, ces résultats se sont aggravés depuis 2012 et placent dorénavant la Polynésie française dans les trois derniers rangs nationaux, devant la Guyane et Mayotte.
De telles évaluations posent la question du devenir des élèves au collège, en termes de décrochage scolaire. Puis dans la vie, lorsque la synthèse des états généraux de l’outre-mer a établi en 2010 que les jeunes Polynésiens étaient 30% à sortir du système éducatif sans aucun diplôme tandis que seule 40% d’une classe d’âge accède au baccalauréat.
Politique "exigeante et ambitieuse"
A moyens constants, la ministre souhaiterait redéployer une partie de ce personnel pour mettre en oeuvre un système apte à faire face à cette réalité. Elle envisage dès 2015 la création de trois Réseaux d'éducation prioritaires améliorés (REP+), à Papara, Faa'a et aux Tuamotu-Gambier en plus des 12 REP déjà existants. Elle annonce un programme renforcé de formation continue des enseignants, le lancement d’une véritable école du numérique, le retour d'une éducation civique à l'école. Et pour combattre le phénomène d'absentéisme des enseignants, des "mises en garde"… Nicole Sanquer fait appel au concours de tous pour une politique de l’éducation qu’elle souhaite "exigeante et ambitieuse".
"Je pourrai justifier du déploiement de ces postes et expliquer comment le système fonctionne", assure-t-elle à propos de sa mission à Paris. "Il y a un certain nombre de postes d’enseignants « hors classe » qu’il faut que je justifie par rapport à ma politique éducative". Mais elle prévient : "Si les moyens humains devaient être revus à la baisse, il est clair que ces personnels qui ne sont pas devant les élèves seraient redéployés. Je pense que ça fera grincer des dents".
Ces enseignants "hors classe" se composent des directeurs d’école, d’une brigade mobile de 125 enseignants chargées des remplacements, mais aussi de personnels affectés dans diverses associations (sport scolaire, Fédération des œuvres laïques, syndicats…) et d’enseignants basés à la DGEE qui travaillent pour les circonscriptions thématiques (Anglais, Cultures et langues polynésiennes…) et qui ne voient plus jamais d'élèves.
La Direction générale des enseignements et de l’éducation (DGEE), la ministre ne l’a d’ailleurs pas épargnée dans son état des lieux : "Nous sommes en phase d’évaluation de son fonctionnement parce que je constate un manque de réactivité (…)", a-t-elle expliqué. "Nous allons revoir son organisation. Je souhaite avant tout que l’on revienne à un véritable service publique, réactif vis-à-vis du monde enseignant et des familles, pour le bien des élèves.
"Merci pour toute cette bonne volonté dont vous faites preuve", s’est amusé en tribun aguerri mais réaliste Jacky Bryant, le directeur de l’école de Erima, à Arue. "On se reverra bientôt, j’en suis sûr ; mais j’espère que vous n’aurez pas flétri devant l’œuvre". Car en Polynésie aussi le système de l’Education est un bloc difficile à réformer. Mais son adaptation au temps présent n'est-elle pas après tout une question d’avenir pour le Pays ?